MAUS l'intégrale...une BD d'Art Spiegelman

Un survivant raconte...

Premier tome "Mon père saigne l'Histoire" paru en 1987.

Deuxième tome "C'est là que mes ennuis ont commencé" paru en 1992.

PRIX PULITZER 1992.

Ouvrage traduit en 18 langues, indispensable à la formation artistique et culturelle des adolescents et des adultes.

C'est le récit de la Shoah (l'extermination des juifs) en BD ou, je dirai plutôt, en roman graphique.

Cette présentation BD est-elle bien ou pas ? Il fallait oser ce que l'auteur a fait et pour moi, il n'y a pas de doute et peu de mots pour en parler, c'est un chef-d'œuvre

A chacun d'en juger...en le lisant tout simplement ! Et en vous laissant surprendre...

L'histoire

L'auteur témoigne de façon poignante de la Shoah, en décrivant les événements et les épreuves que le peuple juif a traversé au cours de la deuxième guerre mondiale. Il raconte tout simplement la (sur)vie de son père, Vladek Spiegelman, survivant d'Auschwitz, devenu américain. Il aborde les souvenirs familiaux avec beaucoup de pudeur et de tendresse. Mais il aborde aussi l'après-guerre et la propre survie des membres de la famille qui doivent aussi survivre au survivant, cesser de se culpabiliser parce que leur vie est plus chanceuse et meilleure que celle de leurs parents.

Sa mère s'est d'ailleurs suicidée...Son frère mort pendant la guerre sera pour lui et pour toujours un rival.

En fait, jamais avant lui n'avait été abordé le poids de la Shoah transmis aux enfants et à leur famille par les survivants.

Dès le départ le ton est donné. Le père explique à son fils que les vrais amis n'existent plus quand l'horreur (la faim...) est là. La solidarité n'existe plus, l'argent ne sert plus à rien...

Les hommes ne sont plus des hommes.

Le récit alterne entre deux époques : les années 1970-1980 où l'auteur interroge son père, puis, des années 1930 jusqu'à la fin de la guerre.

L'auteur retrace la vie de ses parents en Pologne, les débuts de la guerre et de la discrimination, puis la déportation des juifs et la survie dans les camps grâce aux petites débrouilles...

La présentation en BD et les personnages sous forme d'animaux (les nazis sont des chats et les juifs des souris) permettent de prendre du recul par rapport à l'horreur tout en renforçant le réalisme des faits et en suscitant des sentiments puissants  sans nécessité de descriptions supplémentaires.

N'oublions pas que dans les images de propagande nazies, les juifs étaient déjà représentés par des souris.

Les dessins noir et blanc sont extraordinaires. Ils donnent à l'ensemble un impact encore plus puissant qu'un texte et marquent les esprits à jamais...

Efficace, pédagogique, voire encore plus traumatisant diront certains...

Aussi marquant que Primo Levi dans "Si c’est un homme" et Wladislaw Szpilman dans "Le pianiste", ce récit ne doit pas être abordé avant l'âge de 14 ans (classe de 3°).

A lire et relire absolument...

Cette BD est d'ailleurs conseillée par le Ministère de l'Éducation Nationale dans ses "Lectures pour les Collégiens" niveau 3°.