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La source de Rays approvisionne la ville de Die pour 90 % de ses besoins en eau. En fait, il serait plus juste de parler des sources de Rays, car il y a plusieurs résurgences. Les sources sont situées à environ 6 km de la ville.
L'eau descend du plateau du Vercors et en particulier de la partie du plateau appelée le Glandasse (2025m). Elle circule à l'intérieur de la montagne avant de resurgir à 780 mètres d'altitude seulement dans la commune de Romeyer.
Le ruisseau de Rays traverse le hameau des Liotards pour se jeter ensuite dans la Meyrosse, une petite rivière qui va ensuite apporter ses eaux à la Drôme au coeur même de la ville.
Les anciens prétendaient qu'après de fortes pluies, des crottes de moutons qui paissent en été sur le plateau du Vercors, auraient été retrouvées dans l'eau de la source...
Mais sans doute n'est-ce qu'une rumeur, n'est-ce pas ?!
Pour monter jusqu'à la source, il faut se garer à la sortie du petit hameau des Liotards et prendre le chemin qui part en direction du plateau du Vercors. La vue sur la montagne est magnifique !
En plus d'être belle, la montagne est utile car c'est elle qui rend les eaux qui la traversent pures et cristallines et pour comprendre pourquoi, il faut regarder de plus près comment l'eau circule au coeur du massif.
Un peu de géologie (d'hydrogéologie je devrais dire)...
La géologie du plateau du Vercors est complexe et je ne vais pas entrer dans les détails, mon article sera assez long comme ça aujourd'hui.
Le massif du Vercors est un château d'eau naturel composé de calcaires datant du Crétacé. Il constitue à lui seul un immense réseau karstique et les randonneurs qui l'ont parcouru savent que sa surface est entaillée de lapiaz : le calcaire est creusé de nombreuses fissures, formées par la dissolution de la roche par l'eau, sur lesquelles il est plutôt difficile de marcher.
De nombreux scialets (appellation régionale pour les avens) et autres cavités plus ou moins profondes, creusés par l'eau dans le calcaire, s'ouvrent aussi à la surface du sol et présentent un certain danger car ils peuvent être cachés par la végétation.
L'eau s'enfonce donc facilement dans ce réseau karstique et bien sûr élargit les fissures et agrandit les cavités au fur et à mesure, au cours du temps.
Les pluies pénètrent pour ressortir ensuite à de nombreux endroits tout autour du massif, des centaines de mètres plus bas.
Ce sont les résurgences naturelles...donc, les sources.
En poursuivant le chemin, le promeneur suit le ruisseau de Rays qui, à ce niveau, est assez large.
L'environnement est très minéral...mais boisé.
Le chemin est en sous-bois par instant.
C'est lorsque le large chemin arrive à un pont qu'il faut bifurquer pour monter par un tout petit sentier qui part au bord du ruisseau.
Une fois sur le sentier, la vue en surplomb du pont donne une idée de la grimpette qui nous attend...
On longe encore un bon moment le ruisseau qui devient de plus en plus étroit. La végétation se resserre et le ciel bleu où dansent quelques nuages, offre à travers les arbres un premier spectacle. Le sol est tapissé de fleurs printanières que je vous montrerai très bientôt.
Très vite, on aperçoit en contrebas le bassin de décantation avec un déversoir situé sur le côté opposé et plus proche de nous, on voit bien sur la quatrième photo, le petit ruisseau qui chute à travers les arbres. Il y a donc bien plusieurs arrivées d'eau.
Un peu plus loin, nous arrivons à l'ancien captage.
L'eau suinte de partout...à travers les roches et la mousse.
Puis après avoir traversé le pierrier, nous touchons au but. Le chemin s'arrête-là, brusquement au bord de l'eau.
Impossible de continuer. Nous restons, assis sur la roche de bordure pour profiter du spectacle !
Pour ceux qui veulent en savoir plus...
Un peu d'histoire d'eau [extraite des Chroniques du Diois numéro 1]
La ville de Die dans la Drôme ainsi que les villages alentours sont depuis toujours alimentés par des eaux de source. Inutile d'acheter des eaux en bouteille, l'eau de source coule directement au robinet. Des contrôles, certes ont lieu mais aucune adjonction d'un quelconque produit.
Au départ, les Romains qui habitaient la ville, s'alimentaient en eau à partir de sources beaucoup plus proches. Dès la fin du Ier siècle, la ville de Die se développe, les besoins en eau se multiplient et les hommes construisent alors deux aqueducs pour aller rechercher l'eau à des kilomètres de la ville.
Au moyen d’aqueducs, ouvrages très répandus dans le monde gallo-romain, l’eau est acheminée vers la cité.
Arrivant dans un réservoir appelé castellum, situé sur un point haut de la ville, sûrement au-dessus du quartier de Chastel, l’eau était répartie dans des conduites en plomb ou en terre cuite jusqu’aux fontaines publiques, thermes ou branchements de riches particuliers.
Les aqueducs amènent l'eau jusqu'au centre de la ville : celui de la source de Rays et celui du ruisseau de Valcroissant. Tous deux permettaient d'acheminer pas loin de 10 000 m3 d'eau chaque jour, ce qui est nettement supérieur à la consommation actuelle de la ville, même en été.
Abandonnées faute de soin dès le Moyen Âge, il faudra attendre le XVe siècle pour que l'eau des alentours de la ville revienne approvisionner les fontaines et autres lieux de la ville.
Mais c'est surtout en 1859, quinze siècles plus tard donc, lorsque la source de Rays est achetée à la commune de Romeyer sur laquelle elle se trouve, que Die retrouve son eau saine, descendue tout droit de la montagne.
En 2011, des travaux importants ont été entrepris sur le captage de la source pour le modifier et le moderniser. Le captage a été déplacé pour se trouver directement sur la zone d'émergence, le bassin de dessablage a été agrandi et la conduite d'adduction datant des années 30, a été refaite en partie. L'autre partie fera l'objet d'une prochaine tranche de travaux.
La zone entourant la source présentait des risques d'éboulement et la falaise a été sécurisée permettant aux promeneurs de se rendre sans danger jusqu'à la résurgence, par ce petit sentier que nous avons emprunté et qui n'est autre que l'ancien aqueduc romain remblayé et disparu depuis des centaines d'années...
A noter qu'en été la population de la ville passe aux environ de 15 000 personnes, pour seulement 4 629 habitants en hiver. Les besoins en eau sont donc considérables et cette source, vue son débit et sa situation particulière, apportera encore longtemps ses eaux pures et cristallines descendues tout droit de la montagne vers la ville.