Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
J'ai tant de choses à raconter, je voudrais trouver un moment pour m'asseoir et écrire sur ce que je vis, ce que je vois. Pour ceux qui sont dehors, et qui n'imaginent pas.
Pas d'entorses, de points de suture, ni de poignets fêlés à notre étage. Chez nous les profils sont d'un autre type, celui qui s'installe, vit et prend racine pendant des mois voire des années dans mon service.
J'ai beau être cartésienne, je crois au miracle, au vrai, à celui qui n'a rien de scientifique. Lorsque nous avons tout tenté, et que plus rien ne dépend de nous, nous l'attendons. Le médecin lui laisse le temps et la chance de se pointer pour renverser le destin. J'ai été parfois témoin de cet élan irrationnel et surhumain du corps qui reprend vie et raye la maladie. Il nous laisse tous sans voix...
C'est un roman-témoignage, une auto-fiction que j'ai acquis pendant les vacances après avoir été sollicitée par l'intermédiaire de Babelio, par l'auteur elle-même. Comme je ne suis pas inscrite sur Netgalley (je le ferais peut-être), et que j'étais sur le départ vers ma maison de vacances, je n'ai pas profité de sa proposition de l'obtenir gratuitement.
Et puis, vous le savez.. je tiens aussi à mon indépendance et au départ vu le sujet, j'appréhendais cette lecture, je ne voulais pas avoir à formuler un avis négatif, sur un livre aussi personnel. Ainsi en le téléchargeant, je me sentais plus libre d'avoir mon propre avis sur cet écrit.
Je ne regrette pas un instant de l'avoir fait, même si le sujet ne fait pas partie de ce que je recherche habituellement.
D'abord avant de vous parler de l'histoire, je tiens à dire aussi que j'ai été agréablement surprise par la fluidité du texte et par la qualité de l'écriture. C'était important de le dire maintenant car pour un auteur inconnu, ces qualités d'écriture sont très importantes pour moi...
Dans un service de pédiatrie particulier de l'Hôpital Necker, où l'on soigne les enfants et adolescents qui ont un déficit génétique, leur enlevant toute défense immunitaire, et les empêchant de vivre une vie normale, arrive la petite Rose et ses parents. Nous sommes en 2004.
Le lecteur sait dès les premières pages qu'il s'agit d'une autofiction car l'auteur dédicace son livre à sa petite Jeanne "tu n'étais pas née pour cette vie"...dit-elle, et précise que "des portraits dépeints, seuls les nôtres, du père et de la mère sont authentiques".
L'auteur donne la parole à toutes les personnes qui entourent les parents et qui se sont occupées de la petite fille, et en miroir pour chacune d'elles, aux parents et à leurs ressentis face à la situation décrite, et à la personne concernée.
Ainsi le lecteur découvre les portraits de personnes formidables qui travaillent dans ces services où ils côtoient la mort à longueur de journée, mais où la vie est une victoire permanente sur le temps...
Leur ressenti, la façon dont ils arrivent à prendre un peu de recul pour se préserver, l'empathie dont ils font preuve envers les familles des enfants, tout est bouleversant, chacun réagissant avec son propre vécu, sa propre histoire familiale présente et passée. Nous constatons qu'ils n'ont pas choisi leur métier par hasard, que la vie ne leur a pas toujours fait de cadeaux à eux-aussi...
Ainsi nous parle la pédiatre responsable du service, une infirmière qui fait tout pour se blinder face à la souffrance, une maman bénévole qui vient animer les après-midis clown car "un enfant est un enfant avant d'être un malade", une secrétaire du service administratif, que tout le monde prend pour une peau de vache, Aline, une amie devenue proche car elle a, elle-aussi, un enfant hospitalisé, l’aumônier, la vieille tante de la famille, et Jean-François, le thanatopracteur...
Tous ont des choses terribles à nous révéler et tous ont le cœur brisé chaque fois qu'un petit enfant s'en va...aucun enfant (et aucun parent) ne devrait vivre pareil destin.
Avoir des enfants en bonne santé est un bien précieux qui n'a pas de prix.
Et bien entendu, il y a les parents, leur drame sans nom...
Comment appeler des parents ayant perdu leur enfant ? Rien n'est prévu dans le dictionnaire. C'est la plus grande douleur qui soit, même si la mort après la maladie est "adoucie" par l'idée que l'enfant ne souffre plus.
C'est un premier roman poignant. Il sonne juste, il n'y a pas un mot de trop, aucun pathos...il parle directement à notre cœur avec beaucoup de délicatesse, des mots d'une grande douceur, mais il faut avoir le cœur bien accroché tout de même pour le lire.
En tous les cas, je peux vous dire que c'est mon coup de cœur parmi mes lectures d'été, sans aucun doute possible au sens propre et au sens figuré...alors que ce n'est pas du tout le genre de lecture que je recherche.
Ce livre bouleversant est un bel hommage de l'auteur à cette petite fille, si belle et pétillante qui ne demandait qu'à vivre, un hommage aux personnels hospitaliers tant négligés aujourd'hui, alors qu'ils font des prouesses au quotidien et...une histoire d'amour, celle d'une mère et d'un père, mais la parole est donnée davantage à la mère, et de leur enfant partie trop tôt.
J'espère que l'écriture aura été bienfaitrice pour eux.
Pour nous, ce livre nous démontre qu'encore une fois il nous faut profiter de ce que nous avons... ici et maintenant.
A découvrir, même si la lecture est douloureuse pour nous parents, et grands-parents.
Saviez-vous que les petites filles naissent pour faire tourner leur jupon de princesse jusqu'à s'étourdir, pour massacrer les bâtons de rouge à lèvres en se tordant les chevilles sur les escarpins de leur mère, pour sauter sur les lits et s'admirer dans le grand miroir de l'entrée en récitant des poèmes ?
La mienne aussi.
Enfin, c'est ce que je croyais...
Je vous invite à lire l'avis de Eve ci-dessous...
« Trois petits tours » : Hélène Machelon
Je vous parle aujourd'hui d'un livre bouleversant : Quatrième de couverture " Saviez-vous que les petites filles naissent pour faire tourner leur jupon de princesse jusqu'à s'étourdir, pour ...
https://leslivresdeve.wordpress.com/2019/08/18/trois-petits-tours-helene-machelon/