La méréville au milieu d'autres fruits d'automne
La méréville (ou merevilho en provençal) qu'on appelle aussi "citre" (dans le Vaucluse surtout lorsqu'elle est ronde) ou "merveille" ou encore "gigérine", "gingérine" (un n en +), "pastèque blanche" ou "pastèque à confiture" ou encore "courge barbarine", est une variété de pastèque (Citrullus lanatus var. citroides), appartenant à la famille des Cucurbitaceae. Les anglais l'appellent "watermelon" d'où son surnom de "melon d'eau".
Bref chez moi c'était la méréville et je ne la connais que de forme ovale !
C'est donc une pastèque (et non pas une courge) à chair blanche qui n'est utilisée que pour faire des confitures. Certains en font des tartes...Moi je ferai plutôt la tarte avec un pot de confiture, sur une pâte sablée car le fruit est très long à cuire et reste ferme.
On la trouve à l'automne chez nos producteurs régionaux BIO et dans toute la zone méditerranéenne, en particulier en Espagne et au Portugal. Mais c'est un fruit qui se fait rare sur les étals et la tradition de faire cette confiture se perd.
Il faut reconnaître que la confiture est longue à préparer et à cuire.
Mais c'est un vrai délice !
Chez nous, on la préparait dès les premiers froids.
La méréville a l'aspect d'une grosse pastèque ovale de couleur verte striée de vert pâle, qui pèse 3 à 5 kg. Sa chair est claire. On ne peut pas la manger crue.
Elle a les mêmes qualités nutritionnelles que la pastèque rouge dont nous nous régalons l'été et qui permet de se désaltérer.
Elle est riche en citrulline, un acide aminé qui donne une meilleure tonicité aux muscles (très important pour les sportifs et les personnes âgées). Elle contient aussi du lycopène, un anti-oxydant qui fait baisser le taux de cholestérol.
Ingrédients
1 méréville
750 g de sucre par kilo de fruit trié (bien sûr!)
1 citrons non traité par kilo de fruit (zeste et jus)
1/2 gousse de vanille (non ouverte) ou 2 bâtons de cannelle
Remarque perso : Certaines recettes sur internet proposent l'emploi d'oranges. Perso, dans ma famille je n'ai jamais vu faire çà et je crois que cette variante vient du Var ou des Alpes maritimes, où les oranges amères poussent dans les jardins.
Coïncidence amusante, alors que j'étais en train de rédiger cette recette, sur le marché du village, je rencontre une personne de mon âge qui m'a affirmé que sa mère et sa grand-mère mettaient toujours un citron et une orange dans la confiture. Et devinez d'où elles étaient originaires ?!
Elles-mêmes, pour changer un peu, mettaient quelquefois, une bergamote par exemple, une autre année, uniquement du citron ou que de l'orange.
Donc, rien ne nous empêche de nous éloigner de la tradition, donc, selon nos goûts !
Mais attention à l'emploi des agrumes : s'ils ont une utilité car ils renforcent l'acidité de la confiture, mais ils peuvent aussi masquer complètement le goût tout en finesse de la méréville. Ne mettez pas plus de 3 citrons ou 2 oranges pour une grosse pastèque, ce qui correspond à environ 3 kg de fruit préparé.
Attention à ne pas mettre trop de sucre non plus, car alors, la confiture pourrait cristalliser en surface, ce qui ne manquera pas d'amuser vos enfants ou bien caraméliser à la cuisson et perdre sa belle couleur dorée.
Le Reboul, ma bible en cuisine, préconise 750 g de sucre pour 1 kg de fruit préparé. C'est ce que je fais :)
1- Laver la pastèque entière et la brosser éventuellement si elle est terreuse.
2 - La couper en grosses rondelles, puis chaque rondelle en deux, quatre ou six morceaux pour pouvoir les éplucher plus facilement sans vous couper, car la peau est très dure, et avoir accès plus facilement aux graines qui se situent dans la partie spongieuse centrale.
La préparation demande beacuoup de patience...
3- Une fois épluchés, couper les morceaux en morceaux plus petits, puis en cubes ou en lamelles selon votre goût. Les morceaux doivent être de taille à peu près semblable.
Pour info : Il m'a fallu environ 3/4 d'heure pour tout couper. Pour aller plus vite je commence par éplucher les morceaux, puis je découpe la chair dans les zones dépourvues de graines, proches de la peau. Puis je passe un peu plus de temps à épépiner la partie centrale, plus spongieuse, pleine de jus et de vitamines, que je débite un peu plus grossièrement car cette chair spongieuse va se ramollir et fondre lors de la cuisson, donnant consistance au jus.
Les morceaux prêts à être recouverts de sucre
4 - Peser les morceaux. Préparer la quantité de sucre utile pour la recette. Presser le jus des citrons et couper en très fines lamelles les zestes (ou les passer au mixeur avec 1 cuillère à soupe de sucre pour faciliter le mixage).
5- Placer les morceaux directement dans la bassine à confiture avec les citrons (zeste et jus), la vanille et le sucre.
La macération peut commencer...
6- Laisser macérer ainsi toute la journée (ou toute la nuit). La courge a rendu toute son eau.
Les morceaux de méréville ont rendu toute leur eau.
7- Mettre à cuire à feu doux environ 1 heure. Puis laisser refroidir et reposer 24 heures.
8- Le lendemain. Remettre à cuire environ 30 à 40 minutes. Selon les années, la pastèque est plus ou moins riche en eau. Selon la grosseur de vos morceaux elle devra cuire plus longtemps.
9 - Le jour suivant, mettre à cuire à nouveau 30 minutes au moins...
Normalement les morceaux de pastèque sont devenus totalement translucides et ont pris une belle couleur dorée.
De plus, le jus qui les entoure doit se figer quand on en verse une goutte sur une assiette froide.
La cuisson de la confiture à différents stades...
10- A ce stade vous pouvez mixer la confiture (sans les épices) ou pas selon votre goût personnel.
Traditionnellement on ne la mixe pas et on la mange avec les morceaux confits à point !
11- Mettre en pots. Puis étiqueter et ranger dans votre placard à confitures.
C'est une confiture de dessert ou de goûter à la belle couleur dorée qui se mange simplement avec un biscuit, style petit beurre ou un sablé maison.
Si vous voulez la tartiner facilement ou la manger avec des crêpes, préférez la version mixée.
Quand j'étais enfant, c'était notre dessert du soir au moins une fois par semaine, en alternance avec d'autres confitures en morceaux (prunes, abricots, cerises...), surtout vers la fin du mois...Ce dessert simple et délicieux a marqué mon enfance.
La confiture de méréville est pour moi synonyme des desserts gourmands d'hiver.
Ses morceaux dorés ressemblent à des fruits confits.
Ils sont tendres à souhait et raviront les gourmands !
Une confiture à la belle couleur dorée...