Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
La plupart des hommes ne sont pas des oisillons audacieux, seulement des couards qui préfèrent la sécurité de leur nid douillet et de leur télévision à l'appel de l'aventure, du vide de l'étincelle qui rallumerait pour toujours les yeux qu'ils ont éteints.
Jean sentait comme il écrivait le parfum léger de la soie, la puissance boisée du cèdre, la subtilité de la rose mêlée de sucre, de suave, de fleur d'oranger, à croquer dans l'air comme on goûte une pâtisserie au miel et aux pistaches.
Merci.
Il était très attaché à ce mot. Il le trouvait autosuffisant : il y avait plus dedans que dans tous les livres qu'il publierait un jour, et il l'avait écrit honnêtement, sincèrement.
On dit que tous les chemins mènent à Rome mais on ne nous dit pas pourquoi, pour s'y rendre, certains prennent le chemin de droite, tandis que d'autres prendront celui de gauche, ou choisiront d'aller tout droit, et même parfois de revenir sur leurs pas !
C'est pourtant ce qui arrive à nos cinq personnages. Ils ont tous à un moment donné eu envie de changer de vie et de faire la "Rêvolution"_entendons-nous bien_il s'agit de réaliser enfin leur rêves et de transformer leur vie au lieu de la subir et de n'avoir aucune emprise sur leur destinée.
Mais avant d'écrire les dernières strophes de leur poème, il va leur falloir beaucoup de courage, de réflexion, de remise en question...et nous allons les suivre pas à pas dans leur démarche personnelle.
Voici un roman choral, dans lequel l'auteur donne tour à tour la parole à chacun des personnages tous masculins...mais, je vous rassure les femmes ont aussi leur rôle à jouer dans l'histoire.
Mickaël aura-t-il un chat comme il le voudrait tant depuis qu'il a compris qu'il ne pourrait jamais réaliser son rêve d'avoir un enfant avec Annie ? Que faire d'autre pour remplir le vide de leur vie ? Après des années de démarches pour adopter un bébé, il leur faut se rendre à l'évidence. "Personne ne leur dira jamais que c'est fini, qu'il ne faut plus attendre". Mais la cruelle vérité est là et les torture. Ils doivent se résoudre pourtant à vivre autrement et prendre les décisions qui s'imposent.
Jean a choisi l'écriture pour remplir sa vie...
Il écrit un roman sur Ban Bayan, un riche marchand se rendant à Babylone. Il veut raconter son épopée à travers le désert. Mais il ne s'en sort pas. Trop cartésien, il pinaille, n'arrive pas à se laisser aller, par habitude, parce qu'il intellectualise tout, et a peur de ne pas être compris...
Anatole lui, ne sait parler que de son travail, de la finance dans laquelle il travaille et de lui-même, de ses réussites personnelles, ou de ses vacances forcément plus formidables que celles des autres, puisque à l'autre bout du monde. Résultat : il fait fuir tous ses amis ! Que lui faudra-t-il pour qu'il réalise qu'il passe à côté de sa vie ?
Thomas lui est au pied du mur, enfin je veux dire de son mur de banlieue, à Paris. Il se sent comme "jeté nu dans l'arène" et ne veut pas de cette vie qu'on lui propose. A quoi lui sert d'ailleurs sa licence de lettres ! Lui aussi avec ses potes a des rêves, de révolte, de justice...Ils expriment bien sûr sur le mur "leur irrépressible envie de vivre, de tout renverser, d'imaginer les choses autrement." Sans ça, comment en sortir ? Heureusement qu'il y a Leila...
Le vagabond, lui, a bien une petite idée de nouvelles pancartes à écrire pour arriver à toucher les passants indifférents...mais est-ce bien suffisant pour que certains s'intéressent à lui. Evidemment personne ne se doute qu'il n'a pas toujours été un vagabond...mais chut, vous n'en saurez pas plus !
Quels liens unissent tous ces hommes apparemment très différents ?
Qui sont-ils ? Quels sont leurs rêves ?
Et comment en sont-ils arrivés là ? Comment vont-ils pouvoir briser leur destinée qui semble pourtant toute tracée...
Je ne vous le dirai pas, mais je vous invite à lire ce court roman car la fin vous surprendra, j'en suis certaine.
Et vous, si vous pouviez changer le cours de votre vie, quelle direction prendriez-vous ?
C'est un roman qui fait du bien...léger, poétique et profond à sa façon. L'écriture est fluide. Le ton empli d'humour. Les personnages de fiction se mêlent au personnages réels, à moins que ce ne soit l'inverse !
J'ai lu ce livre avec plaisir...
Le seul bémol c'est que c'est la première fois que lire sur ma liseuse me pose problème. J'avais envie de pouvoir toucher et tourner les pages, de revenir en arrière pour lire les poèmes qui débutent chacun des chapitres, tout en gardant un oeil sur ma page en cours, de relire l'histoire de Bab Bayan, véritable épopée-conte insérée dans l'histoire...oui je sais on peut faire tout ça avec une liseuse et je sais le faire !
Ce que je veux dire c'est que j'ai eu juste une vague impression de manque et je ne sais pas si je dois l'attribuer au support, aux réflexions amenées par l'histoire sur ma propre vie (pourtant bien remplie et opposée à celle de nos personnages), ou bien à la fatigue de l'hiver. J'ai eu comme un petit je ne sais quoi, qui m'a empêché de suivre tous les personnages avec la même attention, le même intérêt, la même empathie...et d'entrer dans leurs rêves.
Ainsi, alors que j'ai beaucoup apprécié Thomas et Michaël en particulier, ainsi qu'Annie sa femme, j'ai beaucoup moins apprécié Anatole mais je reconnais que la fin m'a réconcilié avec lui...
Quant à Jean et le vagabond, je ne vous dirai rien et je préfère vous les laisser découvrir...
...ils avaient créé tous ces tags multicolores, des mots pour sauver leurs âmes,et pour exorciser, faire fuir le démon des cités...
C'est écrit sur un mur
C'est cri silencieux...
Révolution.
Ce soir, Mickaël ne voulait qu’un tout petit changement : ni bombe ni
fusillade… simplement modifier « l’accent aigu ».
— Que dis-tu, mon chéri ?
— Je dis que je t’aime, cher cœur, que je suis d’accord pour jouer au petit
prince ce soir.
Annie lui fit son sourire de petite princesse, celui qui le faisait fondre
inévitablement, à tous les coups.
— Et je voudrais qu’on apprivoise un renard... poursuivit-il.
— Mais oui ! Un renard, j’en ai toujours rêvé aussi. Et dire que je n’avais
jamais osé t’en parler. On se met parfois de ces barrières !
— Ou un chat alors... tu es d’accord pour un chat, n’est-ce pas ? Un gris,
aux yeux orange, d’humeur et de couleur égale, le jour comme la nuit, un
doux. Il aimerait les câlins, et reconnaîtrait nos pas alors qu’on approche sur
le palier. Il viendrait nous dire bonsoir quand on rentre à la maison... On
entendrait ses petites pattes silencieuses sur le parquet derrière la porte...
L'auteur est né en Bretagne. Il connait bien le milieu de la finance d'entreprise, car, comme Anatole, il y a travaillé lui-même pendant près de vingt ans. Il a beaucoup voyagé entre autre à Singapour et c'est là-bas qu'il a eu envie comme Jean de se mettre à écrire...
Il ne nous dit pas qui a inspiré ses autres personnages !
Merci à l'auteur et aux éditions Librinova de m'avoir permis de découvrir ce roman...