Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Elle s'était toujours dit que si un jour elle devait se retrouver à la rue, elle se réfugierait dans une bibliothèque. Mais pour l'heure, elle n'était pas SDF (pas encore), et elle avait des recherches à mener.
Si quelqu'un était passé par là, je lui aurais demandé : "Ben quoi ? Vous n'avez jamais vu un homme de 50 ans pleurer à califourchon sur la branche d'un châtaignier ? ". Mais personne n'est passé, il n'y a eu que moi pour assister à cet étrange spectacle.
En roulant, je pensais à ma vie. Je me disais : "Imaginons que je meure aujourd'hui, qu'est-ce qui me manquerait le plus ? Quels seraient mes plus grands regrets ?" J'ai fait une liste. Elle était plus longue que je ne l'aurai cru, du coup, je me suis concentré sur ma conduite.
Rien ne nous rend plus heureux que lorsqu'on se sent enfin écouté, enfin compris. Je le sais bien. Et pourtant, malgré l'amour qu'on leur porte, ce sont souvent nos propres enfants que nous avons le plus de mal à comprendre.
J'aime la plume tendre et délicate, souvent teintée d'humour mais tellement humaine d'Anne-Laure Bondoux. J'ai toujours apprécié ses écrits pour les ados, mais finalement je n'avais jamais lu de livres écrits pour les adultes, peut-être par peur d'être déçue. Aussi, quand j'ai croisé "Valentine" dans les rayons de la médiathèque, j'ai eu envie immédiatement de faire sa connaissance !
On découvre Valentine alors qu'elle quitte Paris pour se rendre chez sa mère et les premiers instants de leurs retrouvailles montrent bien à la fois tout l'amour qui les unit mais aussi, leur problème de communication...une sacrée personnalité Monette !
Valentine a 48 ans, elle est divorcée et ses enfants, grands à présent, vivent leur vie. Elle vient d'apprendre qu'il va lui falloir quitter l'appartement qu'elle occupe depuis des années. Après une longue période de chômage, elle a enfin été embauchée pour écrire un livre sur la découverte de la sexualité chez les ados, sujet qui la ramène sans cesse à sa propre crise existentielle.
Elle compte bien employer ses quelques jours de vacances dans la maison de son enfance, pour écrire enfin. Mais son salaire ne suffira pas pour autant à lui permettre de se reloger, ni à aider ses enfants ce qui l'angoisse et l'empêche d'être sereine face à l'avenir.
En haut de l'armoire, en faisant des rangements, Valentine tombe sur ses photos de classe. Elle découvre stupéfaite que sur certaines d'entre elles, un visage a été raturé au marqueur noir. Elle ne sait pas qui est la jeune fille ainsi masquée ni qui a utilisé ce marqueur. Elle décide d'enquêter...
Mais voilà que Fred, son frère débarque à l'improviste avec son vélo et ses propres problèmes familiaux.
L'histoire prend tout son sens quand le lecteur découvre que Valentine a des troubles dépressifs depuis que sa mère Monette est décédée quelques mois auparavant. Fred, la sachant seule dans la maison familiale, est venu s'assurer que tout allait bien pour elle, mais aussi lui parler de ce que le notaire lui a appris, concernant la succession.
Tous deux vont être bien obligés de faire leur deuil, et chacun à leur manière, d'affronter la réalité pour laisser derrière eux les fantômes de leur enfance, comme ce père tant aimé, mort beaucoup trop tôt, et cette mère omniprésente qui les a poursuivi de ses conseils, et dont ils n'arrivent pas à faire leur deuil.
J'ai aimé la relation entre Valentine et Fred, la tendresse et la sensibilité des propos de l'auteur qui nous donne-là une belle histoire de famille, avec ses secrets mais aussi ses souvenirs, les bons moments comme les moins bons.
J'ai aimé la façon dont l'auteur traite le long travail du deuil avec ses hauts et ses bas, ses doutes, ses colères et ce cheminement de la pensée qui nous amène souvent bien trop loin, sans prévenir.
J'ai aimé le côté roman contemporain et l'immersion dans la politique par petites touches pleines d'humour (nous sommes en période électorale et mieux vaut ne pas aborder le sujet entre amis !).
J'ai aimé aussi le regard percutant qu'elle porte sur les rêves de la génération post-soixante-huitarde...
Pour Valentine, c'est certain, la première partie de sa vie est désormais derrière elle, et il va lui falloir réinventer la seconde.
C'est un livre profondément humain qui se lit facilement et qui a su me toucher mais me marquera moins que les précédents titres pour ados de l'auteur.
Les personnages sont cependant attachants et tous les ingrédients sont réunis pour en faire un bon roman, parfait à lire en famille avec vos grands enfants lycéens.