Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Gary regardait le lac à travers les arbres par la fenêtre en mangeant son saumon, il savait qu'il aurait dû se sentir chanceux, mais il n'éprouvait rien d'autre qu'une légère terreur au fond de lui à l'idée de ne pas savoir comment passer la journée, comment meubler les heures. Il avait ressenti cela toute sa vie adulte, surtout le soir, surtout quand il était célibataire...
Chaque fois qu'il avait rêvé de sa cabane, il n'y avait pas vu Irène. Il ne s'en était pas rendu compte jusque-là. Elle n'était pas assise dans un fauteuil à ses côtés, elle ne se tenait pas près du poêle à bois. Elle n'avait pas sa place dans les rêves de Gary...
Pourquoi n'a-t-il jamais eu d'amis, depuis qu'il vit avec Irène en Alaska ? se demande Gary. Est-ce dû à la timidité et à la discrétion de cette dernière, ou à la rudesse de la vie d'ici ?
C'est pour trouver les réponses à ces questions existentielles que Gary décide de tout quitter pour construire une cabane en rondins, sur Caribou Island, un îlot isolé en plein milieu de Skilak Lake, un lac glaciaire à la belle couleur de jade sur les rives duquel, eux et leur fils Mark sont les seuls habitants à des kilomètres à la ronde.
Gary a toujours rêvé de cette cabane, une cabane construite de ses mains avec trois fois rien, et à présent, rien ne l'arrêtera ! Cette vie de pionnier et d'aventurier, il veut la connaître avant de vieillir...et de mourir.
Mais ce projet comme tant d'autres auparavant se heurte à la dure réalité de ces contrées sauvages. L'hiver plus précoce que jamais fait son apparition alors que la cabane est loin d'être terminée.
Irène qui a pris froid, est prise de migraines insoutenables et ne dort plus. Persuadée que son mari veut en fait l'éloigner et la quitter, elle ne cesse de déprimer et de voir tout en noir, y compris les différentes périodes passées de sa vie de femme et de mère.
Au fur et à mesure que la cabane prend forme, le couple se déchire et leurs relations sombrent dans l'incompréhension, la méchanceté, la hargne...
Bientôt le lac sera impraticable et il faudra attendre qu'il soit totalement gelé pour que le couple puisse à nouveau regagner la terre ferme.
Rhoda, et Mark leurs enfants, sentent bien que rien ne va plus pour leurs parents, mais ils ont leur propre problème de vie à régler...Rhoda parce qu'elle rêve de se marier avec Jim qu'elle aime sincèrement mais qui lui, passe par une autre phase de sa vie où il cherche plutôt à vivre des aventures sans lendemain, qu'à se fixer, et Mark, parce que lui ne veut surtout rien savoir.
C'est alors que pour Irène, resurgissent les terribles souvenirs de son enfance, lorsque toute petite, elle a retrouvé sa mère, pendue...l'abandonnant pour toujours...
On peut choisir ceux avec qui l'on va passer sa vie, mais on ne peut pas choisir ce qu'ils deviendront.
Au milieu des étendues sauvages de l'Alaska, des paysages époustouflants de beauté, David Vann nous livre encore un roman poignant sur l'amour, les rêves et surtout la solitude.
Il explore les faiblesses des hommes, la dureté et la sincérité de leurs pensées les plus intimes, celles qui sont enfouies parfois depuis l'enfance et que l'on n'ose pas seulement formuler...
Le lecteur s'enlise dans la psychologie de ses personnages.
Un roman très dur et très réaliste mais bouleversant qu'on ne peut lâcher tant le lecteur est pris par l'histoire et pressent l'arrivée du drame, inéluctable et libérateur.
Un grand auteur à connaître, absolument.
Vous pouvez aller lire l'avis de Violette sur son blog, ci-dessous...
Désolations de David Vann - Le blog de Violette
Après le choc de Sukkwan Island , je m'étais sérieusement interrogée sur mon avenir avec ce David Vann qui sait faire parler de lui. Ma décision est prise : je vais continuer à le lire ! En A...
http://doucettement.over-blog.com/2015/02/desolations-de-david-vann.html
Ce qu'elle voulait, c'était qu'il s'allonge à ses côtés. Tous les deux sur la plage. Ils abandonneraient, lâcheraient la corde, laisseraient dériver le bateau au loin, oublieraient la cabane, oublieraient tout ce qui avait cloché au fil des ans, rentreraient chez eux, se réchaufferaient et recommenceraient de zéro. Cela ne semblait pas impossible. S'ils le décidaient tous les deux, ils en seraient capables.