Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Le vieil homme lui avait très tôt inculqué la valeur du labeur et il était heureux de travailler : il trouvait son bonheur dans le travail de la ferme et sa joie dans les chevaux ainsi que dans les étendues infinies des pays d'en-haut.
Le vieil homme lui avait fait don de la terre à partir du moment où il avait été capable de s'en souvenir, et il lui avait montré comment la traiter, l'honorer, disait-il, et le garçon avait senti l'importance de ces enseignements et avait appris à les écouter et à bien les reproduire.
Voilà un certain temps déjà que ce roman était en attente de lecture...et bien entendu j'ai profité du confinement pour m'y plonger. Comme vous le voyez il y a un décalage entre mes lectures et le moment où je vous les présente.
Franklin Starlight a 16 ans. C'est un jeune amérindien sans problème. Il vit à la ferme avec un vieil homme attentionné qui l'a élevé, sans qu'il sache exactement qui il est pour lui. Le vieil homme lui a transmis des valeurs et une vision de la vie très proche de celle des peuples indiens.
Franklin aime la vie simple qu'il mène dans cette ferme isolée loin de la modernité et de la ville.
Un jour Eldon, son père l'appelle à son chevet. Il est alcoolique et le jeune ado ne l'a vu que très occasionnellement, et toujours dans des circonstances particulières qui lui ont laissé une impression de gâchis. De sa mère, il ne sait rien et quand il a posé la question, le vieil homme lui a bien fait comprendre que c'était à Eldon de lui en parler.
Hésitant, mais décidé par les mots du vieil homme, Franklin se rend donc en ville pour revoir son père.
Arrivé à son chevet, il constate que le vieil homme ne lui a pas menti et qu'Eldon n'est plus que l'ombre de lui-même. Très vite, Franklin comprend ce qu'il fait là, Eldon n'en a plus pour très longtemps et lui demande de l'emmener au cœur de la montagne, là où on enterre les "guerriers" indiens, assis face à la vallée. C'est là qu'il veut passer ses derniers instants avec son fils.
Au fil des jours, tous deux vont apprendre à se connaître et tandis que Franklin veille du mieux qu'il peut sur son père, il va l'écouter remonter le fil de sa vie et avouer ses erreurs. Eldon va aussi lui parler de ses origines indiennes et de sa mère dont il ne savait rien. Il va aussi lui parler de son enfance et de sa jeunesse, de la pauvreté, de son ami Jimmy mort dans ses bras pendant la guerre de Corée.
Franklin apprendra aussi qui est le vieil homme et pourquoi celui-ci a accepté de l'élever comme son propre fils, mais aussi pourquoi son père a sombré dans l'alcool sans jamais arriver à s'en détacher...
La guerre. 1951. Aucun d'eux n'avait entendu parler de la Corée. Quand ce nom se répandit comme une traînée de poudre dans les chambrées et les cantines, ils n'y prêtèrent pas attention. Mais il persista. Beaucoup de jeunes étaient impatients de combattre...
Voici un roman poignant qui m'a subjugué dès les premières lignes. Autant vous dire que c'est pour moi un coup de cœur.
Avec lui pas de problèmes de concentration, je suis rentrée immédiatement dans l'histoire et j'ai cheminé aux côtés de ces deux êtres au cœur des paysages sauvages du Centre du Canada.
C'est un roman initiatique sur les liens du sang mais aussi sur ceux qui se tissent au cours de l'éducation d'un enfant, quand l'adulte transmet le savoir des anciens.
Je l'ai trouvé par moment d'une grande tristesse, sans pour autant pouvoir m'en détacher. Les dialogues sont taiseux, avec le strict minimum échangé, beaucoup de pudeur mais des sentiments profonds et même si le père n'est pas quelqu'un de sympathique a-priori, peu à peu au fur et à mesure du déroulement de l'histoire, le lecteur, comme son fils d'ailleurs, le lui pardonne car, pas un seul instant, il ne va s'éloigner de la vérité, ni chercher à paraître meilleur que ce qu'il a été.
C'est aussi un livre sur la nature et sa présence indispensable à notre équilibre d'être humain.
Enfin, c'est un livre d'une grande humanité qui, encore une fois, soulève les nombreuses difficultés pour un sang-mêlé, de trouver sa place dans notre monde moderne.
Il rêva d'une vallée. Elle brillait dans l'embrasement du soleil couchant. Il y avait une rivière qui serpentait avec les montagnes en toile de fond, l'odeur de résine et de sève, la sensation de la brise sur son front. Il entendait les loups japper en jouant. Il était assis sur un rocher, face à l'est, et il regardait la ligne d'ombres progresser vers l'ouest à mesure que s'effaçait le soleil derrière les crêtes...
L'auteur Richard Wagamese a déjà écrit plusieurs romans. Aujourd'hui décédé, il appartenait à la nation Ojibwé originaire de l'Ontario. Il a consacré sa vie à écrire pour perpétrer la culture indienne du Canada. Il a été aussi le premier lauréat indigène d'un prix de journalisme national canadien.
Ce roman a été son premier roman traduit en français. D'autres ont suivi que je découvrirai avec grand plaisir un jour j'espère.
Vous pouvez aller lire l'avis d'Hélène qui m'a donné envie de le découvrir. Merci à elle !
Les étoiles s'éteignent à l'aube de Richard WAGAMESE - Lecturissime
♥ ♥ ♥ ♥ "On n'est rien d'autre finalement. Que nos histoires." Quand Eldon appelle son fils Franklin à son chevet, il sait que ses jours sont comptés. Détruit par des années d'alcoolism...
http://www.lecturissime.com/2017/10/les-etoiles-s-eteignent-a-l-aube-de-richard-wagamese.html