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Lors de notre balade dans la vallée de l'Aiguebrun, nous avions prévu un retour à pied par le petit village de Sivergues, que nous connaissons bien, mais où je ne vous ai jamais emmenés.
Pour ceux qui n'aiment pas la randonnée, le village est accessible par la route départementale 114, en traversant le plateau des Claparèdes. Il est situé au bout du monde, enfin je veux dire au bout de la route !
Seulement 40 habitants vivent à l'année sur toute la commune (chiffres 2015).
C'est un village authentique qui nous offre une véritable page d'histoire locale. Peu de choses ont changé depuis ses origines...
Au-delà, c'est la nature sauvage et les grands espaces du Grand Luberon, les sentiers de randonnée et l'impression d'être seul au monde. Quand on arrive par la route, on a d'ailleurs un peu l'impression que le temps vient de s'arrêter.
Ce jour-là aucun randonneur ne troublait le calme du lieu et le parking était désert.
Un village rien que pour nous...ou presque !
Un peu d'histoire...
Le nom du village daterait du Ve siècle. La femme de Saint Castor y aurait édifié un couvent où elle aurait vécu avec six compagnes, six vierges (sex virgae ayant donné ensuite "siuergia" puis "sivergues"). Il semble aussi que le toponyme pourrait provenir du latin "severaticum" qui signifie "au loin".
Sivergues a été bâti à deux pas du castrum d'origine, situé à l'emplacement du hameau actuel du Castellas où se trouvent des vestiges que nous irons voir un jour, c'est promis !
Le village est connu sous son nom actuel depuis le XIIe siècle. Il appartenait alors aux Comtes de Forcalquier.
Au XIIIe siècle, l'archidiacre d'Apt fait fortifier une grande demeure. Aujourd'hui gîte d'étape la bâtisse, surnommée le fort de l'archidiacre est riche de son passé. On y élevait des vers à soie. Elle contient entre autre vestige ancien, un superbe escalier vaudois.
Au XVe siècle, le village est déserté. De nombreuses guerres et la terrible épidémie de peste, sont responsables de sa désertion.
Au début du XVIe siècle, le seigneur fait venir des familles d'origine vaudoise qui s'installent sur les terres pour les exploiter. Hélas, dès 1545, François Ier ordonne de traquer les Vaudois à cause de leurs croyances jugées hérétiques (nous en reparlerons un jour car ces événements ont marqué toute la région). La répression est menée en Vaucluse par le Baron Maynier d'Oppède. Le village est sévèrement touché et déserté à nouveau.
La petite église actuelle, Saint -Pierre et Sainte-Marie est bâtie à ce moment-là dans la partie basse du village. A l'époque le village avait aussi un temple dont je ne connais pas l'emplacement car la commune est restée essentiellement protestante jusqu'au XIXe.
Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que le village renaisse vraiment. Les habitants ont dû alors tirer de la terre aride et caillouteuse leur maigre subsistance.
Le village aujourd'hui...
En débouchant du vallon de l'Aiguebrun, notre première vision est idyllique : une magnifique demeure, à laquelle une tourelle est accolée se dresse devant nous.
A sa droite, de l'autre côté d'une petite ruelle caladée, se trouve la maison-forte appelée aussi le fort de l'archidiacre. Quillée sur son rocher, c'est aujourd'hui un gîte.
En-dessous du fort, un habitat troglodyte typique de la région...
En montant la ruelle qui sépare les deux bâtisses, nous découvrons une superbe calade...
La calade passe sous un porche-escalier...
Elle est très belle et a été rénovée en 1992.
Je rappelle qu'une calade en Provence (et en Corse) est une rue pentue de village qui a été recouverte de pierres posées verticalement, et parfois de galets provenant des rivières proches, le plus souvent de la Durance, mais parfois du Rhône. Dans le Vaucluse, les calades sont en pierres. Le maçon les pose sur la tranche et réalise souvent de jolis dessins pour le plaisir des yeux...La calade est vivante car les pierres ne sont pas tenues par du mortier.
Dans la partie haute du village, il reste un arc de pierre qui permettait à l'époque l'accès au four communal. Aujourd'hui il agrémente l'entrée de la petite mairie...
La mairie est en effet installée dans une belle bâtisse que l'on peut découvrir en poursuivant la petite route principale qui devient très vite un chemin de terre.
Les maisons qui longent la rue sont superbes. Toutes les habitations du villages sont regroupées autour du Fort de l'archidiacre et le long de cette rue.
En prenant à gauche la calade que nous avons empruntée tout à l'heure, nous découvrons le puits-borie du village.
Le puits se trouve juste à côté de l'église Saint-Pierre et Sainte-Marie. J'ai déjà maintes fois entrevu son intérieur mais je ne pourrai pas vous le montrer aujourd'hui, car elle était en travaux (réfection de la toiture) et donc fermée au public par sécurité...
Il nous reste des temps anciens, dans tout le vallon de l'Aiguebrun et aux alentours, de nombreux bancaus, nos restanques provençales, attestant des cultures mises en place au cours des siècles.
Certaines ont été superbement rénovées, comme c'est le cas ici à la sortie de Sivergues devant la belle ferme des Perrins, en contrebas de la route qui nous permettra de rejoindre notre voiture.
Si vous voulez admirer d'autres photos prises à d'autres moments de l'année, je vous propose de visiter le blog de Martine, une vauclusienne qui aime autant notre belle région que prendre le large pour d'autres horizons...
N'hésitez pas à aller lui rendre visite, vous ne le regretterez pas !
Sivergues : un village du Luberon à découvrir - Martine Passion Photos
Après avoir pris le temps de flaner dans le Luberon,nous décidons de prolonger la balade en direction d'un lieu que le "guide du routard" définit comme le bout du monde, un endroit d'où l'on ne...
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