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L'été prend fin et l'automne est déjà là : c'est le temps des vendanges en Provence et ailleurs...
Ce terme ne s'applique pas pour le raisin de table qui chez moi en Provence, se fait toujours à la main et au fur et à mesure des besoins. On parle pour ce dernier de la récolte du raisin, tout simplement.
Le terme de "vendange" concerne le raisin destiné à la fabrication du vin. Les vendanges ont lieu de mi-septembre à fin octobre, selon les années. Mais les dates varient aussi selon les cépages et, s'il s'agit de raisin blanc (qui mûrit avant) ou rouge.
Depuis 50 ans, on assiste à une avancée de presque un mois de la date des vendanges. Il y a même des vendanges dès juillet dans certaines régions. Ceci est dû aux modifications locales du climat. Ces données ont été dévoilées par l'historien bien connu Emmanuel Le Roy Ladurie dans son livre intitulé : "Histoire du climat depuis l'An Mil".
Il existe deux modes principaux de vendanges :
- Les vendanges à la main pour les vins de qualité et les vins pétillants qui nécessitent un choix et une sélection rigoureuse des grappes.
- Les vendanges mécaniques, utilisant une vendangeuse. Elle passe entre les rangs et ramasse toutes les grappes plus ou moins mûres. Ce procédé permet la production de vin de consommation courante.
Le saviez-vous ?
Chez nous en Provence, les vendanges pour produire le vin rosé tant aimé dans le monde entier, ont lieu durant la nuit et au petit matin. Dès 4 heures du matin, les vendangeuses, les tracteurs et les voitures des personnels traversent nos petits hameaux et nos campagnes, réveillant les enfants qui vont à l'école le lendemain et les adultes qui travaillent.
Pour faire un rosé de qualité, empêcher l'extraction trop violente de la couleur et assurer un bon degré, les vendanges ne doivent pas avoir lieu lors des périodes chaudes de la journée (car une fermentation trop forte en cuve pourrait nuire à la qualité du produit fini). A l'inverse, trop d'humidité nuirait à la qualité du moût. Il faut donc trouver la bonne heure.
Dans tous les cas, le raisin doit être transporté rapidement à la cave, et être pressé sans délais, pour éviter toute fermentation.
Un peu d'histoire.
Il est probable que la viticulture soit apparue dès la préhistoire. L'archéologie a permis d'identifier des pépins de raisin vieux de 10 00 ans. Mais c'est au Néolithique vers 6 000 ans avant J.C. qu'une nouvelle variété de vigne a donné naissance en Géorgie à la vigne cultivée.
Récemment, une unité de vinification a été découverte dans une grotte en Arménie, à la frontière entre l’Iran et la Turquie. Elle daterait de 6.100 ans avant JC. C'est la plus ancienne connue à ce jour.
Parmi les découvertes figurent de nombreux grains de raisin, et des débris de rafles et de ceps.
3 500 ans avant notre ère, la vigne était aussi cultivée en Égypte. Mais les vins à cette époque étaient blancs ou légèrement colorés.
On retrouve sur de nombreux vases grecs, des scènes de vendanges, des vignes plantées en hautain, c'est-à-dire sur un support comme par exemple, un arbre taillé.
Plus tard les vignes ont été plantées sur des échalas. La vigne était alors souvent placée près des oliviers ou des figuiers. Les cépages utilisés à l'époque, ont tous disparus.
Les romains connaissaient la vigne et la plantaient eux-aussi sous forme de treille ou en hautain. Cette technique du hautain a été très utilisée pour protéger les plants et les grappes.
On la retrouve encore aujourd'hui au Portugal, en Italie, en Crète et dans le Piémont pyrénéen.
Au Moyen âge, les dates des vendanges étaient fixées par le représentant de l'autorité seigneuriale qui, après avoir vérifié la maturité du raisin, criait après la messe du dimanche "ban des vendanges!".
Il était absolument interdit de vendanger avant ou après les dates imposées, et les vendanges étaient étroitement surveillées. Il était d'ailleurs interdit également de grappiller, de sortir le raisin de la paroisse, et de le transporter avant ou après le lever du soleil !
Il a fallu attendre la Révolution pour que la publication des "bans" pour les vendanges, soit abandonnée.
Autrefois, les paysans même pauvres avaient tous sur leurs terres quelques rangées de ceps de vigne et fabriquaient eux-mêmes leur vin pour leur consommation personnelle.
Les coupeurs de raisin utilisèrent d'abord une serpette...
La serpette était utilisée aussi pour tailler la vigne et faire des fagots qui servaient pour allumer le four à pain du village.
Puis à partir des années 1840, le sécateur remplaça la serpette.
Le raisin était alors placé dans une hotte, et transporté à dos d'homme ou d'âne jusqu'à la ferme.
Plus tard, les vendangeurs utilisèrent des cuves transportées par des charrettes comme on peut le voir sur la photographie ci-dessous.
Le raisin était ensuite rapidement pressé.
On peut visiter dans certaines villes viticoles des anciens pressoirs comme à Champvallon (en Bourgogne).
Ce pressoir à levier était utilisé comme un énorme "écrasoir". Il date du Moyen Âge.
Au XIX° siècle, le raisin était encore ramassé à la main par les femmes et les enfants, puis transporté et foulé par les hommes. Mais au cours du siècle, la surface de vignes augmentant, de plus grandes exploitations apparaissent, ainsi que des coopératives qui commencent à rassembler le raisin des particuliers.
De nombreux peintres ont célébré les vendanges comme ci-dessous René Seyssaud.
Tous les villageois se retrouvent à la fin des vendanges, pour faire la fête car elles clôturent la saison agricole dans les campagnes.
Même si on ne possède pas de vignoble, dans les campagnes, on va le plus souvent participer aux vendanges d'autres paysans du village, ou du village voisin. C'est l'occasion de rencontres festives...que l'on retrouve encore traditionnellement dans certains terroirs, comme ci-dessous par exemple.
Il faudra attendre le XX° siècle, et l'essor de la mécanisation consécutive à la première guerre mondiale, pour que la culture en hautain disparaisse totalement dans nos régions de France.
En dehors des vendanges la culture de la vigne demande beaucoup de travail.
Il faut tailler la vigne en hiver, supprimer les sarments de l'année précédente et cela se fait toujours aujourd'hui à la main.
Il faut :
- en avril-mai, éliminer certaines pousses indésirables comme les gourmands : c'est l'ébourgeonnage. On peut aussi supprimer les pousses sur les vieilles branches.
- dès la fin de l'hiver, retourner la terre entre les rangées de vigne et écarter la terre des pieds : c'est le décavaillonnage. Il évite le gel des racines de fin de saison.
- planter des engrais verts et les enfouir au bon moment.
- en juillet, ôter une partie des grappes sur les plants trop chargés, pour renforcer les autres.
- même pour les cultures bio, protéger la vigne contre les maladies les plus communes connues depuis le milieu du XIX° siècle, comme le mildiou, l'oïdium, la pourriture grise, dues chacune à un champignon, et d''autres maladies qui attaquent le bois.
Voilà un petit aperçu sans prétention
du travail des viticulteurs.