Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Préface de Daniel Charlier ; Traduit du danois par Inès Jorgensen ;
Validation linguistique à partir du texte groenlandais par Jean-Michel Huctin.
Dans la ville de Nuuk, capitale du Groenland, cinq voix s'élèvent, celles de cinq jeunes en quête de leur identité. Leur entrée dans la vie adulte est marquée par de profonds changements qu'ils nous racontent...
Fia ne s'entend pas bien avec Peter qu'elle aime pourtant...elle découvre qu'elle aime les femmes en tombant amoureuse de Sara, une véritable tempête sentimentale pour elle.
Ivik comprend qu'elle n'est pas une femme malgré son corps qui lui dicte le contraire. Sa relation avec Sara est conflictuelle et elles se quittent non sans souffrance.
Sara choisit de vivre...Elle est très attirée par Fia. Sa sœur vient de mettre au monde pour la première fois un adorable bébé et ce bonheur tout neuf l'incite à penser au sien.
Inuk, le frère de Fia a fui au Danemark car il a honte d'être groenlandais. Mais là-bas rien ne se passe comme il l'espérait maintenant qu'il a eu une relation secrète avec un homme marié.
Arnaq a été abusée par son père quand elle était petite. Depuis elle sombre dans l'alcool et ne cesse d'abuser à son tour de ses parents en leur soutirant de l'argent.
Arnaq et Inuk ne peuvent que pardonner pour se délester du poids de ce qu'ils ne peuvent pas maîtriser.
Être soi-même envers et contre tout et tous, aimer et être aimés à leur tour, écouter leur corps, et leur cœur...devient leur seule préoccupation.
Et leurs histoires se rejoignent pour n'en former qu'une seule...
Née en 1990, Niviaq Korneliussen a grandi à Nanortalik, au sud du Groenland. "Homo sapienne" marque un tournant dans l’histoire littéraire groenlandaise en rejoignant un lectorat en-dehors de la terre natale.
L’écrivain(e) inuit(e) s’affirme avec ce premier livre comme "la nouvelle étoile du Nord".
Cette jeune groenlandaise de 28 ans nous livre ici une autofiction qui ressemble à un cri de détresse. Elle voulait choquer les Inuits : elle a écrit un roman qui est devenu un best-seller au Groenland et qui a dépassé les frontières !
Dans un langage cru pas toujours facile à suivre, et qui pourra en choquer certains (comme la couverture d'ailleurs soit dit en passant...), elle nous parle d'une génération "perdue" qui ne sait plus comment vivre, ni pourquoi, mais une génération qui veut sortir de ses peurs ancestrales, qui se livre sans fioriture et nous fait entrer dans son intimité.
Chacun des personnages a sa propre sensibilité.
Comment vivre librement sa sexualité dans une communauté aussi réduite ?
56 000 habitants en tout aujourd’hui au Groenland !
Comment réinventer un avenir heureux ?
Nous suivons les jeunes dans les boites de nuit, dans l'intimité de leurs nuits d'amour, dans leur solitude et leurs doutes : ils se cherchent, sortent des normes établies et bousculent les repères de ceux qui refusent de les voir tels qu'ils sont, et qui ne comprennent pas qu'ils ne peuvent pas entrer dans un moule imposé par la société.
Les jeunes que nous découvrons, vivent avec leur temps, sortent, boivent, utilisent des drogues, tombent amoureux, sont connectés au monde entier !
Chaque chapitre a pour titre celui d'une chanson.
L'auteur mélange trois langues : l'anglais, le groenlandais et le français, ce qui rend ses propos encore plus réalistes. Le texte passe du narratif au réel : échanges sur Facebook, textos, extraits de journaux intimes...
C'est un roman résolument moderne, une plume à découvrir, une ouverture nécessaire à plus de tolérance, un premier roman qui nous amène bien loin du Groenland tel qu'on le rêvait, loin de la toundra, des Inuits, des phoques et des ours polaires...
Le vocabulaire très cru fait que ce roman intéressant à plus d'un titre, n'est pourtant pas à mettre entre toutes les mains.
Vous êtes prévenus et d'ailleurs... je ne vous mets pas d'extraits !