Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Par la fenêtre, le ciel se teintait de feuille de rose et les collines d'orpiment, les prairies de vert incandescent et la rivière d'or.
Parmi tous les peintres qui se réclamaient de Giotto, il était un des rares à en poursuivre vraiment l'esprit et la manière. Il peignait la vie de l'âme avec une puissance et une finesse où semblait se refléter l'âme même de Florence. Mais plus j'entrais en possession de mes moyens, plus je sentais qu'il m'y manquait quelque chose.
Tu auras compris ce que je pense de cet espace soumis aux lois de la perspective que tu vantes comme l'invention suprême : il ne vaut que dans la mesure où on est capable de le faire éclater. De même que le monde est plus que ce qu'en perçoit notre œil, et notre vie ne vaut que par ce qui la dépasse. L'essentiel, qui est la présence réelle cachée en toutes choses, est infigurable géométriquement.
Nous sommes à Florence au début du XVe siècle. Les rivalités sont explosives, les violences quotidiennes et les règlements de compte sanglants.
Giovanni a découvert très tôt qu'il aimait dessiner et peindre. Depuis qu'il est orphelin, il erre dans la ville, dessinant ici ou là, au hasard de ses envies, avec son charbon de vigne, son pinceau en poil de chèvre et ses pigments fabriqués avec des mousses ou des fruits...
La chance lui sourit, car il a à peine 9 ans lorsqu'il rentre comme apprenti chez Starnina qui a remarqué sa fougue et son habileté.
Les nouvelles tendances sont à la recherche des volumes et des techniques de dessins mathématiques. La géométrie, les proportions, la perspective font leur apparition dans les fresques et tableaux. L'espace donne du relief aux réalisations.
A 16 ans, Giovanni devient le premier assistant de son maître. Il va découvrir avec son ami Brunelleschi, l'art de Sienne.
Il en revient tout ébloui.
Mais comme faire pour trouver son propre style ?
Il va d'abord se révolter contre son maître qui lui impose sa façon de faire. Puis tomber fou amoureux de la belle Léonora...Mais cet amour est impossible : le père veille, il est marchand de soie et il n'est pas question qu'il donne sa fille à un simple fils de teinturier.
Léonora est alors enfermée au couvent.
Mais ce malheur n'arrive pas seul : la peste rôde et lui prend sa bien-aimée. Fou de douleur, Giovanni va s'enfuir et vivre pendant de longues années, une vie la plus éloignée possible de l'art...et de Florence.
Il lui faudra apprendre encore longtemps de son maître, même une fois loin de lui, avant de pouvoir revenir et exercer son art, en adulte accompli ayant trouvé son chemin.
Arrivera-t-il pour autant un jour, à exprimer la lumière dans ses tableaux...une lumière nécessaire pour donner vie à ses œuvres ?
Il l'a cherché toute sa vie durant alors qu'elle était là, tout simplement bien tapie en lui. C'est lui qui était aveugle et ne pouvait la voir...
Travaille. Les intuitions dernières ne sont données qu'à ceux qui s'y trouvent. Et pour s'y trouver, il faut rester au cœur de son travail. Quand ta pensée se trouble, quand le doute t'assaille ou le désespoir te saisit, laisse-toi guider par les contraintes de ton art...
Voilà un court roman de 140 pages à peine. Il est au premier abord facile à lire et j'ai découvert l'auteur avec plaisir car c'est un roman bien écrit.
Ce roman initiatique se présente sous la forme d'une longue lettre, écrite par Giovanni à un destinataire inconnu, dont le lecteur ne comprendra l'identité qu'à la toute fin du roman (bien que je m'en sois doutée avant la fin...).
Ce roman peut être proposé aux ados à partir de 15 ans. Il peut se lire à plusieurs niveaux comme une simple quête d'identité, la recherche d'une vie meilleure auquel l'art apporterait tout son sens, sur fond d'histoire d'amour impossible et romantique.
Il s'adresse aux passionnés de peinture et d'art, ainsi qu'à ceux qui veulent en savoir plus sur la naissance de la Renaissance italienne et en particulier, sur le fameux Quattrocento.
Ceux qui s'intéressent à la spiritualité y verront sans nul doute un message supplémentaire. Giovanni pense qu'il va pouvoir transformer le monde grâce à sa peinture. Il ne cesse de se remettre en questions et de questionner le monde. Mais ce que cherche Giovanni au fond de lui, c'est son propre Salut...
Voilà une lecture agréable mais qui pourtant ne me laissera pas un souvenir impérissable. Il m'a manqué un petit quelque chose pour entrer complètement dans le roman. Malgré d'intéressants passages historiques, de belles phrases poétiques et de nombreuses réflexions sur l'art et la peinture, ainsi que sur la religion et son emprise sur la vie quotidienne de l'époque, je suis restée trop spectatrice...et c'est dommage !
Merci à Babelio et à l'éditeur Albin Michel qui m'ont envoyé ce roman lors d'une masse critique exceptionnelle.