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Aujourd'hui nous allons revenir en Provence, pour terminer la visite du vallon de Ponserot...
Ce petit vallon que je vous ai montré plusieurs fois depuis la semaine dernière débouche dans la vallée de la Durance.
Là, à l'embouchure (ou presque) et pendant plusieurs décennies, l'extrémité du vallon de Ponserot a servi de bassin de décantation aux eaux du canal de Marseille.
Je vous ai déjà raconté le problème de l'eau en Provence et en particulier celui de l'alimentation en eaux de la ville de Marseille. Ces problèmes d'eau ont été résolus durant le XIXe siècle grâce à la construction du Canal de Marseille, dont je vous ai déjà parlé.
Mais subsistent encore pendant ce siècle, les problèmes liés aux boues charriées par les eaux. Les bassins de décantation situées près de Marseille ne suffisent pas.
Des bassins secondaires, plus petits, sont pourtant en activité dont celui qui nous intéresse : le bassin ou déversoir de Ponserot.
Et après son abandon / Image internet (http://lecanaldemarseille.fr/j/le-canal/adduction-amont/canalamont-ponserot)
Construit en 1848, ce déversoir d'une surface modeste de 15 700 m2 permettait de stocker, pour la faire décanter, 100 000 m3 d'eau. Ce sont les rochers qui formaient ses parois naturelles.
L'eau était retenue par une levée, une sorte de barrage de 36 mètres d'épaisseur à la base et de 120 m de longueur, pour 19 mètres de hauteur. La levée était munie de vannes permettant aux boues de se déverser par un chenal, directement dans la Durance..
L'eau arrivait directement de la Durance en amont, par un canal latéral et débouchait dans le réservoir par une énorme buse que l'on peut encore observer car elle est en parfait état.
La surface faible de ce bassin de décantation, permettait à l'eau de le traverser seulement en trois heures. Mais ce temps très court ne permettait pas une décantation suffisante (seulement 45 % des boues).
Ce bassin aménagé dès l'origine du Canal, vers 1849, servait de bassin de décantation. Il était divisé en deux parties séparées par un double mur. Dans la première partie, servant de dégrossisseur, les eaux étaient amenées par un canal introducteur dans le fond du ravin, à l'opposé du barrage. Elles se déversaient en superficie, entre les deux murs et parvenaient, par des orifices aménagés dans le bas du deuxième mur, dans la deuxième partie du bassin. Les eaux repartaient en surface, dans le canal, par 28 ouvertures de 3 m placées sur la rive gauche de la branche mère.
La vidange des bassins s'effectuait par un tuyaux en fonte de 0 m 600, placé sur toute la longueur du bassin dans les deux compartiments, il portait plusieurs tubulures verticales.
Un déversoir d'une superficie de 32 m 25 de long, recevait le trop plein des eaux de pluie amenées dans le vallon.
En 1864, on construit des canaux latéraux à gauche et à droite, ouvert par des "vanettes" de 0.40m de large. En tout 81 "vanettes" se situent rive gauche et 72, rive droite. Elles permettaient le nettoyage automatique du bassin.
Jean François Mayor de Montricher, l'ingénieur suisse qui en avait assuré la conception, mourut l'année de la mise en route de ce réservoir. Il ne sut jamais que son bassin était si bien conçu (bien que trop petit) qu'il ne s'envasait jamais, ne nécessitant ainsi ni vidange totale, ni curage régulier...
En 1885, un accident survient et interrompt le fonctionnement : le mur construit au centre du bassin qui le divisait en deux parties, se rompt sous la pression des eaux. Un tuyau de vidange s'est bouché, empêchant l'évacuation des eaux boueuses.
Le bassin de Ponserot est alors définitivement abandonné...
Depuis la nature a repris ses droits mais la construction est bien visible partout. Bien que je n'ai pas trouvé d'accès pour descendre au fond du bassin...nous avons fait une belle balade...
A droite le mur qui s'est rompu sous la pression des eaux / A gauche la buse d'arrivée des eaux du canal
C'est depuis la fin du XIXe siècle, le bassin de décantation de Saint-Christophe, beaucoup plus vaste, qui est désormais en fonctionnement.
Tout le monde peut l'observer en se rendant de Rognes dans le Vaucluse (ou vice versa). Je vous en parlerai plus en détails un jour prochain, mais en attendant que je vous conte son histoire, je vous donne un petit aperçu de ce grand réservoir d'eau.
Et pour terminer, voici à quoi ressemble le canal de Marseille à ce niveau, juste avant l'arrivée à ce nouveau bassin de décantation.
Pour ceux de la région que cela intéresse, je vous mets une carte pour que vous puissiez situer les différents lieux dont je vous ai parlé !