Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Les mains ballantes, je me remplis d'inutilité en descendant l'escalier.
- Bonjour, le jour de plus, dis-je en ouvrant grandement la porte principale qui laisse passer un soleil tiède et donne à Boby Lapointe un air de vacances.
Au-dessous du ciel immuablement azur, c'est un jour à dire "oui" à tout.
Dans les jours optimistes, je suis une chômeuse intermittente, et dans les jours pessimistes,une travailleuse précaire. Pour les uns, le travail est une obligation, pour moi, il est devenu une malédiction. Il occupe de moins en moins de mon temps, mais prend de plus en plus de place.
- L'homme moderne pense être maître de la planète, et voilà où cela nous mène.
- Ah, ça, c'est bien vrai.I Il nous faudrait réinventer certains métiers, comme professeur de mathématiques pour réapprendre à compter les uns sur les autres
- Ou bien électricien pour rétablir le courant entre les gens.
"Boby Lapointe" c'est un immeuble de trois étages pas comme les autres. D'abord il est situé à Montpellier, une ville du sud où il fait très chaud l'été (quoique cela ne veut plus rien dire, vu la chaleur que presque tout le monde a eu cet été !).
Dans cette ville, le ciel est souvent bleu mais la chaleur existe aussi dans les cœurs et c'est de cela que l'auteur a voulu nous parler. En effet, d'un étage à l'autre, d'une porte à l'autre, les habitants essaient de veiller les uns sur les autres, tout en respectant ce que l'autre ne veut pas dévoiler de sa vie, ou révéler de ses faiblesses.
Là, au milieu de tous ces gens terriblement humains, il y a l'héroïne, Héraultine, pour une habitante de l'Hérault, l'auteur ne pouvait trouver mieux comme prénom ! Elle est au chômage, elle s'occupe comme elle peut, et a sombré dans la dépression depuis que ses parents ont été tués dans les attentats du 11 septembre, alors qu'ils étaient partis passer quelques jours de vacances à New York.
Et puis il y a les voisins : Dominique et Camille qui se sont toutes deux trouvées et qui s'aiment, malgré les difficultés d'être homosexuelles aujourd'hui ; Dolorès et Vital qui n'arrivent toujours pas à surmonter, suite à une chute de Dolorès il y a des années, la perte de leur bébé in utero, Babette...et puis les autres. Le lecteur les découvre, et passe d'un étage à l'autre, d'une porte à l'autre et d'une personne à l'autre.
Il ne se passe rien dans ce roman... il n'y a pas d'histoire. La narratrice raconte juste tous ces petits riens qui relient les différents habitants de cet immeuble et tissent entre eux une toile de bienveillance.
L''auteur sait nous faire entrer dans l'ambiance de ces instantanés de vie, mais aussi dans les souffrances des uns et des autres, et c'est par moment très lourd à porter pour le lecteur. Notre vie n'est pas forcément facile et chacun au cours de sa vie, subit des pertes et des souffrances, mais au final, j'ai trouvé que les personnages se complaisaient un peu trop dans leurs malheurs.
J'ai trouvé que ce n'était pas un livre très optimiste_même si la fin apporte son lot d'ouvertures, de changements et de possibles_ et cela, malgré quelques passages amusants (voir les extraits choisis), et le fait que les personnages véhiculent plein de bons sentiments.
Je ne me suis attachée à aucun des personnages en particulier, même à la narratrice, et j'ai trouvé ça dommage.
Malgré tout, Boby Lapointe, le poète, n'est jamais bien loin et, ici ou là, le lecteur savoure quelques belles images, expressions ou autres jeux de mots qui vont le ravir. Et c'est un bel hommage que l'auteur lui rend en ayant nommé ainsi son immeuble et étayé son roman de ces jeux de mots, si chers à Boby.
L'auteur nous livre-là son premier roman après avoir écrit de nombreuses nouvelles dont certaines ont été primées. Le roman est bien rythmé, le vocabulaire soutenu, le style agréable et c'est plein de références littéraires. La façon dont l'auteur nous parle des personnages, est emplie d'humanité.
En fait, quand j'ai abordé cette lecture, je ne me rappelais pas que l'auteur avait écrit des nouvelles et c'est justement le ressenti que j'ai eu en lisant ce roman...je me suis dit que chaque personnage pris séparément pourrait faire l'objet d'une histoire propre qui m'aurait, je crois, bien plus intéressée au final. C'est amusant d'avoir pensé ça et de découvrir ensuite que l'auteur est déjà une nouvelliste confirmée.
En conclusion, j'ai un avis mitigé sur ce roman, car il m'a manqué un petit quelque chose tout au long de ma lecture. Certains passages m'ont plu mais j'ai l'impression d'être passée à côté des autres ; à chaque page, j'attendais de ressentir quelque chose, alors que dans les faits, je suis restée en dehors, comme spectatrice...j'aurais aimé habiter l'immeuble et me mêler à ses occupants, cela n'a pas été le cas.
Pourtant j'ai lu ce roman dans des circonstances idéales si je puis dire : en vacances, en prenant tout mon temps, en dehors de la période de canicule, et sans être dérangée par les petits-enfants qui n'étaient pas encore arrivés, et surtout... je suis loin d'être du genre insensible !
Il reste que ce livre est un cadeau et que ce cadeau est précieux pour moi... Mais vous le savez à présent, je suis toujours très sincère dans mes propos et je tiens à le rester quoi qu'il m'en coûte.
L'auteur je n'en doute pas, a de l'avenir devant elle. Elle m'a laissé à l'intérieur du roman, une très jolie dédicace, et je la remercie de tout mon cœur pour cela et lui souhaite bonne chance pour ses prochains écrits.
Retrouvez l'avis d'Erika ci-dessous...elle vous rappelle que si vous voulez lire ce livre, vous pouvez vous inscrire chez Mimi, car c'est un livre voyageur...
Le livre voyageur... - L'univers d'Erika
Je me suis inscrite, il y a quelques semaines, sur le blog de Mimi afin de recevoir le roman "Dans L'entre-deux Boby" de Brigitte Prados. Le roman m'a été envoyé par l'écureuil bleu du blog " U...
http://lunivers-derika.over-blog.com/2019/06/le-livre-voyageur.html