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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Princesse Bari de Hwang Sok-Yong

 

La légende de la Princesse Bari

 

"Princesse Bari" est un conte coréen traditionnel, très populaire car il est lié aux croyances et à la mythologie coréennes.

Bari était la septième fille d'un couple royal qui désirait ardemment un garçon. A sa naissance, sa famille décide de l'abandonner. La mère fait construire un cercueil de pierre, y place l'enfant et le jette à la mer (ou selon les versions dans la rivière, dans les montagnes). Mais Bari survit et revient toujours au palais. Selon les versions c'est une grue, une pie ou une tortue qui la sauve.

Un vieux couple la recueille et s'occupe d'elle. Elle grandit. Mais un jour, le Roi tombe malade. Pour le soigner il lui faut un élixir de vie (l'eau d'une source miraculeuse). Seule Bari accepte de parcourir le monde à sa recherche : elle ira vers l'Ouest, là où le soleil se couche. Il lui arrivera quantités de mésaventures et elle fera même un voyage dans l'au-delà...

Un jour elle rencontre un totem et comme elle perd un pari contre lui, elle est obligée de l'épouser, de lui faire des enfants et de rester 3 ans auprès de lui.  Elle apprend alors que l'élixir de vie est tout simplement l'eau qui sert à cuire le riz ou à se laver, celle qui est près de nous et qu'on utilise tous les jours !

La princesse a donc traversé toutes ces épreuves inutilement ? ! Mais la morale de l'histoire c'est que même si l'eau de vie n'existe pas en tant que telle, Bari, grâce à ses aventures et ses rencontres, a "gagné un coeur capable de voir ce qu'est l'eau de vie".

Bien sûr comme toutes les légendes, il en existe une infinité de variantes !

 

Princesse Bari de Hwang Sok-Yong

 

Le roman

 

Bari, la narratrice de ce roman, parce qu'elle est la septième fille de la famille, est abandonnée dans la forêt par sa mère le jour de sa naissance.

 

Mais Hindung, la chienne de la maison la ramène et la cache dans sa niche jusqu'à ce que la grand-mère la trouve. Au bout de 100 jours comme elle n'a toujours pas de nom, la grand-mère décide de l'appeler Bari, comme la princesse du conte, ce qui veut dire "abandonnée".

Après quelques années faciles où elle grandit au milieu de ses soeurs, protégée par sa grand-mère et par son chien, l'histoire de la Corée du Nord la rattrape.

 

La terrible famine des années 1990 amène sa famille au bord du gouffre. Des cadavres jonchent les rues et les survivants errent sur les routes.

Puis c'est la répression politique qui va disperser la famille. Parce que leur oncle a commis des malversations et contracté des dettes, toute la famille va être punie : le père, qui ne sait pas où est l'oncle, est emmené en camp de rééducation par le travail. La mère et trois de ses soeurs quittent aussi la maison pour aller travailler en usine afin de rembourser. Elle ne les reverra jamais...

 

Obligées de se réfugier en Chine, Bari, sa grand-mère et Hyuni, sa soeur aînée d'un an, attendent le retour du père.  D'abord aidées par la générosité d'une famille de fermier qui les fait travailler en échange d'un toit et d'un peu de riz, elles sont obligées de s'installer dans la montagne dès le retour du père. Mais les hivers sont trop rudes dans la cabane aménagée avec les moyens du bord  et Hyuni meurt de froid une nuit de tempête. Le père décide alors de partir à la recherche de sa femme et de ses filles aînées.

 

Bari, restée seule avec sa grand-mère, assiste à sa mort soudaine : elle n'a que 11 ans ! Elle décide alors de retourner dans son pays et retraverse le fleuve mais n'y trouve que désolation et solitude.

Elle revient alors en Chine où une connaissance de son père va l'aider à trouver du travail et la protéger. Là elle va avoir un peu de tranquillité.  Elle va travailler d'abord dans un restaurant puis faire la connaissance de Shang, qui devient son amie... Dans le salon de manucure où Shang travaille, Bari va apprendre à masser les pieds des clientes selon les différents points d'acupuncture.

 

Le destin de réfugiée l'obligera à fuir de nouveau et la  conduira (de force ?) dans les cales d'un cargo obscur, jusqu'à Londres où, à 16 ans, son métier la sauvera de la prostitution et lui permettra de développer ses dons de voyance transmis par sa grand-mère.

Elle s'en servira pour soulager les maux des autres : en leur massant les pieds elle soignera aussi leur âme !

Elle rencontrera celui qui deviendra son mari. Mais le destin est vraiment dur avec elle et lui réservera encore bien des malheurs.

Pour tenir le coup, elle cherchera des réponses dans l'au-delà où elle retrouvera sa grand-mère et son chien adoré, Chilsong (le bébé de Hindung). Ces rêves éveillés, ces visions de l'au-delà prendront de plus en plus de place dans sa vie en même temps que dans le roman...

 

Ce que j'en pense

 

A travers le destin tragique de Bari, le lecteur découvre l'histoire de ces milliers de réfugiés qui ont fuit, pour survivre, la Corée ou la Chine pour se rendre en Europe, en traversant les mers dans les cales de cargos surchargés, et le plus souvent au péril de leur vie, abandonnant parfois femmes et enfants, comme l'ont fait avant eux des milliers de migrants venus des quatre coins de la planète.

 

Cependant il faut noter que l'auteur ne parle pas de l'Europe comme d'un eldorado. Il décrit la vérité sur l'exclusion et les conditions de vie des migrants. Il décrit aussi très bien les réseaux mafieux qui exploitent sans aucun scrupule ces "serpents"...

L'auteur montre aussi la montée du racisme, de la violence et du terrorisme et l'amalgame dont tous les musulmans, accusés à tort après les attentats du 11 septembre, vont devenir les premières victimes.

 

C'est un livre magnifique et douloureux dont on sent bien qu'il puise toute son essence dans le vécu de l'auteur...

 

Le conte traditionnel "Princesse Bari" existe en album jeunesse et en BD (plutôt ados-adultes).

 

 

Princesse Bari de Hwang Sok-Yong
Princesse Bari de Hwang Sok-Yong
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D
j'ai lu le roman, je ne connaissais pas l'album pour la légende. ce serait sans doute une bonne idée de le relire, ce roman. et trouver le conte.
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F
Très réaliste, contemporain ; on peut s'identifier aux personnages sans être de leurs conditions ou de leurs statuts. Vous l'avez justement décrit.
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M
J'ai beaucoup aimé ce roman et il est en effet très réaliste et malheureusement tout à fait d'actualité...