Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
En tant que professeur de littérature, je ne juge jamais une poésie. Contrairement à mes collègues, je me refuse à toute analyse. L'écriture est un acte personnel. Je demande à mes élèves de réagir, d'expliquer ce qu'ils ressentent, les effets, pas la cause.
Suite à un dramatique accident survenu durant son enfance, Florin vit seul et sans aucun souvenir. Il a passé plusieurs jours dans le coma et depuis ne ressent plus aucune émotion, donc comme les souvenirs sont tous liés à des émotions, il ne possède plus, ni les uns ni les autres.
Pour peupler sa vie et se rattacher à son passé, il remplit des bocaux avec des petits cailloux, chacun de forme et de texture différente, lui rappelant tel ou tel événement de sa vie.
Le roman débute avec Pascal qui vient s'installer pour les vacances d'été dans une maison de location près du village de Saint-Just-sur-Harmac dans la vallée perdue de Chantebrie.
Il est professeur et emmène avec lui Margaux, une de ses jeunes élèves, et fille d'un ami, qui fuit un passé douloureux. Le père a accepté de lui confier sa fille car leurs relations posent problème et, lui-même, désire y voir plus clair dans sa vie.
Cette jeune fille, qui va bientôt avoir 18 ans, est totalement paumée.
Elle est persuadée d'être responsable de la mort accidentelle de sa mère (et donc du désamour de son père) alors qu'elle-même n'était qu'une toute petite fille au moment des événements. De plus, elle vient d'être totalement traumatisée par son voisin qui la harcelait et qu'elle pense avoir gravement blessée. Et du coup, les choses ne sont pas si simples pour elle...
Par chance, tous deux vont faire la connaissance de Florin.
Des liens d'amitié se tissent au fur et à mesure que les bouteilles de vin s'ouvrent, que les pipes sont bourrées et que les langues se délient, chacun racontant à son tour un peu de sa vie, tandis que le lapin aux olives mijote...
Mais Florin, grâce aux petits cailloux, a plein d'histoires à leur raconter. Je ne vous les dévoilerai pas pour vous laisser le plaisir de les découvrir !
Mais vous saurez enfin...
- pourquoi Jorge Luis Borges n'a jamais eu le Prix Nobel,
- comment faire disparaître un diamant,
- pourquoi une piscine peut finalement servir de potager,
- les habitants d'un village passer des années sous la pluie sans se douter qu'ailleurs...il fait soleil,
- un potier écouter la voix de Clovis dans ses vases
- et plein d'autres anecdotes dont une se passe au temps de Jeanne d'Arc, une autre dans un des cimetières d'une ville où sévissent des fossoyeurs sans foi ni loi...
Vous saurez aussi comment Florin, qui n'a pas d'argent, a acquis sa jolie maison !
Mais chut...
Petit carnet, je viens d'avoir mon bac avec mention bien. Je devrais être satisfaite, mais je n'y arrive pas. D'ailleurs, serai-je un jour contente de moi ? Ai-je le gène du bonheur ? J'en doute...
- Gardes-tu des cailloux pour les souvenirs les plus douloureux ou les plus horribles ?
- C'est une bonne question. Le cerveau a tendance à filtrer les souvenirs. Instinctivement, il privilégie les émotions positives, donc les souvenirs heureux.
...
- Pour répondre à ta question, il y a quelques cailloux que j'ai fini pas jeter. Ils étaient trop pesants. Ils prenaient trop de place dans les pots.
Ce jeune auteur donc vous pouvez aller consulter le site ICI, est un formidable conteur qui nous entraîne dans son sillage et nous donne envie d'en savoir plus.
J'ai avalé le roman en deux soirs et j'ai quitté à regret les personnages...parce qu'ils sont réellement attachants et que beaucoup de non-dits subsistent.
Le lecteur ne peut pas s'empêcher d'imaginer une suite possible à leur rencontre !
Les anecdotes sont tantôt jubilatoires, dramatiques, incroyables ou totalement effroyables et l'auteur nous entraîne dans un roman complètement atypique.
J'ai aimé retrouver ce côté décalé que j'avais découvert dans "la fractale des raviolis" dont vous pouvez lire la présentation ICI.
Le roman se partage entre moments de tendresse, de poésie, et d’amitié, et cette rencontre entre trois personnages différents mais chacun meurtris à sa façon est totalement captivante.
Des extraits des petits carnets de Margaux, des poèmes, s'intercalent entre deux chapitres ou deux histoires.
Mais si cette lecture est plaisante, elle nous fait aussi réfléchir.
A-t-on en effet besoin pour être heureux de s’embarrasser du passé, d'être "esclave de ses souvenirs" ?
Voilà donc un petit rayon de soleil, à lire pour un pur moment poétique et plein de fantaisie...
Vous pouvez lire ci-dessous, l'avis de Yves, un lecteur passionné mais toujours sincère dans ses chroniques...
C'est lui qui m'a donné envie de relire cet auteur et je ne regrette pas de l'avoir fait...
Merci Yves !
La variante chilienne - Le blog de Yv
La variante chilienne, Pierre Raufast, Folio, 2017 (Alma, 2015) ..... Pascal, prof de philo, part pour les grandes vacances dans un coin isolé de France. Dans ses bagages, pour ainsi dire, il emmène
A l'époque, j'étais responsable sécurité et j'ai assisté à une réunion assommante du bureau des normes et règlements. Les gars devaient choisir les caractères officiels d'un clavier cent deux touches standards en France. La réunion dura trente-deux heures !
- Non !
- Le point d'achoppement, c'était la lettre "ù". Il faut savoir qu'il n'y a qu'un seul mot dans la langue française qui utilise cette lettre : le mot "où". Par rapport à la lettre "ê", c'est ridicule. Mais certains tenaient absolument à voir le "ù" présent sur tous les claviers français.
...
Alors la réunion s'est envenimée. Une vraie lutte idéologique...