La comtesse de Ricotta de Milena Agus

J'aime découvrir et me laisser surprendre par mes lectures et je n'avais jamais rien lu de cet auteur sarde.

Ici c'est surtout l'ambiance qui est à découvrir sur fond d'odeurs et de couleurs de Cagliari !

L'histoire

Pas banale déjà ! Trois sœurs, comtesses  par leur père, vivent dans le palais familial qui tombe en ruine. Seul vestige de leur richesse passée, elles ont vendu en partie leur bien pour tenter de survivre dans le monde moderne en occupant seulement trois appartements. Elles sont unies par le désir de sauvegarder coûte que coûte leur patrimoine.

Noémi, l'aînée, est désireuse de réparer le palais et de racheter les parties vendues, quitte à se priver de tout. Elle est la conservatrice du patrimoine (de la vaisselle, des meubles...). Très rationnelle, menaçant de devenir vieille fille, elle va pourtant connaître un amour tourmenté avec Élias, un jeune berger plus jeune qu'elle, neveu de leur gouvernante, venu faire des réparations sur la façade. Il faut dire qu'elle ne cesse de se poser des questions ! Quel intérêt a-t-il à l'aimer puisqu'il continu à courtiser des femmes plus jeunes ?

Maddalena, la seconde, se perd dans l'amour et le sexe avec son mari, Salvatore. Ils s'adorent, attendant tous deux impatiemment que leur relation tumultueuse et extravertie leur permette d'avoir enfin un fils ! Mais malgré ce bonheur d'aimer, la frustration est évidente...même le chat-enfant adopté ne parvient pas à leur faire oublier leur désir d'enfant insatisfait.

La troisième, surnommée par la gouvernante lorsqu'elle était encore enfant,  la "comtesse de Ricotta", à cause de sa maladresse et de sa gaucherie,  mais aussi de sa mollesse et de sa bonté, ne termine et ne réussit jamais rien... Son fils, Carlino, qu'elle élève seule, est un peu idiot mais joue divinement bien du piano.

Elle, qui rencontre tant de gens et d'hommes, est pourtant très dépressive, voire suicidaire. Elle va tomber sous le charme de son mystérieux voisin, si gentil mais sauvage, qui aime avant tout voler et atterrir, mais aussi se balader en vespa !

Toutes trois sont différentes dans la vie mais si semblables dans leur fragilité et leur inaptitude à capter et à préserver le bonheur.

Les personnages annexes sont aussi très particuliers !

Ce que j'en pense :

Cette fragilité humaine, cette candeur, cette simplicité des personnages, c'est  la force de ce roman finalement plutôt cruel !

Qu'est-ce que le bonheur  ? "Rien ne résiste. Tout se défait et se délite"...

à part de courts instants de bonheur, à côté desquels les hommes passent sans les voir, mais qui apparaissent comme tels plus tard, avec le recul de la vie  et qui nous font dire comme à Noémi "c'était mieux avant. C'est tout".

Qu'est-ce que la vie à part "un mélange de bien et de mal, tantôt c'est l'un qui gagne, tantôt c'est l'autre, et ainsi jusqu'à l'infini"... Qu'est-ce que l'amour  puisque "quand on aime, ce n'est pas avec passion, c'est toujours pour une raison" ?

"Est-ce qu'on peut jamais tout savoir ou tout comprendre" ? Et

"On ne peut pas condamner quelqu'un pour ce qu'il croit ou espère"...

Car l'espoir est là dans ce court roman tout simple mais poétique qui se lit d'une traite et nous laisse comme une impression d'inachevée... mais dont la suite est à imaginer !

C'est un auteur à découvrir absolument...