Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Ce roman est présenté comme la suite du roman intitulé "Du sang sur la glace" que j'ai chroniqué sur le blog (voir le pertinent commentaire de Domi en dessous de cette chronique, à propos de l'emploi ce "verbe"...) et qui m'avait permis de découvrir l'auteur. En fait, même s'il reprend certains personnages du roman précédent, les deux titres peuvent se lire séparément sans soucis.
Nous voilà partis au fin fond du Finnmark, la province la plus au nord de la Norvège, le pays des "Samis", une région sauvage et désertique où les habitants ont des croyances ancestrales : ce sont tous ou presque des laestadiens.
Là-bas, la violence conjugale n'affole personne et les mariages arrangés sont légion. Mais la culture same est en perdition et les habitants ont de plus en plus de mal à vivre de l'élevage des rennes ou de la pêche en mer.
Aussi tombent-ils fréquemment dans les pièges de l'alcool.
Les jeunes d'aujourd'hui ne veulent que des boissons gazeuses, du coca. Des scooters des neiges. Des hot-dogs. La gnôle, la pulka et la viande de renne, tout ça, bientôt, ce sera terminé. Nous sommes en perdition. Eh oui.
Je descendis de l'autocar au milieu de la nuit. Plissai les paupières face au soleil. Il lambinait au nord, au-dessus d'une île. Rouge, éteint. Comme moi. Derrière lui, encore de l'eau. Et ensuite, le pôle Nord. Peut-être était-ce là un lieu où ils ne me trouveraient pas.
Un autocar s'arrête à Kasund, dans un minuscule village du bord de mer. Jon Hansen en descend. Il fuit Oslo...
Devenu recouvreur et liquidateur pour le plus gros trafiquant de drogue d'Oslo, que tous appellent le "Pêcheur", Jon a eu le culot d'empocher la prime sans supprimer la cible... mais la cible au lieu de disparaître, a parlé. Il faut dire que Jon avait des circonstances atténuantes car d'une part, il n'avait jamais tué un homme et d'autre part, il avait besoin de cet argent pour faire soigner sa petite fille atteinte de leucémie.
Maintenant c'est trop tard pour avoir des regrets et le voilà arrivé au bout du pays avec la mort aux trousses... En chemin, il a changé de nom et est devenu Ulf.
Dans ce village du bout du monde, il découvre qu'une autre vie est possible : les habitants bien que très méfiants sont prêts à rendre service. C'est le cas de Léa qui a perdu son mari en mer et de son fils Knut, un gamin qui adore qu'on lui raconte des blagues.
Un certain bonheur s'installe, fait de vie quotidienne, d'espoirs, d'échanges culturels avec les habitants. Peu à peu son destin à lui, sans qu'ils le réalisent, va influencer le leur, imposant de modifier leurs habitudes et leurs croyances.
Car le Pêcheur n'oublie jamais...
Rien de pire qu'une balle dont on ne sait pas quand elle va arriver...
C'est un thriller court mais passionnant et bien rythmé qui se lit presque d'une traite. Il est empreint d'humour et l'intrigue est plaisante et bien menée.
L'auteur nous livre ici une sorte d'hommage aux grands maîtres du roman noir américain qui l'ont inspiré et lui ont permis d'être connu dans le monde entier pour sa série des aventures de l'inspecteur Harry Hole (que je n'ai encore jamais lu).
Je me souviens que je me fis la réflexion que j'avais vu plus de ciel pendant mes jours et mes nuits ici que pendant toute ma vie.