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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Article 353 du code pénal / Tanguy Viel

Les Éditions de Minuit, 2017 / Poche, 2019

Les Éditions de Minuit, 2017 / Poche, 2019

Il a cru bien faire Martial [le maire du village]. Et nous avec lui, je veux dire, la plupart d'entre nous, du conseil municipal jusqu'aux tables des cafés, tout le monde l'a suivi, parce voilà, il a pensé faire comme un homme de son temps, et son temps c'était quoi ? Un arsenal qui ferme et des promesses d'avenir...

Voilà un roman que je voulais lire depuis très longtemps ayant beaucoup apprécié l'auteur, lors de ma lecture de "La disparition de Jim Sullivan", présenté ICI sur le blog. 

Mais le titre ne me disait rien, vous êtes d'accord n'est-ce pas qu'il n'a rien de bien attirant ! Et pourtant...

 

Martial Kermeur est un ancien ouvrier de l'arsenal de Brest. Il vient d'être arrêté car il a poussé un homme à la mer et l'homme s'est noyé.

Immédiatement, le lecteur veut savoir pourquoi cet homme sans histoire, ayant élevé seul son fils depuis son divorce, a pu commettre ainsi l'irréparable. Alors il s'installe et écoute les confessions de Martial Kermeur, à peine entrecoupées par quelques rares questions du juge qui, en face de lui, cherche à comprendre son geste.

Le passé ressurgit. 

Antoine Lazenec, la victime était un promoteur immobilier. Il est arrivé des années auparavant sur la petite presqu'île bretonne et a convaincu tout le village du bien fondé de son gigantesque projet de station balnéaire. Derrière le maire, ils ont été nombreux à être conquis et à investir, d'autant plus que le personnage, en plus d'être charismatique, sait particulièrement soigner ses relations et même devenir proche au point d'être considéré comme un ami par la plupart d'entre eux. 

Martial Kermeur n'a pas échappé à la tentation. Au lieu d'acheter le bateau de ses rêves avec les 400 000 francs de sa prime de licenciement, il investit dans un magnifique appartement avec vue sur la mer.

Mais voilà, malgré les belles paroles du promoteur et un début de travaux qui défigure l'environnement, mais qui est prometteur, le projet n'avance pas et les habitants mettront des années à réaliser qu'ils se sont fait avoir, que leur argent n'a servi qu'à assouvir les caprices et le désir de luxe de Lazenec...et donc qu'ils ne le récupèreront jamais. 

A partir de ce moment-là, j'ai dit au juge, c'est comme si le capitaine qui était censé habiter avec moi dans mon cerveau, c'est comme s'il avait déserté le navire avant même le début du naufrage.

Et franchement, j'ai dit au juge, franchement c'est impossible de savoir, quand un type comme ça vous invite à boire une bière, s'il le fait seulement parce qu'il est seul ce soir-là ou bien s'il a une idée derrière la tête...

Ce roman est un roman social et engagé, autant le savoir avant d'en commencer sa lecture. Au delà de ce huis-clos qui réunit un juge et le prévenu, l'auteur s'attache à nous décrire une région dévastée par la fermeture de ses entreprises et la perte d'emploi qui en découle. Voilà pourquoi le maire est prêt à tout pour maintenir économiquement sa survie et donc il ne peut qu'accepter les projets de développement qu'on lui présente. 

Ceci dit, ce roman est une confession, un monologue. Le juge d'ailleurs est à peine présent et ne pose que quelques rares questions. Les phrases sont longues comme le sont les pensées et les raisonnements que l'on se fait à soi-même. 

L'histoire nous plonge dans un lieu, la Bretagne, convoitée pour sa manne touristique par un promoteur malhonnête. L'auteur sait nous décrire le bord de mer avec beaucoup de poésie et le lecteur imagine sans peine, le port, les bateaux, les vagues, les odeurs et surtout, l'ambiance...

Il faut reconnaître que dès le départ, on entre dans l'intimité de Martial, dans son ressenti, dans ses pensées et que la plongée dans la psychologie du prévenu est tout à fait intéressante.

J'ai éprouvé personnellement beaucoup d'empathie pour lui ce qui ne veut pas dire que j'approuve son geste car la violence qu'il ressent par rapport à sa vie, et aux difficultés qui ont été les siennes et sont celles de trop nombreuses personnes, n'excuse en rien la violence de son acte. Il a été manipulé par ce beau parleur de promoteur, il a été floué et éprouve de la honte d'avoir cru devenir son ami. Nous trouvons normal qu'à un moment donné, il ressente beaucoup de colère, d'autant plus qu'il a montré à son fils sa faiblesse, et que celui-ci a du mal à se construire un avenir meilleur. 

Bien entendu, les personnages sont un peu caricaturaux, tous les ouvriers ne sont pas aussi naïfs, ni victimes de malchance, ni les promoteurs véreux et inhumains, et d'ailleurs on voit mal un promoteur devenir aussi proche des gens dans la vie normale.  Mais qu'importe, le lecteur est emporté par l'écriture et la sincérité de la confession. Le ton est juste sans pathos et la tension augmente au fil des pages et du déroulé de l'histoire comme dans un polar.

Au passage, le lecteur se prend à rêver d'un autre monde où l'humain serait plus important  que l'argent. 

Martial ne renie pas son geste, il sait qu'il a commis un crime. Il expose les faits sans chercher à se justifier. Son avenir est donc entièrement dans les mains du juge et du fameux article 353 du code pénal, que personnellement je ne connaissais pas et que je vous invite à ignorer avant la lecture de ce livre, pour ne pas gâcher la fin...immorale certes mais, arrivé à ce stade, ce n'est pas ce que je retiendrai du livre.

Ce roman a obtenu en 2017 le Grand Prix RTL-Lire. Il était temps que je le lise ! 

L'avis de Keisha ICI, d'Alex ICI...

Erwan a grandi depuis. Erwan boit du whisky et fume des cigarettes et ses épaules sont plus larges que les miennes.
Il peut bien dire que c'est moi qui ai vieilli, il peut bien dire que par fatigue ma nuque se courbe...c'est lui qui n'a plus besoin de se mettre sur la pointe des pieds pour m'embrasser, et alors au fond de lui, il découvre la seule chose, qui forcément l'inquiète : que son père c'est moi, et seulement moi. Voilà ce qu'on découvre à dix-huit ou vingt ans. Qu'on aura le même père toute la vie. Que toute la vie on la passera avec les mêmes fantômes. Les mêmes chanteurs à la radio. Les mêmes hommes politiques. La même enfance sur le dos.

Erwan a demandé :
Et qu'est-ce que tu vas faire maintenant ?
Qu'est-ce que tu veux que je fasse, j'ai dit. Ce genre de type, c'est comme la pluie, y a rien d'autre à faire que d'attendre que ça cesse.
Mais, vous croyez quoi, j'ai dit au juge, qu'un gosse de dix-sept ans, peut supporter ça sans broncher ?

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A
Oh oui, je me rappelle de ce roman. Il m'a marqué.
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M
J'ai découvert par hasard que tu l'avais lu, alors...un lien vers ta chronique s'imposait !
M
Un grand MERCI à tous pour vos commentaires, avec le bug d'overblog les concernant, je suspend pour un temps mes réponses individuelles à vos messages...sauf si vous me posez une question précise ou si vous n'avez pas publié sur votre blog, sinon ma visite sera ma réponse à la votre (ou vice versa) belle journée à tous
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F
L'attrait pour l"argent, le besoin de se lier avec qui on admire , puis la duperie, la trahison , l’effondrement de tous ses espoirs et de l'amitié qu'on croyait pérenne... Oui on peut soudain laisser fuser sa colère et commettre l’réparable...<br /> Certes le titre ne fait pas rêver mais le titre n'est pas toute l'histoire il n'est qu'un élément , un aspect infime et tant mieux s'il est trompeur dans ce sens là... préférable à un titre ronflant qui masque la trivialité peu enthousiasmante ... <br /> Amitiés.
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B
Un titre pas très attirant au départ... Mais ce livre a l'air de l'être...<br /> Je note !<br /> Bisous Manou
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E
Une lecture tentante :-) à garder dans la série à lire ! j'aime la façon dont tu en parles<br /> bises
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P
Merci beaucoup pour le temps que tu prends à lire mais aussi à nous disséquer les romans que tu proposes.<br /> Avec toi, je me prends à aimer de nouveau la lecture et c'est fantastique. Merci
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C
Il y a eu bien des gens honnêtes abusés par de tels "nuisibles" et j'ai toujours trouvé honteux qu'on ne puisse rien, ou du moins pas grand chose contre eux. Je note ce titre ! Bonne soirée ! Bisous Manou
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M
Vraiment une belle surprise pour moi ! Je n'ai pas regretté ma lecture. Bisous et une douce semaine
M
Un nouveau livre qui doit être aussi intéressant à lire
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L
Coucou ça doit remuer des émotions. Bisous
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P
Le titre et la couverture n'attirent pas du tout, en effet ! <br /> Il ne faut pas s'attarder là-dessus. Tout d'abord, il faut voir ce que la 4e de couverture raconte pour se faire une idée. <br /> Encore une fois, je ne connais pas ce livre. <br /> Bonne fin de semaine.
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M
Figure-toi que je ne lis jamais la quatrième de couverture mais là j'avais lu des critiques dont je connaissais à peu près le sujet !
D
Je ne connais pas cet auteur, à lire c'est certain. Bised
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R
Thank you for your honest evaluation. Friendship
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M
je vais essayé de le trouvé a la médiathèque, j'aime assez les romans ou l'on se pose des questions. belle et bonne soirée a toi Bises
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E
je l'ai noté sur mes tablettes à sa sortie et il était complètement sorti de ma tête...
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M
Pareil pour moi et puis je l'ai trouvé à la médiathèque et je ne regrette pas de l'avoir lu !
C
bonjour<br /> je vais le conseiller sans doute à ma petite fille qui en en faculté de droit, à moins qu'elle ne l'ait déjà lu..<br /> bisous
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J
un livre qui m'avait beaucoup plus, j'ai aimé ce huis clos entre les 2 personnages et la vérité qui se dévoile petit à petit
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D
Bonjour manou, j'avais beaucoup aimé ce roman. Ces histoires criminelles mâtinées de code pénal m'attire bien. Bonne après-midi.
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M
Bonjour Manou<br /> j'avoue que je suis tentée. Je vais le rechercher.<br /> Bonne journée à toi et gros bisous,<br /> Mo
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M
J'espère qu'il te plaira, il a été une bonne surprise pour moi :) bisous
R
d'un coté il me tente car d'actu mais de l'autre si c'est de long monologue ça ne me tente pas mitigée. bisous bonne journée
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M
C'est le genre de roman que j'aime beaucoup. Merci de me l'avoir fait découvrir. Bisous
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