Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Ce Pessuguet, c'était le facteur d'Allauh, qui frappait cinq boules sur six.
Avec Ficelle, fin pointeur et Pignatel, qui faisait un redoutable "milieu", ils étaient la terreur des banlieues.
De "vrais professionnels". Du reste, ils le disaient eux-mêmes avec fierté, et parce que Ficelle était des Accates, et que Pignatel venait de la Valentine, ils avaient baptisé leur équipe "La triplette internationale des Bouches-du-Rhône".
C'est l'été en Provence. L'histoire commence alors que le jeune Marcel et son ami Lili lèvent les pièges dans les collines de la Treille, en compagnie de "Mond des parpaillouns", un illustre braconnier du coin qui leur apprend à protéger efficacement leurs installations...à sa façon !
Marcel aimerait bien passer tout son temps dans la colline, mais Joseph son père veille à ce qu'il révise son latin. Heureusement, la fin des vacances approche et avec elle, le mois de septembre au cours duquel est organisé le grand concours de boules annuel qui va éloigner pour un temps Joseph de son devoir de père, et Marcel de ses révisions.
Ce grand concours de boules régional va regrouper plus de trente équipes dont six, uniquement pour le village. Toutes s'entrainent déjà quotidiennement espérant gagner les sept cent cinquante francs prévus pour l'équipe gagnante.
Joseph, le père de Marcel, le braconnier "Mond des parpaillouns" et l'oncle Jules en font partie.
Bien évidemment, l'évènement sera couvert par un journaliste sportif de la ville et les résultats publiés dans "Le Petit Provençal".
Mais vous vous en doutez, dès la première partie, les choses ne se passent pas tout à fait comme prévu pour les équipes locales car elles vont devoir se mesurer à la triplette de Pessuguet (de vrais pros !) et il se pourrait bien qu'une d'entr'elles connaisse le déshonneur d'être obligée d'aller "embrasser Fanny", une tradition impossible à contourner !
Vous ne savez pas qui est Fanny, et vous êtes curieux de nature, et bien je vous dirai que, même si vous n'avez pas l'accent du sud, vous l'apprendrez en lisant la BD.
Car je ne vais pas tout vous raconter puisque tout le sel de l'histoire est justement dans ces détails-là...
Voilà la première Bande dessinée que je lis d'une série qui est sortie depuis quelques temps déjà et qui me fait de l'œil à la médiathèque. Les œuvres bien connues de Marcel Pagnol ont en effet été adaptées en BD, avec l'autorisation de son petit-fils.
Les dessins d'Éric Hübsch nous permettent d'entrer très vite dans l'ambiance et de revivre cette Provence d'antan tellement vivante et haute en couleurs. Les couleurs sont l'œuvre de Sandrine Cordurié.
J'ai emprunté au hasard "La partie de boules" car je ne me souvenais pas précisément dans quel roman la scène était présente. Comme nous le précise Nicolas Pagnol dans un encart au début de l'ouvrage, bien que son grand-père ait plusieurs fois mentionné dans ses écrits une partie de boules, c'est celle présente dans le "Temps des amours" qui a été adaptée dans cette BD.
Est-ce utile que je vous dise qu'il fait chaud, que les cigales se font entendre en fond sonore et que l'ombre sous les platanes est la bienvenue pour, une fois la sieste terminée, entreprendre une partie de boules parfois bien arrosée ?
Il y a de l'humour, du suspense, des disputes entre les équipes, de la triche parfois, des drames, beaucoup de mauvaise foi, mais aussi de l'amitié et de la tendresse à revendre car le jeu de boules a le mérite de rapprocher les êtres différents, d'effacer les inégalités ainsi que le milieu social.
Et bien entendu le lecteur se place immédiatement du côté de l'équipe des Bellons, non mais (!) les autres sont des "étrangers".
Certes les personnages sont forcément un peu caricaturaux mais bon, ça fait partie de l'histoire et cela nous les rend d'autant plus sympathiques. J'espère que vous avez tous reconnu le clin d'oeil aux célèbres Pieds Nickelés sur la couverture ? J'apprends grâce au petit dossier en fin d'ouvrage que Marcel Pagnol adorait la BD et en lisait, même devenu adulte, et que c'est pour cela que les auteurs ont tenu à représenter ainsi la triplette de Pessuguet.
Cette partie de boules, c'est notre patrimoine local, enfant j'accompagnais mon propre grand-père pour le voir jouer lors de mes vacances à Fontvieille. Le jour de la rentrée en Lycée pro, on formait des équipes élèves/profs pour faire connaissance et on organisait un tournoi, et encore aujourd'hui les après-midis de beau temps, le boulodrome de ma petite ville est plein (et il n'y a pas que des seniors je vous l'assure), il vient même d'être rénové par la municipalité.
Quel plaisir de retrouver l'ambiance des romans de Pagnol et surtout, ne me demandez pas d'être objective sur cette chronique-là, comme je le suis habituellement ici.
Bon weekend à tous et bonnes vacances pour ceux qui en prennent.
Pour ma part, le blog se met en pause une semaine, je vous retrouve donc début novembre.