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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

La disparition de Jim Sullivan / Tanguy Viel

Les Editions de Minuit, 2013

Les Editions de Minuit, 2013

C’est la première scène de mon livre, un type arrêté dans une voiture blanche, moteur coupé dans le froid de l’hiver, où se dessinent doucement les attributs de sa vie : une bouteille de Whisky sur le siège passager, des cigarettes en pagaille dans le cendrier plein, différents magazines sur la banquette arrière (une revue de pêche bien sûr, une de base-ball bien sûr), dans le coffre un exemplaire de "Walden" et puis une crosse de hockey.
Assis là au volant de sa vieille Dodge, il regarde fixement les fenêtres éclairées d'une maison dont on peut lire sur la boîte aux lettres le nom de Fraser...

 

Non sans ironie, Tanguy Viel se glisse dans la peau d'un écrivain fasciné par les romans américains et qui a décidé d'écrire un grand roman "à l'américaine" puisque, il le constate, sa propre biliothèque se remplit chaque année un peu plus de romans américains qui font la renommée de leurs auteurs...

 

Bien sûr l'action ne pourra se passer qu'à Détroit, parce que la littérature a besoin de nouveaux horizons et le héros conduira une Dodge de 1969.

 

En France, il faut bien le dire, on a cet inconvénient d’avoir des cathédrales à peu près dans toutes les villes, avec des rues pavées autour qui détruisent la dimension internationale des lieux et empêchent de s’élever à une vision mondiale de l’humanité.

 

Il sera forcément prof de littérature américaine à l'Université et aura la cinquantaine.

Il sera également divorcé de Susan, une femme adorable tombée amoureuse d'Alex Dennis, son pire ennemi sur le campus...mais lui-même ne sera pas tout blanc puisque amoureux d'une de ses étudiantes ! 

 

Le lecteur suit donc à la fois l'écrivain en train d'écrire son roman américain et qui d'une voix off nous commente ses choix, et le héros principal du roman qui bien sûr s'appelle Dwayne Koster parce que ça sonne "américain", est né en Floride puis est venu vivre à Détroit, alors qu'en principe les américains font l'inverse et décide maintenant qu'il a tout perdu, de prendre la route au volant de sa vieille voiture...tout en vidant des bouteilles d'alcool.

 

Pour quoi faire me direz-vous ? Parce qu'il a accepté la proposition de son oncle Lee de se débarasser de Dennis contre un service pas trop légal...

Que Lee Matthews soit un trafiquant d’art international, que Dwayne Koster finisse par entrer dans la boucle véreuse de Lee, je n’ai jamais douté que le lecteur pourrait le comprendre bien avant que j’en parle plus clairement dans la suite du livre. Et quand il a garé sa Dodge dans le haut de Clark Street, quand il a salué tranquillement Lee Matthews dans sa boutique de Chicago, il ne fait aucun doute pour personne qu’à cet instant précis, Dwayne posait effectivement le pied en territoire miné.

 

Et l'écrivain en train d'écrire en rajoute...

On sent que l'auteur a vu de nombreux films ou séries américaines, il décrit les situations avec forces détails.

Notre héros boit du café, fait des barbecues bien arrosés avec ses voisins, et mange des beignets dans sa voiture. 

Les clichés sont volontairement bien présents et montrent l'ambivalence que l'on peut ressentir face à la suprématie américaine : un peu trop de fascination, il faut bien le dire, mais aussi beaucoup de critiques car là-bas tout est trop...

A cela se rajoute des événements historiques comme l'effondrement des tours, la guerre en Irak et bien d'autres que je vous laisse découvrir. 

 

Alors me direz-vous quel rapport entre ce héros de roman américain et Jim Sullivan, ce chanteur disparu mystérieusement, 40 ans plus tôt en 1975, au fin fond du désert du Nouveau-Mexique et dont on n'a jamais retrouvé le corps...ce qui laisse supposer qu'il a pu être enlevé par des extraterrestres.

 

Et bien, je ne vais pas vous le raconter, car cela fait partie du jeu que l'auteur vous propose : pour le savoir il faudra entrer dans l'histoire et s'amuser avec lui !

 

C'est donc un exercice de style très pédagogique et je vois très bien des ateliers d'écriture se créer autour de ce roman très original, qui du coup nous donne toutes les astuces pour rédiger un véritable roman américain tout en décortiquant les codes du genre...ce qui fait de ce roman à la fois une éloge du genre et de l'Amérique et une critique ouverte à tous les débats. 

 

Mais au fait c'est quoi, pour vous, un vrai roman américain ? 

 

 

Tanguy Viel est un romancier français né en 1973 à Brest. Après avoir passé son enfance en Bretagne, il vit à Bourges puis à Nantes.

Il est pendant un an pensionnaire de la Villa Médicis à Rome en 2003-2004, puis il s'installe ensuite à Orléans.

Objecteur de conscience au Centre dramatique de Tours, il rencontre François Bon qui l'incite à soumettre un manuscrit aux éditions de Minuit.

A 24 ans, il publiera en 1998 son premier livre, "Le Black Note", un livre que je ne connais pas...

 

Puis il publie :

– Cinéma, Paris, Éditions de Minuit (1999)
– Tout s'explique : réflexions à partir d'« Explications » de Pierre Guyotat, Paris, Inventaire-Invention (2000)
– L'Absolue perfection du crime, Paris, Éditions de Minuit (2001) Prix Fénéon et Prix de la Vocation
– Maladie, Paris, Inventaire-Invention, (Prix Fénéon) (2002)
– Insoupçonnable, Paris, Éditions de Minuit (2006)
– Paris-Brest, Paris, Editions de Minuit (2009)
– Un jour dans la vie (nouvelle), édité par la librairie Passages, Lyon (2010)
– La Disparition de Jim Sullivan, Minuit (2013)

 

Il signe également des pièces radiophoniques, des réflexions et même un livret d'opéra, "Les Pigeons d'argile" dont le spectacle a été joué lors de la saison 2013-2014 au Théâtre du Capitole de Toulouse. 

Il anime de nombreux ateliers d'écriture en milieu scolaire et des lectures.

Son dernier roman a fait partie de la Sélection du Prix littéraire des Lycéens et Apprentis de la Région PACA en 2014-2015.

 

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M
Et bien moi, il me tente bien ce roman et je dirais même qu'il aiguise ma curiosité. Un auteur francais qui décrypte l'Amerique, le thème est original. Merci Manou !
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M
C'est tout a fait ça Mimi...et voilà pourquoi le regard que porte l'auteur sur l'Amérique et le côté décalé m'ont intéressé. Si tu le lis j'ai hâte de connaître ton avis.
M
Moi non plus je ne suis pas très tentée par ce roman, mais sans l'avoir lu ce n'est pas facile de savoir si me plairait ou pas
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M
En fait je l'ai emprunté car il faisait de la sélection du Prix littéraire de la région PACA et que je participais à ce prix dans le passé...Je sais que la sélection est très rigoureuse et plaisante. Ce n'est pas un roman dont je me souviendrai dans 10 ans mais je l'ai lu avec plaisir et rapidement...
É
Cette histoire ne me tente pas du tout et à part exceptions je ne suis pas fan de la littérature américaine...
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M
Et bien je te remercie de me donner ton avis...heureusement il y a beaucoup de livres sur d'autres sujets à lire...bon week-end
C
Bon je dois l'avouer ... je ne suis pas très fan des romans qui se passent aux Etats-Unis, peut-être parce que c'est un pays qui ne m'attire pas beaucoup ! Mais je pense qu'il devrait plaire à beaucoup, tu l'as bien " vendu " !!!<br /> Excellent week-end Manou !<br /> Cathy
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M
Ce roman est une critique ouverte à tous les débats !! C'est justement ce que j'ai trouvé intéressant dans ce roman car moi non plus je ne suis pas fan de l'Amérique en général...Bien que j'aime certains romans sur les indiens par exemple...<br /> Bon week-end à toi aussi avec le soleil et la chaleur chez nous...