Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Les Indiens sont des gens discrets et effacés. A ce propos je n'utiliserai pas dans ces pages le terme d'"Amérindiens", relativement récents. Il nous a été attribué par des Blancs bien intentionnés, de manière à faire valoir que nous étions les premiers habitants du continent qu'ils nous ont pris. De beaux esprits qui semblent soulager leur conscience en admettant, tacitement ou expressément, que nous sommes les victimes d'un génocide et d'un vol généralisé.
...ce qui vous importe, c'est de connaître le dénouement de l'histoire. Voilà bien un type de pensée linéaire, si représentatif de l'homme blanc. Il vous faut une ligne droite du début, à la fin. Alors que, dans notre culture, le monde est une courbe, avec des ellipses. Selon la tradition, les récits s'y entrecroisent...et s'imprègnent les uns des autres sans forcément aboutir...
Voici le troisième volet de la trilogie commencée avec "Mille femmes blanches", puis, "La Vengeance des mères" tous deux présentés sur ce blog. Il est écrit en sous-titre "d'après les Journaux perdus de May Dodd, et de Molly McGill, édités et annotés par Molly Standing Bear", sa descendante.
Evidemment, tout pourrait être vrai dans cette série qui nous raconte l'épopée extraordinaire de ces femmes qui en 1875 auraient été retirées, sur ordre du Président Grant, de leur prison ou leur asile pour être échangées de force contre des chevaux et données à Little Wolf, un grand chef Cheyenne afin de donner une descendance à son peuple.
En fait il s'agissait d'apprendre au peuple indien comment vivaient les hommes blancs. Peu à peu ayant parfaitement intégré le monde indien, et fait de belles rencontres, des mariages heureux et des enfants, ces femmes courageuses arrachées à leur vie parfois de force, vont se trouver au cœur des grands massacres perpétrés par les Blancs.
Ensembles, elles vont se rebeller contre leur propre civilisation qui vole leurs terres aux Indiens, tue leur principale nourriture (les bisons) et veut aussi leur faire oublier leur culture pleine de sagesse.
Dans ce dernier volume, les voix de May Dodd, dont nous avons lu le début des carnets dans "Mille femmes Blanches", et de Molly Mc Gill, l'héroïne de de la "Vengeance des mères" dont nous avons entendu la voix mêlée à celle de May, alternent pour nous conter l'ultime révolte de ces femmes qui réunies en milice (les Cœurs Vaillants) décident de donner un dernier assaut. Après toutes les souffrances que leur ont fait subir les blancs : anéantissement de villages entiers, tuerie des femmes et des enfants, celles dont le seul avenir est de se voir parquées dans des réserves, n'ont à présent plus rien à perdre...
Au début du roman on retrouve Molly Standing Bear, la descendante de Molly qui vient remettre les cahiers à Jon W. Dodd, journaliste de son état et fils de Will Dodd, le petit-fils de May qui a été le premier à publier les cahiers de sa grand-mère, dans "Mille femmes blanches". Elle ne lui fait pas encore totalement confiance et mettra du temps à lui confier la totalité des derniers carnets de Molly avec la promesse qu'il ne changerait pas un mot, pas même une virgule...
En alternant la lecture des carnets, et l'histoire actuelle de Molly Standing Bear et de Jon, le lecteur comprend mieux les difficultés du peuple indien aujourd'hui. L'auteur nous parle à travers cette histoire de la condition de la femme indienne dans les réserves. Chiffres à l'appui, on ne peut que constater que l'homme blanc a commis un crime contre l'humanité en exterminant ces peuples pour la plupart pacifiques et aussi, en continuant à les maltraiter aujourd'hui.
Le titre souligne bien que dans ce tome ce sont les femmes qui sont à l'honneur. Avec tout ce qu'elles ont vécu, elles n'ont plus peur de rien, ni des Indiens tellement plus respectueux que les blancs, ni de sauter d'une falaise, ni de se battre pour protéger leurs amies ou leurs enfants, ni de se perdre dans une violente tempête et de passer dans un monde invisible...
La culture indienne est également mise à l'honneur, avec une plongée dans ses traditions et ses croyances.
Un bel hommage au peuple amérindien, à sa liberté et à sa culture, qui clôt en beauté la trilogie, même si je l'ai trouvé un peu en-dessous des précédents...il mérite d'être découvert.
Mon préféré reste toujours le premier !
A noter, comme dans les tomes précédents, certains personnages ont réellement existé et le roman colle au plus près à l'histoire réelle de ces peuples indiens et en particulier, à l'histoire de leur extermination.
Une trilogie à lire de préférence dans la foulée pour avoir bien en tête les différents personnages. Rappelez-vous j'avais découvert le premier tome lors de sa sortie en 2000, il y a 20 ans. Puis je l'ai relu avant de découvrir le second en 2017. C'est mon seul regret d'avoir attendu entre la lecture du second et du troisième. Du coup, il m'a fallu du temps pour me replonger dans l'ambiance !
Depuis que la tempête nous a placés dans cette vallée, nous profitons d'un temps merveilleux, frais le matin et le soir, avec juste ce qu'il faut de chaleur le reste de la journée. Le long de la rivière, les peupliers perdent leur habit de feuilles vertes, pour revêtir du jaune, du rouge, et de l'orange. Joli, mais la saison du déclin n'est pas ma préférée, car elle annonce l'hiver et me remet en mémoire les douloureux moments de l'année écoulée.
Quel bénéfice l'humanité a-t-elle tiré de ses guerres incessantes ? Que nous ont-elles jamais apporté, à part la mort, la souffrance et le chaos ? La paix et l'harmonie entre les peuples ne sont-elles pas notre but ultime ?