Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
en Pologne. elle fréquente d’abord l’école publique, puis à partir de 1935, le gymnase des Sœurs Ursulines.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle commence à travailler en tant qu’employée des chemins de fer, pour échapper à la déportation du IIIe Reich
Elle travaille pour des revues et y fait publier ses premiers poèmes. Elle s'implique dans des cercles de créations littéraires locaux où elle rencontre Czeslaw Milosz.
Des 1945, elle publie ses poèmes dans le quotidien de Cracovie "Dziennik Polski". Elle est ensuite rédactrice pour la revue hebdomadaire "La Vie littéraire" et aussi traductrice.
Elle traduit la poésie baroque française et la fait connaître dans son pays.
Elle traduit aussi magnifiquement en polonais le grand poète yiddish Itzik Manger.
Obligée d'abandonner ses études avant l'obtention de son diplôme, elle travaille comme secrétaire pour un magazine d'éducation et comme illustratrice.
Elle se marie en 1948 au poète Adam Włodek, mais divorcera en 1954.
Après la Deuxième Guerre mondiale, elle adhère comme beaucoup d'intellectuels aux idées de la République populaire polonaise et devient membre du Parti ouvrier unifié polonais (communiste) puis s'en éloigne dans les années 50, pour le quitter définitivement en 1966.
, elle fréquente des dissidents au régime. Ses poèmes circulent à l’étranger surtout autour de la revue Kultura, éditée à Paris.
Elle rejette à cette époque ses textes de jeunesse, trop assujettis selon elle aux impératifs du réalisme socialiste. Elle comparait d'ailleurs non sans une certaine ironie,
De 1981 à 1983, elle fait partie du comité de rédaction du mensuel cracovien "Pismo".
Dans ses oeuvres inspirés de la Seconde guerre mondiale, puis du communisme, elle décrit la haine, la bêtise, le terrorisme et la torture, les souffrances...sur un ton où l'humour et l'ironie s'entremêlent.
Dans son livre intitulé "Questions à soi-même", elle montre que malgré le fait qu'elle est restée plutôt à l'écart de la vie politique, elle se pose de nombreuses questions sur la vie spirituelle et les problèmes moraux de notre époque. "Il n'est pas de questions plus importantes que les questions naïves…" nous dit-elle.
La simplicité apparente de son langage dissimule une infinité de lectures possibles et formule un perpétuel questionnement sur le rapport de l'homme à l'existence, la nature, l'animalité et l'universalité...
Déjà très connue dans son pays, où elle a obtenu de nombreux prix et récompenses, mais aussi en Allemagne, il faudra attendre ce Prix Nobel pour qu'elle soit découverte et appréciée par le monde entier.
Mais son écriture au style très diversifié, rend ses oeuvres très difficiles à traduire directement du polonais. Malgré cela, ses œuvres sont traduites dans beaucoup de langues dont le japonais, le chinois, l'hébreu et l'arabe et restent donc accessibles à un large public.
Ses traducteurs ont été Piotr Kaminski, pour la traduction française, et Stanislaw Baranczak et Czeslaw Milosz pour les traductions en anglais. C'est grâce à eux que nous la connaissons.
Cette grande poétesse discrète et effacée qui porta longtemps en elle la honte de n’avoir été qu’un fétu de paille au fil du courant, sans jamais avoir eu le courage de nager à contre-courant, nous a quitté le 1er février 2012.
« Le poète nous parle, nous fait pénétrer dans la vie telle qu'il la perçoit, sans jamais rien expliquer, sans jamais rien justifier. » disait-elle.
Sitographie
- le principal, où vous trouverez des choix de textes : le site Esprits nomades.
- Gazeto Beskid, le premier magazine on line francophone consacré à la Pologne.
- le site culturel polonais (en anglais).
et l'article de wikipedia.
Bibliographie (source : le site du Printemps des Poètes)
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Encore
Dans les wagons plombés
Des prénoms traversent la contrée,
Mais jusqu'où ils voyageront,
Si un jour ils en descendront,
Je n'en sais, je ne vous dirai rien.
Prénom Nathan cogne contre la cloison,
prénom Isaac hurle et chante sa folie,
prénom Sarah pour deux gouttes d'eau supplie,
puisque se meurt de soif le prénom Aaron.
Ne saute pas dans le vide, prénom David.
Ce prénom te flétrit pour la vie,
Ce prénom on ne le donne à personne,
C'est trop lourd à porter par ici.
Que ton fils porte un nom slave et blond,
Car ici, chaque cheveu on recense
Car ici on sépare le bon grain de l'ivraie
D'après tes paupières et d'après ton prénom.
Ne saute pas. Que ton fils s'appelle Lech.
Ne saute pas, Ce n'est pas encore l'heure.
Ne saute pas. La nuit rit aux éclats,
Et ricanent les wagons sur la voie.
Un nuage humain passe sur le pays,
Grand nuage, et une larme pour toute pluie,
Petite pluie, rien qu'une larme, quelle sécheresse.
Et les rails dans le noir disparaissent.
C'est comme ça - fait la roue. Pas de clairière.
C'est comme ça - train de cris à travers bois.
C'est comme ça - dans la nuit, je l'entends.
C'est comme ça - le silence cogne le silence.
"Fleuve d’Héraclite"
traducteur Christophe Jezewski et Isabelle Macor-Filarska.