Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Depuis le temps que je voulais me plonger dans cette lecture !
J'avais déjà acheté ce roman pour les ados depuis un an et j’avais vu des extraits du film mais bon… voilà c'est fait ! J’ai profité de cette première semaine de chaleur (et de vacances) pour me détendre un peu et m'immerger dans ce superbe roman.
Et je n’ai pas été déçue car c’est un réel coup de cœur.
Le lecteur est plongé d’emblée dans les années 60 aux États-Unis.
A Jackson, petite ville du Mississipi, les lois raciales font autorité. Les Blancs font travailler les Noirs d’arrache-pied sans se soucier de ce qu’ils pensent. Au moindre faux-pas, à la moindre revendication, c'est le renvoi ou (pire) le Ku Klux Klan et comment faire alors pour nourrir sa famille si on ne retrouve pas du travail ...
Eux, les hommes noirs, travaillent dans les plantations de coton, elles, les femmes font le ménage, la cuisine, et s’occupent des enfants des Blancs, abandonnant parfois les leurs ou les laissant livrés à eux-même dans les quartiers pauvres de la ville. Les noirs et les blancs ne partagent ni les bus, ni les hôpitaux, ni les écoles, ni les restaurants, ni les bibliothèques. Il est même vivement conseillé d'éviter les contacts physiques par crainte de maladies...
Aibileen, 53 ans a perdu accidentellement son unique fils. Elle a depuis longtemps appris à ne plus rien dire lorsqu'on la réprimande. Elle travaille chez les Leefolt et s'occupe de la petite Mae Mobley tout en entretenant la maison. La petite Mae, délaissée par sa mère, Élisabeth, trouve auprès d'Aibi une immense tendresse. Celle-ci s'est promis de tout faire pour elle. Elle aime s'occuper de ses "bébés" mais quitte la famille lorsque les enfants blancs qu'elle aime de tout son coeur de mère, commence à la regarder, non plus comme une nounou, mais comme une "noire". Elle ne veut pas lire le mépris dans leurs yeux. En attendant ce jour, elle éduque la petite fille à sa manière en lui racontant des "histoires secrètes".
Minny, 36 ans, a 5 enfants et travaille chez Miss Walters. Son mari, Leroy est un brave homme mais, lorsqu'il se laisse aller à boire, il peut la battre. Un jour Miss Hilly, la fille de Miss Walters, décide de placer sa mère en maison de retraite pour s'en débarrasser. Elle compte bien récupérer Minny, connue pour être une des meilleures cuisinières de la ville. Mais Minny, qui n'a pas sa langue dans sa poche, refuse d'entrer à son service et commet la chose inavouable qu'elle appelle "la Chose Abominable Épouvantable" (mais chut....je ne vous dirai pas ce que c'est !)... Hilly, horrifiée, fait pression autour d'elle pour que Minny se retrouve sans travail, allant même jusqu'à l'accuser de vol pour expliquer son renvoi. Mais heureusement Miss Célia, qui est elle même solitaire et rejetée par la bonne société de Jackson, (son mari étant l'ancien fiancé de Hilly), va accepter de l'employer...
Enfin, Miss Skeeter, 23 ans, est blanche. Tout juste revenue de l'université, elle rêve de devenir journaliste et s'ennuie auprès de ses meilleures amies. Elle trouve un emploi pour un journal local où elle doit s'occuper entièrement d'une rubrique hebdomadaire sur les arts ménagers. Elle doit donner des conseils concernant le ménage, elle qui ne sait rien du tout sur ces sujets là ! Paniquée, elle décide de se faire aider par Aibileen.
Eugénia (Miss Skeeter) est si différente de ses amies qu'elle trouve toujours à dire un mot gentil aux uns et aux autres, blancs ou noirs ce qui lui vaut la réprobation de tous.
Elle ne comprend pas pourquoi à son retour de son année universitaire elle n'a pas retrouvé Constantine, la bonne noire qui l'a élevée, chez ses parents. Pourquoi est-elle partie sans lui dire au revoir ? Pourquoi ne donne t-elle aucune nouvelle ? Lorsqu'elle apprend que Constantine a été renvoyée, elle décide d’écrire un livre où les bonnes noires pourraient témoigner de leur vie quotidienne…
L'idée est tout de suite soutenue par Miss Stein, qui travaille dans une maison d'édition New-yorkaise.
Mais c’est difficile pour les bonnes noires de se confier à une blanche… Les événements et Aibileen vont arriver à les convaincre. La persévérance et la patience de Miss Skeeter aboutissent : peu à peu le livre s’étoffe.
Ces trois femmes, que tout devait opposer, vont d’abord se faire confiance puis se retrouver liées par une incroyable amitié.
Le secret du livre, la solidarité, leur engagement va donner la force à chacune de renverser l’ordre des choses, permettre aux noir(e)s de s’exprimer, de trouver le courage de parler de leurs besoins, de leurs désirs, et d’affronter tous les blancs de la ville qui ne veulent surtout perdre aucun de leurs privilèges.
Car la perfidie de certaines femmes blanches est incroyable. Elles méprisent leur propre bonne ouvertement, comme par exemple Miss Hilly, vantent les mérites de toilettes séparées, seule protection possible contre les maladies d'après elles, et font partie d'une association qui récolte des fonds pour les "pauvres" africains....
Heureusement certains blancs veulent voir les choses changer. La situation dans le Mississipi commence à être montrer du doigt par l'Amérique toute entière. Certaines femmes vont même jusqu'à payer les études des enfants de leur bonne...
Ce que j'en pense
Les personnages sont inoubliables et très attachants.
Les deux mondes "blanc" et "noir" apparaissent comme totalement hermétiques : chacun mène sa vie sans communiquer.
Mais comme pour les deux "cadeaux" qui contiennent la même chose qu'Aibi montre à la petite Mae, seul l'emballage est différent !
C'est un roman qui n'est pas triste. Le lecteur y trouvera certes matière à se révolter mais aussi de l'humour, de la tendresse, de l'amour, de l'émotion et beaucoup d'humanité.
Le courage et la dignité de ces femmes noires sont inoubliables. Mais le courage de Skeeter, accusée d'avoir des idées intégrationnistes, est remarquable également. Elle accepte d'être rejetée par tous ceux de son milieu et n'hésite pas à rompre avec son fiancé par honnêteté et engagement vis à vis de son projet.
La fin n'est pas du tout à l'eau de rose : les "bonnes" noires seront peut-être inquiétées, elles perdront leur travail ou seront victimes de violence. Le lecteur n'en saura rien...ou presque mais ce qu'il devine, c'est que la vie de toutes trois va prendre un nouveau tournant et que rien ne sera plus jamais comme avant.
Le style de l'auteur est intéressant puisqu'elle donne la parole aux différents personnages. L'alternance des propos crée ainsi un certain suspense, une véritable attente que le lecteur désire combler, ce qui fait qu'il avale les 609 pages (de la collection Babel) comme rien.
A lire absolument !