Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Gustave Flaubert a écrit : "L'avenir nous tourmente, le passé nous retient, c'est pour ça que le présent nous échappe".
Quelle phrase Gustave ! C'est si percutant. ça me parle tellement que j'ai l'impression que tu l'as écrite pour moi.
C'est çà la littérature mon pote. "La littérature c'est le talent d'écrire mieux les mots qu'on ne ressent les choses."
C'est pas donné à tout le monde.
Depuis "Kiffe kiffe demain" que j'avais découvert lors de sa sortie (en 2004 ? 2005 ?) et dont j'avais partagé la lecture avec de nombreux ados, lorsque je travaillais encore en lycée professionnel, je n'avais jamais rien lu de cet auteur dont je n'ai d'ailleurs encore jamais parlé sur ce blog.
Il se trouve que pour une fois, c'est de l'avoir vu à La Grande Librairie qui m'a donné envie de découvrir ce titre-là
Voir l'extrait de l'émission en fin d'article...
Refaire sa vie...
Est-ce qu'il existe une expression plus stupide que ça ?
On ne refait jamais sa vie. On la continue, tant bien que mal, en boitant, la figure pleine de cicatrices.
J'ai retrouvé avec plaisir la simplicité, la sincérité et la franchise de cet auteur, née dans les années 80. Son écriture a mûri mais elle n'a en rien perdu de sa fraîcheur.
Le monde a changé et ceux qui ont été enfants dans les années 90 le savent bien, eux qui ont connu jeunes la France, championne du monde de foot en 1998, le passage à l'an 2000, l'émergence du Front national et l'effondrement des tours jumelles, en vrac et pas forcément dans l'ordre...
Dans des chapitres courts (et parfois très courts) aux titres évocateurs, l'auteur nous raconte la vie de la jeune Zounia (dite Zouzou) de son enfance à la trentaine. Chaque épisode de sa vie sera concomitant d'un épisode collectif marquant, montrant par là à quel point les enfants d'aujourd'hui ne sont en rien protégés par les événements de la vie extérieure auxquels parfois ils ne comprennent rien, soit dit en passant.
Petite fille meurtrie par la séparation de ses parents, le rejet (apparent et mal interprété par elle) de son père, et la mauvaise humeur constante de sa mère, Zouzou a une seule véritable amie, c'est Carmen.
Mais un jour de canicule où elles sont toutes les deux en voiture, dans les embouteillages, Carmen qui est au volant se déporte trop brusquement sur la droite et tue une jeune femme qui se faufilait en scooter pour éviter les bouchons. Elle ne roulait pas vite pourtant...mais leur innocence s'envole à jamais.
Leur vie sera désormais marquée par la culpabilité et elles mettront des années à comprendre qu'en voulant se faire du mal, elles n'ont pas pour autant réussies à oublier.
Les chapitres alternent entre passé et présent, légèreté, humour et réflexion...mais le lecteur ne se perd jamais.
Avant l'an 2000, tout paraissait possible. Les seules frontières étaient celles de notre imagination. Le nouveau millénaire apportait avec lui son lot de promesses.
Des promesses d'égalité et de fraternité. Des promesses de liberté. Des promesses de renouveau. On allait communiquer autrement, plus facilement, plus vite. Et qu'est-ce qu'on avait de mieux à se communiquer que de l'amour et de la beauté ?
Comment vivre heureux dans une société qui ne fait pas de cadeaux, dans un monde où l'apparence prime et où les drames sont souvent plus présents que les joies ?
Sans faire de généralisation, c'est une génération qui a le sentiment d'avoir perdu beaucoup de choses...et qui est déjà nostalgique de son enfance à 30 ans, alors que nous, nous ne pensions à cet âge qu'au présent et à bâtir notre vie future.
Je ne suis pas de cette génération-là, vous le savez, mais j'ai été néanmoins touchée par ses propos, percutants et directs et, ce qu'elle nous montre de sa vie, de ses difficultés à vivre en couple et à se faire respecter par son compagnon, à se construire en tant que femme, à élever seule sa fille...ne m'a pas laissé indifférente.
Les personnages que nous croisons dans ce roman sont des gens "ordinaires", voilà sans doute pourquoi je le ai trouvé si attachants.
Au passage, ils se révoltent, donnent leur avis sur la politique, en veulent à la terre entière ou bien se dévoilent et nous livrent leur ressenti. Tout cela rend le roman très vivant.
Malgré des passages tristes et pessimistes, c'est un roman porteur d'espoir qui sonne toujours juste et nous fait espérer pour ces deux jeunes femmes attachantes, une vie meilleure.
Le roman est étayé d'une "bande-son", celle du groupe Abba...le groupe préférée de la maman de Zouzou, qui a donc marqué son enfance.
Le style direct de l'auteur a soulevé certaines critiques mais qu'importe, sa fraîcheur et sa franchise ont su me toucher et toucheront je pense beaucoup de jeunes qui se reconnaîtront dans ses propos.
A découvrir donc car c'est non seulement un livre pour adultes mais aussi pour grands ados et "young adult".
Vous pouvez aussi écouter cette jeune femme étonnante, sur l'extrait de l'émission "La Grande Librairie" ci-dessous.
Le miracle de la vie.
On a tout dit. On a tout écrit là-dessus. Et ce serait prétentieux de penser qu'on a quelque chose d'original à raconter sur le sujet.
Il n'en reste pas moins que, en donnant naissance à un seul être, on a le sentiment d’œuvrer pour l'humanité toute entière...