Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Tarek Eltayeb est né au Caire en 1959 .
Son père est soudanais et sa mère d'origine soudano-égyptienne.
Son père posséde une bibliothèque personnelle bien garnie dans laquelle le jeune Tarek puise. Quand son père lit, le petit Tarek qui ne sait pas encore lire, s'installe à côté de lui "pour l'imiter".
“J’étais convaincu non seulement qu’il fallait les lire, mais en plus qu’ils avaient été écrit par mon père, puisque -méticuleux comme il était- il gravait son nom sur tous les volumes."
Après 1967, la famille déménage à Ain Shams, dans le nord du Caire, un quartier avec de grandes communautés coptes soudanaises et égyptiennes.
, les femmes se réunissent dans la maison pour cuisiner et le jeune Tarek écoute leurs histoires...beaucoup plus intéressantes et amusantes que celles des hommes qui eux parlent uniquement argent et politique.
De plus les enfants jouent un rôle important au sein de la famille. Si la grand-mère est obligée de sortir pour faire des courses, elle leur demande d'écouter le feuilleton à la radio (qui à l'époque durait une semaine) et de lui raconter l'histoire !
Comme ils sont jeunes, chacun raconte l'histoire à sa façon en inventant des détails, réinventant l'histoire en créant des éléments nouveaux...
C'est durant sa scolarité que son intérêt pour la langue arabe classique commence à se développer.
où il .
En parallèle, il travaille comme comptable au Caire jusqu'en 1984.
Avant de partir, il passe six mois en Irak où il travaille dans le restaurant d'un ami. Mais là-bas rien n'est simple : le restaurant est dans un village isolé et a peu de clients. Les factions kurdes et arabes se battent (les deux amis se retrouvent coincés en plein milieu).
Son ami est contraint de travailler dans le commerce des épices et disparaît (avec l'argent de certains clients). Les clients se retournent contre Tarek qui est contraint de rentrer rapidement au Caire.
Tarek ne veut pas faire comme les autres soudanais et partir dans un Pays anglophone ou bien francophone. Il pense d'abord à L'Allemagne, puis apprend qu'en Autriche les étrangers ne payent pas de frais de scolarité. L'Europe l'attire au point de vue culturel.
En 1984, il s'installe alors Il y rencontre sa femme, Ursula.
“Quand j’annonçai à mon père que je me mariai ici dans le nord, il ne me le reprocha pas. Lui, d’ailleurs seul garçon d’un père entouré de treize femmes, quand il partit au Caïre pour se marier à ma mère, fut déshérité par mon grand-père. Il comprit qu’il était inutile de me faire vivre le même cauchemar.”
Pour financer ses études à l'Université de Vienne, il est obligé d'effectuer de petits emplois comme distributeur de journaux, de tracts, ou employé à la plonge...
Il enseigne aussi l'arabe et plus tard travaille comme traducteur et interprète.
"Le transfert de technologie par l'intermédiaire de l'éthique dans la lutte entre l'identité et le profit".
Il obtient son doctorat en sciences économiques et sociales en 1997 et est actuellement professeur et maître de conférence à l'Université internationale des Sciences Administratives de Krems, en Autriche.
Il écrit de la poésie depuis 1985 et publie régulièrement ses poèmes dans plusieurs revues arabes et européennes. Il écrit aussi des textes courts, des textes en prose et des articles dans diverses revues.
Il participe à différentes manifestations en particulier des lectures poétiques tout autour de la Méditerranée et jusqu'aux États-Unis.
En 2009 (entre le 22 et le 30 juillet) il participe au deuxième Festival international de Poésie, organisé par les Amis de la Bibliothèque de San Francisco aux côtés de nombreux auteurs.
En 2011, il participe à la sixième édition du Festival de la Littérature méditerranéenne à Malte (8 au 10 septembre) aux côtés d'écrivains de renom venant de neuf pays. Le thème central était "Le printemps arabe : Dignité et Liberté".
Son oeuvre parle de l'émigration. Sa langue possède une gamme de couleurs et de nuances qui proviennent directement du dialecte soudanais, tout en étant largement influencée par l'arabe, mais aussi par la culture européenne.
“Ma langue littéraire, bien qu’elle soit l’arabe classique, inclut des nuances du dialecte soudanais de mon père, de l`’arabe du Caïre et, naturellement, de l’allemand, puisque j’habite à Vienne depuis 20 ans”.
Un jour en 1998, il rencontre Naguib Mahfouz (Premier écrivain de langue arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de Littérature en 1988) au Café Ritter, un des café historiques de Vienne où se tenaient des rencontres littéraires.
Tarek n'en revient pas que celui-ci connaisse ses oeuvres. lui demande de s'installer à côté de lui et de lire ses textes...
"Il me demanda de lire mes histoires. Lorsque ce Prix Nobel connut ma présence dans le café, il voulut que je m’assoie à ses côtés et je me sentis ému comme un écolier. Il voulait tout savoir de la vie en Autriche, de ses différences avec la société égyptienne ; il était très intéressé par mes projets. Non seulement il avait lu mes histoires, mais en plus il les connaîssait très bien”.
En 1994 Naguib Mahfouz avait été l'objet d'un attentat durant lequel il a été blessé à la main droite, à cause de son livre "Les Fils de la Médina", jugé blasphématoire Jésus, Moïse et Mahomet.
Le roman avait d'abord été publié en 1959 dans la presse égyptienne, avant d'être interdit par les islamistes car jugé dangereux pour la religion. Il n'a jamais pu être publié en Egypte...
a vu lui aussi certains de ses écrits censurés comme par exemple une de ses histoires courtes intitulée "Ils sortent d'ici" jugée trop implicite sexuellement...
Sitographie
- le site cafebabel.
- le site consacré à l'auteur.
- le site de poésie (italien).
Bibliographie
Publications en arabes :
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Choix de poèmes...
Caffè e acqua (Eau et café)
Traduit de l'italien
source http://www.casadellapoesia.org
Cent fois par jour, il dit
"Je devrais revenir. Ici, il n'y a aucune pitié.
Là-bas, il y a gentillesse et chaleur et ... "
Puis il se tait.
Je lui demande: «Là-bas?
Où est-ce ? "
Il Indique quelque part.
Le visage impassible,
Il ne dit plus rien.
Je le prends par la main.
Nous allons dans un café
et nous nous asseyons à une table tranquille dans un coin.
Je commande un café pour lui
et de l'eau pour moi.
Je lui parle en arabe
et je mélange l'eau au café.
Il est contrarié, « Tu es fou ?"
Il essaie d'enlever l'eau
du café.
Il recommence
Il essaie de faire revenir l'eau
dans l'eau.
Noir
Traduit de l'italien
Source :
J'ai traversé la rivière,
et quand j'ai atteint l'autre rive
J'étais noir.
J'ai crié à mon compagnon sur la rive
"L'eau est superbe. Viens ! "
Mais ma couleur lui faisait peur,
Il n'a pas dit un mot.
Je lui ai dit
de traverser la rivière.
Il murmura quelque chose,
et le vent amena
quelques fragments de ses paroles.
Je lui ai crié
de venir plus près
Mais mon compagnon avait peur
de ma couleur
et ne m'écoutait plus
oubliant notre passé.
Chaque année, je descend à la rivière,
Je l'appelle devant tous ces gens,
Je suis sur le point de le retrouver
Mais j'ai peur de perdre
ma vraie couleur
et ma raison.