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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

Banquises de Valentine Goby

Banquises de Valentine Goby

 Paru en 2011 aux éditions Albin Michel, je n'avais pas encore eu l'occasion de le lire. Et voilà que je l'ai trouvé dans les rayons de la médiathèque. Cet auteur que je ne connaissais pas m'a agréablement surprise.

"Banquises" est un superbe récit sur le thème de la perte, de l'absence d'un être cher, et du deuil impossible à faire. Voilà ce dont je suis sûre.

 

L'histoire

Depuis que Sarah, sa grande sœur a disparu lors d'un voyage au Groenland, alors qu'elle avait 22 ans, le temps s'est arrêté dans la famille de Lisa et  le vide a tout rempli. C'est le doute, l'incertitude, l'espoir, l'attente pour toute la famille.

La mère se détruit dans la douleur mais veut croire au retour. Elle hante l'aéroport, affiche des tracts partout, dort à côté du répondeur, ne sort plus de la maison, engage un détective privé et n'hésite pas à passer à la télé pour faire un appel à témoins. Mais Sarah est majeure : elle a le droit de disparaître pour toujours et de changer de vie sans donner de nouvelles aux siens.

Le père, spécialiste mondial de l'oignon, s'oublie et tente d'oublier dans ses recherches, la disparition de sa fille. Il souffre pourtant autant que sa femme. Mais il a besoin de faire avec...pour avancer.

Enfin il y a Lisa, la narratrice, la petite sœur. Elle avait 14 ans quand Sarah est partie. Elle essaie de grandir et de se construire dans l'ombre de son aînée qui aura toujours 22 ans. Elle devient totalement transparente pour ses parents. Elle va fuir à son tour la douleur et ses parents, celle surtout sa mère.

Mais Sarah a-t-elle vraiment disparu ? Est-elle morte ? A-t-elle décidé de vivre sans eux pour toujours ? Comment vit-on quand on ne peut pas faire son deuil d'une personne aimée ?

C'était en 1982, Sarah est partie en avion et n'a plus jamais donné de nouvelles. Seul son sac à dos sera retrouvé intact, sur le bateau à destination de Illulissat, petite île qu'elle n'a jamais atteint.

Peu à peu le lecteur découvre : Sarah était malheureuse, elle souffrait beaucoup, elle venait de perdre sa meilleure amie avec qui elle partageait la musique, les voyages et beaucoup d'autres instants, inconnus des parents qui pourtant croyaient tout savoir de leur fille.

Depuis cette douloureuse perte, elle n'avait plus goût à rien jusqu'à ce jour où elle a annoncé qu'elle partait au Groenland.

Tout le monde a repris espoir. La vie redeviendrait comme avant ! Mais c'est le pire qui est arrivé puisqu'elle n'est pas revenue.

Vingt-sept ans après, Lisa décide, alors qu'elle est adulte et mère de famille, de partir là-bas pour mieux comprendre. 

Sur l'île d'Uummannaq, Lisa ne retrouve rien, mais elle tente de marcher sur les pas de Sarah en se servant des clichés trouvés dans le sac à dos. Elle ne retournera en France qu'après avoir exploré l'étendue des possibles qui vont l'aider à accepter l'inacceptable et à surtout à se reconstruire.

 

Ce que j'en pense

L'auteur nous plonge dans la vie des chasseurs-pêcheurs de la côte groenlandaise. Une vie rude, sans concession où l'on n'hésite pas à tuer les chiens lorsqu'ils ne servent plus à rien et sont des bouches à nourrir inutiles, où les hommes voient la banquise fondre et les poissons fuir au loin vers des eaux plus froides, où les pêcheurs se suicident faute de pouvoir influer sur la nature et le climat et tout ça dans l'indifférence du monde entier.

Lisa prendra conscience de la difficulté de vivre de tout un peuple et relativisera ses propres problèmes.

C'est un livre triste. Certains passages qui décrivent la dépression de la mère sont très lourds pour le lecteur, mais réalistes et on serait tenté de les lire en diagonale pour se protéger. 

L'auteur sait alterner le temps et les espaces. Mais le lecteur a une impression d'incohérence lié au récit lui-même. Le récit en effet alterne entre le présent et le passé. Les souvenirs arrivent en désordre comme dans la vie. La douleur des parents les immobilise et paraît incompréhensible.

Le lecteur  comprend qu'il y a des non-dits dans cette famille, des choses qu'ils ont peur de découvrir sur leur fille ou sur eux-mêmes.

Moi j'aurai sans hésiter refait le voyage sur les traces de mon enfant disparue...jusqu'au bout du monde ! Le lecteur ne comprend pas comment des parents peuvent rester aussi inactifs, surtout qu'ils ont les moyens d'engager un détective, elle est enseignante, lui chercheur : ils peuvent donc faire le voyage.

Ce roman n'est pas un coup de cœur mais  j'ai eu de l'intérêt à le lire et j'ai été touchée par certains passages, du coup j'ai envie de mieux connaître cet auteur et de lire d'autres romans.  

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