Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Quel rapport entre ce merveilleux titre à rallonge plein de promesses et cette couverture de livre qui montre un oreiller douillet ?
C'est pour ça que j'ai choisi ce roman sur les rayonnages de la médiathèque. J'avais besoin de découvrir un auteur que je ne connaissais pas. Je savais que les auteurs espagnols sont souvent pleins de surprises, que leurs romans sont empreints de poésie, que le mystérieux (ou le surnaturel ) est souvent présents. Alors, j'ai chaussé mes lunettes et j'ai retourné le livre pour lire la quatrième de couverture !
Pendant des années j'ai essayé de choisir en médiathèque des livres dont la couverture m'attirait, ou le titre, en m'interdisant de lire la 4ème de couverture.
Cela a marché très fort pendant longtemps et j'ai découvert ainsi des auteurs fabuleux. Mais depuis quelques temps je suis souvent déçue par les couvertures (trop marketing) alors je lis la quatrième avant de choisir. Quand celle-ci n'est pas seulement un extrait ou un résumé bateau que l'on retrouve partout sur internet, il y a souvent de petites phrases qui ressortent et ce sont elles qui nous font choisir le livre (ou l'acheter d'ailleurs).
L'histoire y est brièvement expliquée. Mais ce qui m'a incitée à l'emprunter pour le lire c'est la phrase : "Jusqu'où serions-nous prêt à aller pour retrouver un être qui nous a été cher ?"
En effet jusqu'où, me suis-je dis ? !
Et je me suis laissé "étonner" puis "captiver" par ce roman tout en tendresse qui se lit d'une traite, qui nous fait rire ou nous émeut, qui parle de mort, d'absence et de perte, mais aussi et surtout, d'envie de vivre et d'amour.
L'histoire est toute simple au départ :
Marcos vient de perdre sa mère, une célèbre chorégraphe. Elle l'a élevé seule, l'a amené partout dans le monde avec elle et a eu avec lui une relation fusionnelle...
Il est perdu sans elle, pressent que rien ne sera plus comme avant et a peur de l'instant où elle (son corps) va revenir à Madrid.
Alors il vient de décider un geste tout simple... ne plus dormir, afin de ne plus rêver d'elle. Il attend la venue de ceux qui vont lui amener les fameuses ampoules qui lui feront quitter son oreiller et ses rêves pour toujours...comme tant d'autres l'ont fait avant lui !
Mais le destin en a décidé autrement...
De son appartement, il entrevoit sur la place une jeune femme qui s'apprête à entrer au théâtre. Elle le fascine, lui qui ne croit plus en l'amour se laisse surprendre et doute !
Et c'est au moment où il va se piquer que le téléphone sonne. Son chef lui demande de venir d'urgence (il est un peu plus de trois heures du matin) pour examiner un être étrange ("l'étranger") et décider si celui-ci est, ou non, un extraterrestre...
Il faut dire que Marcos est un être spécial : il a le don de lire dans les pensées des autres et de voir leurs propres souvenirs même enfouis depuis longtemps...voire leurs crimes. Et il a collaboré déjà plusieurs fois avec la police, pour découvrir si des personnes étaient, ou pas, coupables de crimes.
Mais il est spécial aussi parce qu'il a été éduqué par une mère anticonformiste et donc libérée, qui lui parlait de sexe à sa manière, d'amour, et de relations humaines, avec réalisme et humour.
Arrivé au but, il découvre, au lieu d'un petit bonhomme visqueux, un jeune ado effrayé, et qui a été torturé...
Marcos s'aperçoit que, en sa présence, son propre don est bloqué, tout simplement parce que "l'étranger" a lui aussi le don de lire dans les pensées ! Il lui laisse d'ailleurs entrevoir quelques souvenirs...juste ce qu'il faut pour l'émouvoir et lui demander de l'aider à s'échapper.
Toute la vie de Marcos va basculer.
Il faudra qu'il aille jusqu'à Salamanque pour découvrir la vérité. Mais CHUT !!!
Ce roman est très fort. La fin prend le lecteur de vitesse. Et le monde de la réalité est difficile à réintégrer !
C'est dans les mots que toute la force du texte apparaît.
Je n'ai pas de mots d'ailleurs pour décrire le ton de l'auteur. On a l'impression en le lisant qu'on l'écoute en fait, qu'il nous chuchote ces mots et que nous sommes devenus son confident.
Ce qui est sûr, c'est que Marcos est un personnage bouleversant et très attachant.
Quel est le sens de notre vie et de nos rêves ? Que laisserons-nous derrière nous à ceux que nous aimons ?
Que vous croyiez ou non aux extraterrestres, laissez-vous tenter car en fait c'est un prétexte à parler de tout autre chose... vous verrez !!
Je vous livre quelques extraits...que j'ai aimé !
p15 : "J'ai toujours pensé qu'une part de nos cauchemars, de nos problèmes et de nos rêves est blottie au cœur de nos oreillers. Voilà pourquoi nous les enveloppons dans des taies : pour ne pas voir les traces de notre vie".
p 29 :"J'ai éclaté en sanglots". J'ai un faible pour cette expression. On éclate jamais de faim ou de froid. En revanche, on éclate de rire ou en sanglots. Il est des sentiments qui justifient qu'on vole en éclats".
Bon Ok celle là on la retrouve partout sur le net.
p.145: "Ma mère m'avait enseigné depuis tout petit à accepter que les sentiments que les autres éprouvent à notre égard, même si nous ne les partageons pas, sont importants. Tu dois comprendre que cet amour non désiré, que ce désir non partagé est un grand cadeau que l'on te fait, m'avait-elle dit..."