Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Voilà un premier roman qui a fait beaucoup parler de lui lors de sa sortie. Le tirage du roman a dépassé les 100 000 exemplaires en seulement quelques semaines...et dépasse aujourd'hui les 600 000. Tout a donc déjà été dit sur ce roman !
Il a obtenu le Prix Relay des voyageurs lecteurs en 2017, le Trophée littéraire 2017 des Femmes de l'économie et le Globe de cristal du Meilleur Roman (dont le jury est composé de journalistes culturels). Il a eu aussi le premier Prix littéraire organisé par le FNABEH (Fédérations Nationales des Associations de Bibliothèques en Etablissements Hospitaliers) et le Domitys (Prix organisé par le gestionnaire et créateur du même nom, de résidences pour les seniors )...
Je crois que la liste des prix s'arrête là. Ce ne sont certes pas des prix prestigieux mais des prix qui prouvent que ce roman a su trouver son public, un public plutôt féminin à mon avis, et cela dans le monde entier.
Le roman il est vrai, parle avec beaucoup d'humanité de la condition des femmes aujourd'hui, des différences sociales, de la douleur du rejet, de la maladie, mais aussi du courage qu'il faut pour sortir de sa condition et dire non, et de l'espoir d'un avenir meilleur...
L'histoire
Le roman dresse le portrait de trois femmes de milieux sociaux différents sur trois continents éloignés, trois femmes dont le destin va s'entrecroiser comme les trois brins d'une seule tresse...
Smita vit en Inde et appartient à la caste des Intouchables, les dalits. Ce qu'elle veut avant tout c'est que Lalita, sa fille, apprenne à lire et à écrire, pour échapper à ce destin imposé par la société... Elle décide donc de s'enfuir une nuit avec sa petite fille pour se rendre à Chennai, une grande ville située à l'autre bout du pays. Elle abandonne son mari qui ne veut pas les suivre. Mais des difficultés et de nombreux sacrifices l'attendent encore en chemin...
Il n'y a pas de respect pour les femmes, encore moins si elles sont Intouchables. Ces êtres qu'on ne doit pas toucher, pas même regarder, on les viole pourtant sans vergogne...
Le viol est une arme puissante, une arme de destruction massive.
A Palerme, depuis des générations, la famille Lanfredi vit de la "cascatura". Elle emploie une dizaine d'ouvrières pour traiter, colorer les cheveux que les siciliennes leur vendent et fabriquer ainsi des postiches...
Mais suite au terrible accident de scooter de son père, Giulia découvre que l'entreprise est au bord de la faillite. Elle aussi devra bousculer les traditions ancestrales, s'opposer à sa famille, pour changer le cours de sa vie.
Cette vague-là, hélas ne la verra pas remonter.
Le sort s'acharne sur les Lanfredi, songe Giulia, tel ce séisme qui a fait trembler plusieurs fois le cœur de l'Italie, au même endroit.
L'accident de son père les a durement ébranlés. La mort de l'atelier va les achever.
Enfin, Sarah une brillante avocate vit au Canada. Elle voit sa vie bouleversée quand elle apprend qu'elle a un cancer du sein. Elle qui était sur le point d'être promue à la tête de son cabinet, qui a tout sacrifié par ambition, ses deux mariages, ses enfants, va peu à peu être rejetée et mise à l'écart par de jeunes loups aux dents longues qui veulent sa place. Il va lui falloir se battre d'abord contre sa maladie, mais aussi contre elle-même car il lui faudra décider de vivre autrement...
Elle pense à cette femme qu'elle a été, qu'elle était hier encore, une femme forte et volontaire qui avait sa place dans le monde, et se dit qu'aujourd'hui le monde l'a abandonnée.
Il n'y a plus rien, alors, qui s'oppose à sa chute.
Toutes trois vont dire non, se battre pour obtenir ce qu'elles veulent et changer à leur niveau le monde qui les entoure...
Ce que j'ai aimé...
Ce premier roman est un roman choral. Il est facile à lire et peut être proposé à la lecture dès le lycée. C'est un roman tout public et, cela va de soi, le lecteur ne peut ressentir que de l'empathie pour ces trois femmes si différentes mais si courageuses.
L'écriture est fluide et plaisante. Les chapitres sont courts et les trois voix alternent ce qui fait qu'on ne s'ennuie pas et que le roman se lit vite car bien entendu on veut savoir ce qu'il va advenir. On sent que l'auteur s'est bien documentée avant de parler de ces trois femmes, vivant dans des pays aux coutumes si différentes, et qu'elle a voulu toucher son public en tenant des propos emplis d'humanité et de bons sentiments.
L'idée de la tresse qui réunit ses trois femmes est une belle idée.
Le personnage que j'ai préféré...
J'ai éprouvé beaucoup d'empathie pour Smita tant ses conditions de vie sont incroyables au XXIe siècle mais je n'ai pas attendu de lire ce roman pour entendre parler des dalits, ni connaître le système des castes. D'ailleurs, soit dit en passant, ce sujet aurait gagné à être approfondi. J'ai particulièrement aimé le chapitre où elle accomplit son pèlerinage au temple de Tirupati.
Sarah, je l'ai trouvé détestable et ce n'est pas la maladie qui la rend comme telle, non, c'est au contraire la maladie qui va la rendre plus humble et plus humaine. Ce qu'elle traverse est terrible bien entendu, mais ne nous oblige pas à l'aimer. D'ailleurs son personnage ne m'a touché qu'à la toute fin du roman.
Finalement c'est donc le personnage de Giulia que j'ai préféré ! J'ai trouvé que son personnage sonnait juste, peut-être tout simplement parce que son histoire est plus facile à raconter pour l'auteur et que sa vie est finalement plus "normale", plus proche de la nôtre. Elle est le lien le plus véridique entre les deux autres histoires.
J'ai aimé aussi le poème qui s'intercale entre les chapitres...
Ce que je n'ai pas aimé...
On devine tout de suite le lien qui va unir ces trois femmes. Pourtant je ne connaissais pas la fin !
Les personnages sont trop stéréotypés. Il y a beaucoup trop de clichés tant dans les descriptions que dans les dialogues et certaines situations ne sont pas crédibles, certaines phrases trop attendues.
J'aurais aimé que l'auteur entre davantage dans la psychologie des personnages.
Mais je n'oublie pas pour autant qu'il s'agit d'un premier roman !
J'aurais aimé aussi qu'à un moment donné, l'auteur explique à ses lecteurs que si Smita a cette vie-là encore aujourd'hui, au XXIe siècle, c'est parce que de l'autre côté de la planète il y a une Sarah, égoïste, bien ancrée dans le système, qui pense être supérieure en tout et ne se pose aucune question sur le fonctionnement du monde (sauf à la toute fin du roman, quand elle a une pensée pour la femme qui lui donne ses cheveux...). Car si elle a la chance de pouvoir se payer une si belle perruque fabriquée en véritables cheveux humains, ce qui n'est pas le cas de la plupart des femmes dans son cas, c'est bien parce qu'à l'autre bout du monde quelqu'un coupe ses cheveux pour survivre.
Dommage que le fil (le cheveu) qui les relie ne fonctionne que dans un sens et que l'auteur n'ait même pas abordé le sujet... pourtant tout à fait d'actualité.
C'est pour cela que j'ai trouvé ce roman trop superficiel malgré une idée de départ intéressante.
Dommage que ce ne soit pas un roman qui prête à réfléchir sur le fonctionnement du monde et les méfaits de la mondialisation. Il peut toutefois être pour les ados d'aujourd'hui, une première approche des inégalités et de la condition féminine dans les différents pays du monde.
A noter, un album jeunesse sort ce mois-ci et reprend en image le destin de la petite Lalita et de sa maman dans l'Inde inégalitaire d'aujourd’hui. Je n'ai pas encore eu l'occasion de le feuilleter !
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