Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Victoria voulait une vie d'aventures, une vie folle, une vie plus grande qu'elle...
Cet endroit aurait mérité le nom de lac s'il avait été couvert de flamants roses qui s'envoleraient au petit matin quand elle y poserait son hydravion. Mais c'était une flaque d'eau avec des vapeurs de vaisselle autour. La flaque n'était traversée que par des pédalos et Victoria n'avait pas d'hydravion.
Victoria, son hydravion, il faisait de la voltige dans sa tête en dessinant des boucles blanches, et les troupeaux de buffles traversaient seulement le plafond de sa chambre quand elle rêvait, les yeux ouverts, sur son lit...
Voilà une histoire courte et emplie de poésie comme seul Timothée de Fombelle peut nous en offrir. Elle est précédemment parue dans le magazine jeunesse "Je bouquine" (n° 339) et j'ai été contente de la retrouver (et de pouvoir la relire).
Victoria est une jeune collégienne très imaginative qui transforme sa vie quotidienne en aventure, en la peuplant de héros et d'histoires trouvés dans ses lectures.
Il faut bien dire qu'entre une mère trop organisée, un père qui ne dit jamais rien et une sœur exubérante qui se plaint toujours de tout, ce n'est pas facile pour elle de trouver sa place et de mettre un peu de piment dans sa vie.
Aussi, le jour où Jo, son seul ami lui demande où sont passés "Les trois Cheyennes", son imagination galope et elle démarre au quart de tour. Elle est alors persuadée que son père s'est déguisé en cow-boy, que l'horloge familiale a disparu, et que les livres de sa bibliothèque ont repris leur liberté...
Elle va pourtant, aidée de Jo, se décider courageusement à élucider le mystère qui a envahi sa vie, et suivre son père pour savoir où il se rend ainsi déguisé.
Ce qu'elle va découvrir la fera grandir d'un seul coup...
Le lecteur se plonge avec délice dans l'univers onirique de Victoria. C'est une jeune fille rêveuse, mais surprenante et très attachante !
Tout ce que Victoria a vu n'est pas qu'un rêve : il y a des parts de vérité, et elle ira jusqu'au bout, pour les découvrir.
Laissez-vous emporter dans ce court roman poétique, touchant et bourré d'humour, mais qui sait si bien aborder un sujet grave et d'actualité.
Elle avait l'impression d'une foule de personnages qui descendaient de sa bibliothèque en rappel pour venir semer leur pagaille. Victoria voulait savoir ce qui lui arrivait. Y avait-il un lien avec les livres qui disparaissaient de sa chambre ?
Personne n'est obligé de croire ce qui va suivre. On a toujours le droit de ne pas croire ce qui est écrit dans les livres. On pourra dire encore "Victoria rêve". Mais, quand elle se tourna vers le coin de la pièce, quand ses yeux fouillèrent l'ombre, la grande horloge n'était plus là...
A noter...
Bien qu'on parle beaucoup de lecture, jamais aucun titre de livre n'est cité dans le roman.
Le lecteur n'aura pas de mal à comprendre que l'auteur a voulu rendre hommage à tous ces auteurs talentueux qui nourrissent depuis toujours les rêves de nos jeunes lecteurs (et les nôtres).
En leur permettant de s'identifier à eux, ces héros virtuels leur donnent envie de devenir eux-même des personnes importantes, ce qui est indispensable à la construction de leur personnalité.
Mais l'auteur n'oublie pas non plus, de nous dire au passage que l'imaginaire est toujours ancré dans la réalité et que, même les enfants rêveurs, le savent très bien et connaissent parfaitement les limites entre le rêve et la réalité.
La couverture forme des rabats, illustrés par François Place. On y retrouve des représentations colorées_mais totalement imaginaires_de couvertures de livres connus.
C'est un roman à lire entre 10 et 14 ans pour l'apprécier vraiment ou plus, si comme moi, vous avez gardé votre âme d'enfant...