Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Dans une ville imaginaire du nord des États-Unis, blottie entre la forêt et les montagnes glacées, et traversée par la plus courte rivière du pays qui pourrait entrer dans le livre des Records, plus rien n'a été comme avant, le jour où David Horn a disparu, quatre ans auparavant.
Or ce matin-là, au cœur de l'hiver, une rumeur oblige les gens à sortir de chez eux malgré la neige et le froid : David Horn est de retour. Deux jeunes policiers qui n'officiaient pas encore dans la ville le jour de sa disparition, l'ont retrouvé transis de froid au petit matin.
La petite ville se divise...il y a les curieux qui viennent roder autour de sa maison ; les étonnés qui ne savent qu'en penser ; les proches qui ne le reconnaissent plus tant il a changé, car ils avaient quitté un ado et retrouve un adulte ; et puis... ceux qui doutent.
Et au milieu de tous ces gens, les parents qui ne savent plus où ils en sont ; Prudence qui le connaissait depuis l'enfance et avait toujours été proche de lui et un peu amoureuse, qui pense qu'on lui a fait du mal ; Sam son voisin et ami qui ne dit rien ; et les garçons de la rivière, Jude et Tom, avec qui ils passaient tous, des heures à ne rien faire comme seuls savent le faire les ados.
Et puis il y a aussi Prince Buchanan, un être solitaire oublié de tous qui vit à l'orée de la forêt à l'écart du village et chez qui les ados se réfugiaient quelquefois pour passer une soirée au chaud. Il a été le premier soupçonné dès le début de l'enquête.
Il faudra bien que des secrets enfouis depuis si longtemps émergent au grand jour pour que tout le monde puisse y voir plus clair et que la petite ville retrouve sa tranquillité...
Voilà un livre surprenant ! Il n'est pas facile à résumer car c'est un livre d'ambiance.
Tout d'abord j'ai eu du mal à choisir des citations car je me suis aperçue que, sorties du contexte de la lecture, ces bouts de phrases n'avaient plus du tout la signification qu'elles ont dans le roman. C'est très rare que je sois ainsi embêtée car habituellement c'est plutôt l'inverse, j'ai toujours beaucoup trop de citations.
J'ai retrouvé avec plaisir la plume de l'auteur et la finesse avec laquelle elle sait nous parler de ses personnages. Le retour du jeune homme n'est d'ailleurs que prétexte à un retour en arrière, au récit d'anecdotes, à une analyse des différentes personnalités, à la découverte de leurs ressentis, de leurs désirs, et de leurs échanges. Le ressenti des adolescents est très bien décrit ainsi que celui des parents qui ne savent pas comment aider à grandir leurs enfants dans cette petite ville isolée de tout.
Le roman est bâti comme un suspense mais l'auteur ne remonte pas le fil de l'histoire de façon linéaire. Elle amène le lecteur peu à peu à découvrir qu'il pourrait y avoir plusieurs vérités autour de la disparition de David Horn.
Il y a donc beaucoup de mystère et beaucoup de questions laissées sans réponse, mais je vous rassure vous saurez précisément ce qui s'est passé à la fin du roman.
Il faut donc prendre le temps d'entrer dans l'histoire, de s'approprier la présence pesante de cette petite ville inintéressante au possible et tellement étouffante, où il est étonnant que des personnes désirent continuer à vivre tant elle respire l'ennui, un ennui que le lecteur ressent aussi lors de sa lecture, ce qui montre à quel point l'auteur est particulièrement douée pour créer une ambiance et nous donner envie, une fois la lecture terminée, de fuir nous-aussi la petite ville pour toujours.
Je ne regrette pas d'avoir continué à découvrir la plume d'Hélène Gaudy dont j'ai déjà présenté sur ce blog en novembre dernier "Un monde sans rivage" et plus récemment, "Si rien ne bouge".
Et en plus, nous voici arrivés au dernier jour de l'hiver donc c'était le moment ou jamais pour que je vous présente ce livre, n'est-ce pas ?!
Bien sûr, ils l'ont imaginé...Ils l'ont imaginé s'enfoncer sous le couvert des arbres, rapide, furtif comme toujours. Ils l'ont imaginé réussir à quitter la ville. Monter dans un camion et quelqu'un à son bord l'aurait emmener cette fois au-delà de Lisbon. Ils ont imaginé la vie qu'il aurait eue là-bas, qu'il aurait eu loin d'eux, malades de son absence...
La couleur de la glace. C'était l'une des premières choses que l'on apprenait aux enfants de Lisbon. là où la glace est bleu pâle, l'eau est gelée en profondeur. La glace blanche est une glace de neige, plus fragile, incertaine. Glace grise, risque de dégel. Ne pas y poser un pied.