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L'année dernière, je vous ai déjà emmené faire une Petite balade historique dans la ville de Die, intra-muros. Je me suis promis cette année de vous faire visiter plus en détails certains de ses monuments.
Aujourd'hui je vais vous parler de la Porte Saint-Marcel, la seule porte ancienne encore existante de nos jours dans les remparts.
Et tout d'abord voici quelques photos !
A l'origine, la ville fortifiée comprenait deux portes principales.
La première était la porte Saint-Pierre (ou Porte des Gaules) démolie en 1891. Elle se trouvait à l'entrée de la ville, côté Valence (tournée vers l'Ouest). Seuls quelques vestiges ont été conservés au musée de la ville. Et dans les caves de particuliers subsistent de gros blocs de grès : ce sont les fondations de la tour qui la flanquait au nord.
La seconde est la porte Saint-Marcel dont nous allons parler aujourd'hui: elle s'ouvre côté Est de la ville.
D'autres portes annexes permettaient l'accès à l'extérieur des remparts comme la porte Saint-Vincent par exemple au sud qui s'ouvrait vers la rivière en direction du Pont rompu qui surplombe la Drôme, un pont qui a conservé les culées et la pile centrale de la même époque.
Mais il y avait bien d'autres petites portes qui permettaient aux habitants d'avoir un accès plus facile vers les champs ou les points d'eau et qui en cas de problèmes, restaient fermées.
La porte Saint- Marcel est le seul monument antique du département de la Drôme encore intact.
Elle est classée aux Monuments historiques depuis 1862.
Elle a failli être détruite elle aussi car la ville nécessitait un agrandissement de sa voie principale qui a été fort heureusement déviée pour passer sur la rivière Meyrosse (un affluent de la Drôme) grâce à un viaduc construit en 1845.
Elle a subi de nombreux remaniements et il est maintenant prouvé qu'il s'agit d'une porte essentiellement romaine dont l'originalité réside dans le fait qu'elle est intégrée dans des remparts médiévaux.
En effet, s'il ne fait aucun doute qu'elle a bien été construite vers l'an 300, en même temps que les remparts, elle présente côté ville, un arc monumental du IIe siècle, qui pierre à pierre a été démonté de son ancien emplacement, puis déplacé pour être intégré dans la fortification.
L'arc est surmonté par une tête de taureau qui se voit de loin...
En s'approchant le promeneur découvre d'autres sculptures...
Tout d'abord de chaque côté de la tête de taureau, les deux surfaces de forme triangulaire que l'on appelle des écoinçons sont gravés de centaures. C'est celui de droite qui est le mieux conservé. On distingue très bien la queue de dragon, les pattes de cheval, le buste humain, la trompette droite et sans doute d'autres détails que je ne visualise pas bien sur ma photo par manque de connaissances...
Ensuite au niveau de la voûte, on aperçoit des cercles contenant une rosace en leur centre. Ces cercles se superposent pour former des carrés...
Deux frises ornent encore cette partie de l'arc : une d'entre elles représente une procession religieuse ; l'autre en dessous, très altérée, un animal apprivoisé (un lion ?) et des danseurs...
A gauche, côté nord je n'ai pas réussi à photographier la frise très altérée qui représente deux chars face à face tirés par de gros animaux.
Toutes ces sculptures ont une valeur symbolique car il n'y a jamais eu dans la ville de courses de chars...
Un couloir s'ouvrait sous la voûte et permettait de contourner la herse...il ne pouvait être emprunté qu'à pied.
Du côté externe, la porte est encadrée par deux tours circulaires intégrées dans les remparts et datant de l'âge de la porte (voir les premières photos de l'article). Les tours et la porte sont construits avec les même gros blocs de grès.
La partie haute a été reconstruite en petits moellons, au Moyen Âge et on a ajouté à la porte à cette époque des mâchicoulis, une herse et un pont-levis qui n'existent plus aujourd'hui.
La porte Saint -Marcel porte le nom d'un évêque de Die que les gens de Barjols dans le Var fête chaque année car ils en ont fait leur Saint Patron.
Marcel avait pris la succession de Pétrone, son propre frère, suite à la mort de ce dernier en 463. Il avait marqué la ville par son investissement religieux mais aussi par son action politique qui lui a valu d'être déporté pendant deux ans. Quand il reviendra d'exil, il sera vénéré jusqu'à sa mort survenue en l'an 510.
Pour rester dans le ton de mon article, je terminerai la visite sur une note artistique...
Voici une aquarelle représentant la Porte Saint-Marcel qui a été réalisée par Charles de Teisseire de Valdrôme (1872-1935).
Cet aquarelliste était un artiste provençal impressionniste né à Die. Il était également musicien et a été premier violon à l'orchestre de Nice. Il a peint de nombreux paysages de Die et de la Provence.
En 1928, son aquarelle a servi de couverture à la publication du guide touristique édité par le Syndicat d'initiative de l'époque.