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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Visite d'une forge ancestrale dans la Drôme (2) Le travail du maréchal-ferrant et ses outils

Hier dans mon article intitulé Visite d'une forge ancestrale dans la Drôme (1) : un lieu, une histoire, des métiers...nous nous sommes attachés à présenter la forge dans son ensemble...

Aujourd'hui, nous allons essayer de mieux connaître le travail du maréchal-ferrant et les outils utilisés lors de ce travail.

C'est un monde quasi inconnu pour moi, alors si vous êtes spécialistes et que j'ai commis des erreurs, c'est avec plaisir que j'accepterai que vous m'en fassiez part dans les commentaires. J'ai par ailleurs trouvé de nombreuses contradictions sur les sites que j'ai visités.

Le maréchal-ferrant a besoin tout d'abord d'une tenue particulière. 

Il porte en effet la plupart du temps un grand tablier en cuir qui protège ses jambes. Il ne faut pas oublier qu'il utilise des outils tranchants et que l'usage du tablier est une question de sécurité. 

 

 

Vue générale des outils ...dans l'atelier

Vue générale des outils ...dans l'atelier

Le travail du maréchal-ferrant se décline en plusieurs étapes...

 

Le propriétaire du cheval l'attache tout d'abord par la bride à un anneau planté dans le mur et scellé à l'extérieur de l'atelier...

On en voit souvent sur les façades des maisons anciennes et je réalise que je n'en ai jamais fait de photos ! 

Ma photo n'est pas excellente... mais on distingue très bien l'anneau relié à une pointe qui était scellée dans le mur extérieur de l'atelier. Il est maintenant accroché dans l'atelier au dessus du foyer. 

 
L'anneau qui permettait d'attacher le cheval devant la porte...

L'anneau qui permettait d'attacher le cheval devant la porte...

 

C'est le propriétaire du cheval qui va le tenir pendant toute la durée du travail du maréchal-ferrant.

 

1- Le déferrage du cheval.

 

Avec le dérivoir, le maréchal-ferrant redresse les rivets des clous. Il utilise la tricoise, une sorte de tenaille spéciale, pour soulever le fer puis arracher ou couper  les clous.

Il les enlève ensuite à l'aide du brochoir ce qui permet de libérer complètement le vieux fer.  

Le brochoir est un marteau spécial qui sert à arracher les vieux clous plantés dans le sabot du cheval grâce à son côté fendu puis, de l'autre côté aplati, à enfoncer les nouveaux clous. Parfois c'est le seul outil utilisé pour toute l'opération de déferrage en complément de  la tricoise. 

Souvent le maréchal-ferrant utilise aussi la mailloche, un marteau léger, aujourd'hui à tête nylon. Autrefois il ressemblait beaucoup au brochoir mais ne possédait pas la découpe caractéristique de celui-ci permettant d'arracher les clous. 

 
Les outils indispensables...de gauche à droite : la tricoise, le brochoir, la lime-râpe, le rogne-pied, le boutoir...Les outils indispensables...de gauche à droite : la tricoise, le brochoir, la lime-râpe, le rogne-pied, le boutoir...

Les outils indispensables...de gauche à droite : la tricoise, le brochoir, la lime-râpe, le rogne-pied, le boutoir...

Le brochoir

Le brochoir

 

2- Le parage des pieds du cheval. 

 

Ce travail permet de préparer le pied à recevoir le nouveau fer.

Le maréchal-ferrant racle l'excédent de corne. Il nettoie les fourchettes avec une rénette ou une flamme de vétérinaire.

La rénette (ou rainette) est un instrument à lame courbe destiné à dégager les fourchettes des sabots et à les nettoyer en profondeur, afin d'éviter aux maladies de s'y installer. Un bon maréchal-ferrant doit toujours vérifier l'état des fourchettes avant de remettre un nouveau fer.

Quelquefois à la place ou en complément de la rénette, le maréchal-ferrant utilise une flamme de vétérinaire

Une flamme de vétérinaire utilisée pour nettoyer les fourchettes

Une flamme de vétérinaire utilisée pour nettoyer les fourchettes

 

Le maréchal-ferrant termine le parage en découpant la corne en excès grâce au rogne-pied ou en utilisant une pince à parer.

Enfin, il peaufine son travail avec la râpe pour araser la corne.

Il recommence ce travail pour les quatre sabots...

 

Autrefois, à la place du rogne-pied, il utilisait toujours un  boutoir. 

 

 

Le boutoir

Le boutoir

 

C'est un instrument constitué d'une lame plate et coupante dont les bords sont relevés sur les côtés. Cet instrument très utile pour couper l'excès de corne des sabots,  est connu depuis les romains. 

Cet outil a été la cause de nombreux accidents et coupures graves non pas sur les chevaux mais sur les hommes qui l'utilisaient : il a dont été interdit dans l'armée à la fin du XIXème siècle.

Voilà pourquoi, peu à peu depuis cette époque, il a été remplacé par le rogne-pied qui est, lui aussi, un outil coupant et bien aiguisé mais qui nécessite l'usage des deux mains ! 

 

La râpe possède une double face : une face- lime pour travailler le métal et l'autre face -râpe pour travailler sur la corne du sabot.

 

 

3- Le ferrage 

 

C'est à cette étape que le maréchal-ferrant utilise la forge.

Il  fait chauffer les "empreintes de fer" choisies afin de les adapter à chaque sabot selon l'anatomie du cheval. 

Les empreintes de fer et les fers prêts à poserLes empreintes de fer et les fers prêts à poser
Les empreintes de fer et les fers prêts à poser

Les empreintes de fer et les fers prêts à poser

Il les chauffe au rouge. Cette étape est très importante car il ne faut pas recuire le métal. C'est la raison pour laquelle l'atelier de forge est toujours dans la demi-obscurité, afin de bien surveiller les couleurs de chauffe. 

 

Avec la tenaille de forge, qui a des embouts aplatis, il attrape le fer brûlant et le présente sur l'enclume où il va pouvoir le travailler tout en le tenant fermement, sans crainte de se brûler, le marteler et le rectifier grâce à la bigorne (vous vous rappelez  ?!).

Il utilise pour cela un marteau spécial appelé un ferretier (ou ferratier ou encore fertier). C'est parmi tous les marteaux utilisés celui qui est indispensable au maréchal-ferrant pour forger les fers.

Les tenailles de forge placées à portée de main sur le côté du billot sur lequel est fixée la grosse enclume

Les tenailles de forge placées à portée de main sur le côté du billot sur lequel est fixée la grosse enclume

Près du foyer, on distingue très bien à gauche les tenailles de forge au milieu d'autres outils...

Près du foyer, on distingue très bien à gauche les tenailles de forge au milieu d'autres outils...

Il va ensuite le présenter sur la face plantaire du pied en le  maintenu à l'aide des tricoises et la chaleur ramollit la corne, facilitant la fixation.

Parfois il doit utiliser un marteau à étamper pour rajouter un trou (étampure) au fer. Ce marteau a un embout pointu.

 

Le fer est ensuite refroidi dans l'eau. Une fois refroidi,  il pourra être fixé sur le sabot à l'aide du brochoir, déjà utilisé. 

 

Le maréchal-ferrant utilise des clous forgés sur place, de section carrée, long de plusieurs centimètres qu'il place dans chacune des étampures du fer. 

Chaque clou se termine par une lame effilée qui va être rabattue et enfoncée dans la corne du sabot. 

Pour cela, il utilise une pince à river.

 
Une caissette emplie de clous forgés

Une caissette emplie de clous forgés

Parfois, il utilise un  dégorgeoir pour créer une logette supplémentaire dans la paroi du pied et pouvoir y enfouir le rivet.

Il termine le travail en coupant l'excédent de métal et en rabotant, puis en tapant avec la mailloche sur le fer afin d'assurer son scellement sur le sabot.

Le maréchal-ferrant utilise aussi un compas de pied pour mesurer la corne et rectifier un éventuel défaut du pied. Ces mesures lui permettent de fabriquer un fer parfaitement adapté au cheval.   

Enfin, tous les outils coupants sont aiguisés régulièrement soit avec une pierre à eau, soit avec un affûtoir ou un affiloir. 

Je tiens beaucoup à remercier ici Michel Maillet !

D'abord, il m'a autorisé à publier les photos d'un lieu privé qui lui appartient.

 

Ensuite, sa passion pour faire revivre ce lieu chargé d'âmes où ses ancêtres se sont succédé, nous a beaucoup touché.

Nous avons senti que, parler de ce merveilleux métier, était pour lui un moment chargé d'émotion et j'espère participer un peu à son devoir de mémoire, en diffusant ces deux courts articles sur mon blog. 

 

Nous avons senti l'odeur du feu et entendu le bruit de la frappe sur le fer.

Nous avons aimé imaginer les paysans du coin, venant chez son grand-père ou son arrière-grand-père...faire réparer un outil cassé.

Nous avons même imaginé que peut-être un des ancêtres de mon mari était venu faire fabriquer par un des siens, une clé pour le cabanon du jardin du Perrier par exemple, ou peut-être, tout simplement la grosse clé de la cave de la maison familiale...et en remontant encore plus loin dans la vie familiale, était venu là, faire ferrer son cheval. 

Et d'ailleurs ce n'est pas peut-être que je devrais dire, mais sûrement, car où serait-il allé...il n'y avait qu'un seul forgeron à Die, et dans le passé, un seul maréchal-ferrant !

 

Peut-être ce lieu deviendra-t-il un jour prochain, un musée ?

Je vous le souhaite sincèrement M.Maillet, si tel est votre souhait et celui de vos enfants.

Je suis sûre que ce lieu aura alors de nombreux visiteurs et que l'œuvre de vos ancêtres ne tombera jamais dans l'oubli.

 

Au revoir !

Au revoir !

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P
Effectivement étant maréchal ferrant, je constate qu'il y as quelques erreurs mais ce n'est pas bien grave.<br /> Sympa en tout cas que l'on parle de notre métier.
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M
J'avais adoré effectuer cette visite. C'est un métier que je ne connaissais pas et bien entendu je n'ai pas pu tout retenir des explications données. Merci de votre commentaire. Bon dimanche
T
Re bonsoir,<br /> Pourriez vous m'envoyer par mail la photo originale svp ?<br /> Et la source exacte svp.<br /> Voila mon mail : ahmedthanthaoui@hotmail.com<br /> <br /> Merci infiniment monsieur pour votre aide précieuse.
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M
Bonjour<br /> Je viens de vous envoyer la photo sur votre messagerie. Bonne journée
T
Bonjour. Je suis professeur et musicien. J habite au Maroc à Oujda. Je suis entrain d écrire un livre sur les activités de ma famille a Oujda. J ai parlé du métier de mon grand père et de son atelier mais je n'ai pas trouvé une photo comme témoin. Alors je veux utiliser la vôtre en signalant bien sûr son origine. Merci.
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M
Rebonjour,<br /> Merci beaucoup pour toutes ces précisions. Comme je vous l'ai dit il n'y aucun problème... Je comprends mieux votre intérêt. Si vous avez besoin de la photo originale dites-le moi. Bon courage pour l'écriture de votre livre...
T
Bonjour Monsieur,<br /> mon grand père était maréchal-ferrant entre les années 1890 et 1968. je cherchais des photos pour un sujet mais malheureusement je n'ai rien trouvé. est-ce que vous m'autorisez à utiliser votre photo de l'atelier ? parce qu'elle ressemble beaucoup à l'atelier de mon grand père.<br /> N.B: je prends uniquement la photo de l'atelier. merci bien.
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M
Bonjour<br /> Il n'y a pas de problèmes de ma part pour partager cette photo mais j'aimerai savoir ce que vous allez en faire exactement. Il faudra juste signaler que cette forge se trouve à Die (dans la Drôme) et que la photo provient de mon blog...Merci
É
Un de mes collègues a deux chevaux et les emmène ferrer de temps en temps chez un maréchal-ferrant.
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Q
Heureusement que tant qu'il y aura des chevaux nous continuerons à avoir besoin de forgerons... enfin, je l'espère.<br /> Un savoir ancestral à préserver.<br /> Merci pour ce beau reportage.<br /> Passe une douce journée. Bisous.
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M
Oui j'ai même été étonné par le nombre de maréchaux-ferrants présents en France. Il est vrai que l'élevage des chevaux est en plein essor...<br /> Bisous et bon dimanche Quichottine.
C
Oui ça devait être très intéressant, j'ai vu faire ce travail une fois dans une fête de village ! Il existait autre chose que les anneaux fixés au mur, ça s'appelait un " métier à ferrer ", un toit posé sur quatre montants, et un système de sangles passé sous le ventre de l'animal ou de la vache ! J'en ai vu l'année dernière en Aveyron !<br /> Belle soirée !<br /> Cathy
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P
Ce n'est pas un métier à ferrer mais un "travail" on l'utilise essentiellement pour les chevaux lourds comme par exemple les chevaux de traits.
M
Merci de me le dire, je ferai des recherches...Bon après-midi !
C
Mais dans l'article que j'ai lu ils disent que ça sert aussi aux chevaux ... je me suis " plantée " dans mon commentaire, je voulais écrire cheval, et pas animal, je devais être fatiguée !!!<br /> Bon dimanche, bisous !<br /> Cathy
M
En effet j'ai vu ce harnachement pour les boeufs en Haute-Loire dans un petit village proche du Puy-en-Velay...Je crois même que je l'ai pris en photos. Mais pour le cheval, quand tout va bien, il est juste attaché par la bride. J'en conclus que le cheval est plus calme ou plus intelligent que le boeuf !!<br /> Bon dimanche Cathy
M
Un bel article chargé d'Histoire et je suis sûre que Michel Maillet (tenait-il le marteau ?) a accompagné son récit de petites histoires pour enrichir encore tout ce beau travail ancien. Ancien de cette façon, car c'est vrai que ce métier se transforme comme tu nous l'as fait remarquer dans le précédent article. J'espère que ces outils et ces techniques perdureront sous forme de musée et ressortiront lors d'animations sur les anciens métiers comme on le fait dans certaines communes. Merci Manou et belle journée...
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M
C'est un savoir infini qu'il possède et il ne peut entrer dans ce lieu sans avoir un pincement au coeur, nous a-t-il dit...J'espère moi aussi que tout ce savoir ne partira pas en fumée avec les outils. J'ai vu que pleins d'outils similaires se retrouvaient en vente sur ebay...A suivre donc !<br /> Bon dimanche Mimi
M
Impressionnant et tout beau, très intéressant! Bise et bon samedi tout doux!
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M
Merci Maria-Lina ! Bon samedi à toi aussi...
N
Bonjour Manou, magnifique!!! Qu'est-ce que j'ai aimé parcourir ta page. J'avais l'impression que grand-père me parlait... C'était très instructif car maman ne m'avait pas beaucoup parlé de son métier. Je sais simplement qu'il portait une écharpe ou ceinture rouge à la taille. La portaient -ils tous à l'époque? je ne saurai te dire. Beaucoup d'émotions ressenties à la vue de tous ces merveilleux outils. Je t'embrasse et te souhaite un merveilleux week-end.
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M
Merci Nell pour ces précisions. J'ai vu une photo en effet d'un maréchal-ferrant avec une ceinture rouge. Mais je n'ai trouvé aucun élément précis la concernant aussi je n'ai pas osé en parler. Peut-être cela correspondait à une distinction ou à un grade durant le compagnonnage ??<br /> Ces outils m'ont fasciné...moi aussi. Passe un superbe week-end avec tes amis dans ton chaleureux jardin fleuri !! Bisous
T
Un métier à part entière quand on voit la complexité des opérations, et je doute qu' un jour un robot remplace l' homme !<br /> Et c' est un métier d' avenir !<br /> Merci pour toutes ces explications et tes photos !<br /> Passe une bonne journée<br /> Amitié
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M
C'est sûr je ne vois pas un robot adapter un fer à la morphologie du sabot d'un cheval et surtout lui parler pour le rassurer tout en travaillant...les chevaux sont tellement sensibles à leur environnement. Passe un bon week-end !
C
Un article très bien fait, très détaillé et aussi chargé d'émotion ! merci.<br /> J'ai déjà pu observer ce travail de maréchal ferrant notamment car il est redevenu indispensable avec tous les férus d'équitation !<br /> Très bon week-end.
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R
je suis fille de forgeron /maréchal ferrand depuis plusieurs générations je connais tt cela .
M
Merci ! Je n'ai eu qu'une seule fois l'occasion de voir un maréchal-ferrant à l'oeuvre et j'avoue avoir été fascinée par son travail. Mais tu as raison avec le développement des haras dans toute la France le métier perdure et traverse le temps tout en se modernisant !<br /> Très bon week-en à toi aussi...