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Au moment des fêtes de fin d'année, c'est difficile de ne pas suivre les traditions et rares sont les familles et les lieux où on ne trouve pas un sapin décoré.
Mais, savez-vous depuis quand cette tradition existe, et d'où elle provient ?
A l'origine, la décoration d'un arbre au moment de noël, était une tradition païenne et non pas chrétienne comme beaucoup de personnes le croient...
En 2000 avant J.-C., le 24 décembre était le jour de la renaissance. Cette date correspondait au solstice d'hiver avant la réforme du calendrier par Jules César. Pour faire simple, c'était le jour le plus court de l'année et la nuit du 24 au 25 décembre était la nuit la plus longue de l'année.
Dès le 25 décembre en effet, les jours commençaient à rallonger et les nuits à raccourcir...jusqu'au solstice d'été !
Remarque : aujourd'hui dans notre calendrier actuel, le solstice d'hiver dans l'hémisphère nord tombe le 21 décembre et celui d'été le 21 juin et vice versa dans l'hémisphère sud.
Les Celtes avaient pour tradition d'associer un arbre à chaque "mois" (en fait à cette époque on parlait de "cycle lunaire").
C'est l'épicéa qui était associé au mois de décembre. On le considérait comme l'arbre de l'enfantement (donc de la renaissance) et on le décorait de fruits, de blé et de fleurs.
Avant l'ère chrétienne, les romains fêtaient entre le 16 et le 25 janvier, les saturnales en l'honneur de Saturne (dieu des semailles et de l'agriculture).
A l'occasion de cette fête, ils décoraient déjà leurs maisons de branches de houx, de lierre, d'olivier ou autres feuillages.
Le 25 décembre les romains fêtaient aussi le dieu de la lumière, Mithra. Cette fête païenne était répandue dans toute l'Europe.
Vers 354, l'Église romaine instaure le 25 décembre comme jour de célébration de la nativité donc de la naissance du Christ, afin peut-être de rivaliser avec ces fêtes païennes car en ce temps-là, la naissance du Christ était plutôt célébrée le 6 janvier, pour l'épiphanie.
Au XI° siècle, on retrouve un arbre décoré par des fidèles qui avaient coutume de représenter des scènes appelées "Mystères", comme par exemple, celle du Paradis qui était fort populaire durant l'Avent. C'était le plus souvent un sapin garni de pommes rouges qui représentait et symbolisait l'arbre du Paradis.
A cette date, des sapins ornaient le parvis des églises. Toujours verts, ils symbolisaient la vie au cœur de l'hiver.
Le message du sapin de Noël est donc que la vie reste verte et qu'elle est un don, non matériel mais d'elle-même, dans l'amitié et l'affection, dans l'entraide fraternelle et le pardon, dans le partage et l'écoute de l'autre.
Puis en Alsace apparut au XII° siècle la tradition du sapin. On le décorait toujours de pommes mais aussi de petits gâteaux.
Il faudra attendre 1521 dans le village de Sélestat (entre Colmar et Strasbourg), pour qu'un édit officialise l'arbre de noël en donnant l'autorisation au peuple de découper un petit sapin dans la forêt pour le décorer. Il est alors couvert de pommes mais aussi de petites lanternes et symbolise la nativité et la vie éternelle (car il ne perd pas ses aiguilles pendant l'hiver).
Au moment de la Réforme, à la fin du XVI° siècle, les protestants, désireux de s'opposer aux catholiques, et ne voulant pas représenter la nativité par une crèche auraient préféré cette tradition d'origine païenne. Le sapin représente pour eux l'arbre de vie du paradis d'Adam et Eve.
On retrouve l'arbre de noël dans tous les pays protestants comme la Scandinavie et l'Allemagne du nord.
Au début du XVII° siècle, à Strasbourg on place en pleine ville, un vrai sapin et on le décore de papiers, de fruits, de friandises et de fleurs.
Auparavant, les maisons étaient déjà décorées (comme en Allemagne) de branches, de fleurs, de houx, de gui et d'épicéa ou de sapin et dans certaines régions, d'olivier, d'aubépine...ou de buis.
On l'illumine ensuite au XVIII° avec des coquilles de noix emplies d'huile contenant une mèche qui était enflammée.
Maria Leszczyńska, la femme polonaise de Louis XV, a tenté d'importer la tradition à Versailles sans succès. Puis c'est au tour de la duchesse Hélène de Mecklembourg d'installer un sapin dans le Palais des Tuileries en 1837.
Mais c'est surtout après la guerre de 1870, que la tradition de décorer un sapin de noël s'est généralisée dans tout le pays. Les Alsaciens, fuyant leurs régions et refusant de devenir prussiens, ont migré dans toute la France et ont fait découvrir cette coutume aux autres français. Cette coutume avait déjà été introduite en Angleterre dès 1840.
C'est donc à la fin du XIX° siècle qu'apparaissent en Provence les premiers sapins de noël décorés.
A cette date-là aussi, dans le dictionnaire Littré apparaît la définition de "l'arbre de noël" : "Arbre de Noël, se dit, dans quelques pays, d'une grosse branche de sapin ou de houx diversement ornée, garnie surtout de bonbons ou de joujoux pour donner aux enfants, qui s'en font une fête"
Il a fallu attendre le début du XX° siècle pour que l'Église reconsidère cette tradition et l'intègre dans ses pratiques car jusque-là les catholiques jugeaient cette coutume païenne condamnable.
Le sapin de noël fait son entrée dans les églises. En Provence, il trône à côté de la crèche.
On accroche alors en haut de l'arbre une étoile qui symbolise l'étoile de Bethléem qui guida les Rois mages et luit même la nuit. Le sapin s'illumine pour symboliser la vie que le Christ apporte à ses fidèles, et la lumière qui éclaire leur existence.
Vers 1930, tous les foyers français décorent leurs maisons avec un sapin de noël. Celui-ci est orné de petits gâteaux ou de friandises, de guirlandes de couleur en papier, de pommes de pin recouvertes de papier aluminium ou peintes par les enfants...et selon les moyens financiers de chacun, on y accroche de petits cadeaux.
Voilà comment le sapin de noël est arrivé chez nous !
Aujourd'hui, heureusement des plantations spécialement prévues pour la coupe permettent aux enfants de décorer un vrai sapin sans détruire les forêts.
La plupart des familles en Europe achètent d'ailleurs un épicéa en guise de sapin (Picea abies). C'est l'arbre traditionnel que nous avions dans nos maisons lorsque nous étions petits.
Il vous ravira par ses petites aiguilles fines légèrement piquantes et sa bonne odeur de forêt. Malheureusement, ses aiguilles tombent très vite car il a du mal à résister à la chaleur de nos maisons.
Depuis quelques années, le sapin nordmann a fait son apparition (Abies normanniana). Il est plus résistant et peut si on l'achète en pot, être replanté facilement dans le jardin.
Son odeur est moins forte que celle de l'épicéa, mais ses aiguilles résisteront mieux à la chaleur. Par contre, comme il pousse plus lentement, il coûte plus cher.
Normalement, vous trouverez aussi sur les marchés, le sapin Pungens, à la jolie couleur bleutée et aux senteurs de pins, ainsi que le sapin Grandis, rare mais original qui provient de l'Oregon et que l'on peut trouver en Corse.
Dans les familles chrétiennes, le sapin doit être réalisé la veille de noël et rester en place jusqu'à l'épiphanie. Mais rares sont les familles (et les communes) qui respectent cette date.
Il y a de plus en plus de familles qui achètent des sapins artificiels, pliables, faciles à ranger et pouvant durant des années. C'est la version la plus économique même si la plupart sont fabriqués en Chine.
On peut placer à proximité du sapin artificiel, un diffuseur d'arômes contenant de l'essence de sapin (ou une petite coupelle sur un radiateur par exemple). L'odeur est agréable et, respirer les senteurs de sapin, fera du bien à toute la famille.
Et voilà, le 25 décembre, que vous soyez croyants (et que vous fêtiez la nativité) ou pas (dans ce cas-là vous fêtez noël), donc que vous soyez adeptes des coutumes chrétiennes ou païennes, il ne vous reste plus qu'à laisser libre cours à votre imagination pour décorer votre vrai sapin ou votre sapin artificiel avec des boules, symboles des pommes, et des guirlandes qui rappellent le temps où l'arbre était "enguirlandé" c'est-à-dire "couvert d'éloges" puisque vénéré par les païens !