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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Le Petit-fils / Nickolas Butler

Stock / La cosmopolite, 2020

Stock / La cosmopolite, 2020

Lyle chérissait ces journées. La lumière oblique de fin de printemps, le contact des branches dans ses mains, la découverte fortuite de nids délicats d'oiseaux qui chantaient sans se faire voir, la douce odeur d'herbe coupée, les relents d'humus des feuilles mortes...

Le monde possède une gamme presque infinie de mystères et un nombre encore plus infini de suppositions, d'escroqueries, de mensonges, de boniments avec, ici et là, quelques rares et précieuses réponses.

Rien au monde n'est plus lourd que le cercueil d'un enfant et jamais l'adulte ayant ployé sous ce fardeau ne sera en mesure de l'oublier. Enterrer un enfant est une tragédie insurmontable pour beaucoup de parents. Elle occulte le soleil, dérobe les couleurs, étouffe la musique_ elle dissout les mariages comme de l'acide, saigne le bonheur et laisse un sillage gris de désespoir.

Quelque part dans le Wisconsin, Lyle et sa femme Peg ont une vie tranquille, rythmée par leur quotidien et les saisons. Lyle a du plaisir à travailler chez des amis trop âgés pour s'occuper seuls de leur verger. Il aime le contact avec la terre et la nature. 

Shiloh, leur fille adoptive, leur a fait un merveilleux cadeau en leur permettant de s'occuper d'Isaac, leur petit-fils, qu'ils chérissent tous les deux, et avec qui ils ont une relation particulièrement forte. Car tous deux n'ont pas toujours vécu que des jours heureux : ils ont perdu en bas-âge un petit garçon, mais ont fait face avec courage au drame de leur vie.

Mais cette année s'annonce, encore une fois, bien difficile pour eux. Lyle apprend avec une grande tristesse que son ami Hoot, avec qui il aime refaire le monde tout en buvant des bières, a un cancer déjà bien avancé.

Shiloh, qui a toujours eu une forte personnalité, vient de rejoindre la communauté religieuse de Coulée Lands, une nouvelle église.

Lyle et Peg pensent qu'il s'agit d'une secte.

Ils ont de quoi se faire du souci pour elle, et pour leur petit Isaac, et Lyle va en discuter souvent avec Charlie, le prêtre de leur paroisse, qui leur conseille de ne jamais, coûte que coûte, perdre le contact avec leur fille, quoi qu'il advienne. Mais leur inquiétude va monter d'un cran lorsque Steven, le prédicateur, déclare qu'Isaac a un don de guérisseur. 

Peu à peu, les relations étroites qu'ils entretenaient avec Shiloh vont se déliter. Elle va déclarer à Lyle qu'il est un être nuisible pour Isaac, car il a perdu la foi, et va lui interdire désormais de l'approcher. 

Lyle et Peg sont bien décidés à se battre, d'autant plus qu'ils ont découvert que leur petit Isaac est diabétique, qu'il a besoin de soins, et que leur fille, tombée amoureuse du prédicateur, refuse de le mener consulter un médecin, et veut le guérir par des prières...

Existe-t-il un plus grand bonheur que d'être un enfant livré à lui-même pour explorer le vaste univers, sans un soupçon de danger ? Car ce sont les adultes qui introduisent la notion de danger dans le monde, toujours eux.

Comment est-il possible d'être en désaccord avec quelqu'un que l'on aime aussi éperdument ? se demanda-t-il.

J'étais tombée sous le charme du premier roman de l'auteur, "Retour à Little Wing"présenté ICI sur le blogJ'avais aimé sa plume toute en tendresse et sensibilité. J'avais aimé l'humanité de ses personnages, la façon que l'auteur avait de décrypter leurs ressentis, et de dresser le portrait, détaillé et tout en finesse, de leur personnalité. C'était une belle histoire d'amitié de jeunesse, et de ce qu'il en restait à l'âge adulte. Je n'ai jamais lu par contre son second titre, "Des hommes de peu de foi" que peut-être vous connaissez...

Son troisième roman, que je vous présente aujourd'hui, est dans la même veine. Il faut savoir cependant que l'auteur s'est inspiré d'une histoire vraie. 

Aux-Etats-Unis en effet, des centaines, voire des milliers d'enfants (nous dit l'auteur dans une note en fin d'ouvrage) succombent chaque année à des maladies, car les parents prient pour les guérir, au lieu de les faire soigner. 

J'aurais du savoir pourtant que j'allais me faire avoir, qu'après les premières pages, qui nous dressent la vie quotidienne des personnages avec simplicité et réalisme, des drames allaient survenir, et bien je l'avoue, je me suis attachée aux personnages, à ces grands-parents aimants, à leur fille adoptive qui ne sait plus où elle en est. J'ai détesté le prédicateur qui abuse de la souffrance des familles et de leur faiblesse. 

C'est un roman marquant qui ne peut laisser le lecteur indifférent.  

Le roman, découpé en cinq parties correspondant chacune à une saison, débute au printemps d'une année, puis se termine au printemps de l'année suivante, mais, ce qui est terrible avec cet auteur, c'est que la fin nous laisse libre de deviner ce qui va advenir.

La neige étouffait tous les bruits et quand ils se garèrent dans le parking, Lyle eut l'impression fugace de se trouver dans un vieux film ou une photographier en noir et blanc, tant le calme était irréel. Même la neige semblait tomber avec une lenteur prodigieuse, comme si chaque flocon flottait dans l'espace ou voletait langoureusement sans avoir dévalé des centaines de mètres jusqu'à la terre.

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