Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
J'aurais voulu vivre une crise d'adolescence explosive, me révolter, m'opposer, me faire remarquer, me tester, me tromper, mais je ne me la suis pas autorisée. Pas de bruit, pas de vagues, je me faisais petite pour qu'on m'oublie. ne pas en rajouter. Avancer sur la pointe des pieds...Nous avions assez souffert.
J'ai lu, un jour, que les aînés se sentaient forcément en rivalité avec les enfants qui suivaient, que c'était inéluctable, quoi que nous fassions. Je pense avoir ma part de responsabilité, peut-être que, justement, en cherchant à leur offrir l'égalité, je n'ai pas préservé leur individualité.
Voilà un roman dont j'ai beaucoup entendu parler autour de moi par mes amis lecteurs, ou sur les blogs, et que je voulais découvrir depuis longtemps. En plus, je n'avais encore rien lu de cet auteur.
Je ne peux pas comparer avec les autres titres de l'auteur, donc, mais je peux dire que cela m'a vraiment fait du bien d'entrer dans la vie d'Anna, cette mère de famille, élevant seule ses deux filles adolescentes, depuis qu'elle a quitté son mari. Elle essaie de faire du mieux qu'elle peut entre le travail, les disputes entre ses filles, et les dettes qui s'accumulent car elle n'a aucune aide, le lecteur saura pourquoi à la fin.
Quand Anna découvre que Lily, la plus petite, se fait harceler au collège et que Chloé la plus grande, qui est en terminale, sèche les cours pour passer l'après-midi dans les bras du premier garçon venu, elle comprend que rien ne va plus. De plus, Anna perd son travail et croit naïvement que ses filles ne comprennent pas que tout va mal pour elles, et que la situation est sans issue.
Alors Anna décide, suivant ainsi les conseils de sa propre grand-mère qui l'a élevée, de partir au nord du cercle polaire, pour une virée en Scandinavie, en famille, espérant ainsi crever l'abcès, et renouer le dialogue avec ses filles.
Il existe bien un autre chemin que celui de la raison, pour endiguer les problèmes du quotidien et leur trouver des solutions, c'est certain, mais Anna jusqu'à présent n'avait jamais pensé à aller le chercher... aussi loin.
...Chloé part s'isoler dans la bibliothèque. Tout au long du repas, son moral a joué au yoyo, et c'était son téléphone qui tenait la ficelle. A chaque fois qu'elle le consultait, ses yeux s'emplissaient de larmes ou d'étoiles. L'adolescence est une météo instable.
Je ne suis pas une grande adepte des auteurs feel-good même s'ils rencontrent beaucoup de succès, souvent mérités, soit dit en passant.
Je ne cache donc pas que j'ai eu du plaisir à lire ce roman, avalé quasiment d'une traite. Anna est une personne attachante qui aime profondément ses filles et veut avant tout leur bonheur, mais comme beaucoup de mère, elle sait qu'elle a commis des erreurs, qu'elle travaille trop et n'est pas toujours suffisamment présente, pour les écouter et les comprendre. Elle les fait pourtant toujours passer avant ses propres besoins à elle.
Forcément, ses questionnements, sa culpabilité, ses angoisses nous touchent.
Quelle mère peut se vanter de n'être jamais passée par là ?
L'auteur, en tous les cas, sait parfaitement alterner les évènements et jouer avec notre propre sensibilité. Il y a de la légèreté, des drames, de l'humour, de l'aventure, de la tendresse et des moments émouvants.
C'est un roman choral qui donne la parole alternativement à Anna et à ses deux filles. Il est facile à lire et bien écrit. En tous les cas, les personnages sonnent justes, y compris les personnages secondaires qui ont tous des vies différentes, même si parfois un peu trop caricaturales.
Je ne suis pas étonnée que Virginie Grimaldi soit devenue un auteur à succès et qu'elle soit considérée depuis deux années consécutives comme la romancière la plus lue de France. Elle sait manier avec beaucoup de délicatesse les sentiments, les relations humaines, nous faire entrer dans la vie de ses personnages et accepter leurs différences.
Dans la vraie vie, la fin ne se termine pas toujours aussi bien que dans le roman, même si quelquefois on rêverait tous que ce soit le cas, pas vous ?
Ce périple parait parfois bien peu crédible, malgré la description précise des lieux traversés, mais c'est un roman...donc une fiction, et il faut bien accepter qu'il y ait quelques petites invraisemblances.
Je ne dis pas qu'il restera gravé dans ma mémoire pour toujours, mais j'ai passé un bon moment de lecture en sa compagnie, sans prise de tête, c'était le but, et je n'oublierais pas cet auteur à l'avenir, puisque le lire fait du bien !
Je ne prétends pas être une bonne mère. Mes filles vont mal, j'ai fait des erreurs. A chaque décision que j'ai prise, à chaque réaction que j'ai eue, je me suis demandé si c'était la bonne. Chaque action, même la plus insignifiante en apparence, a des répercussions. Les parents sont des funambules. On marche sur un fil tendu entre le trop et le pas assez, un colis fragile entre les mains.