Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Moi, je collabore à un site très confidentiel dont le nom désuet me plait beaucoup :" Oiseaux de nos campagnes". C'est joli, non ? ça me rappelle les images que la maîtresse nous distribuait au bout de dix bons points quand on était sage. C'est sans doute là qu'est née ma vocation, dans le face-à-face ensommeillé d'un samedi matin glorieux avec une bergeronnette grise, un gros-bec casse-noyaux, un cingle plongeur, joliment peint sur le papier mat ivoire à l'odeur mélancolique de buvard.
Cela fait longtemps que je voulais lire cette autrice que je ne connais que pour ses romans jeunesse ou ados.
Lorsque j'ai découvert ce recueil de nouvelles pour adultes, je n'ai pas hésité à l'emprunter à la médiathèque. Je lis peu de nouvelles seulement dans les périodes où j'ai du mal à me concentrer ou bien si je sais par avance que je n'aurai pas le temps de dévorer un roman sans être sans cesse interrompue (comme la période des fêtes de fin d'année). La lecture de nouvelles est dans ces cas là, la meilleure solution.
Je vous rassure, je ne vais pas vous raconter en détails les histoires qui constituent les 14 nouvelles de ce recueil !
Toutes sont superbement écrites et j'ai aimé retrouver la plume et la sensibilité de l'autrice. Les nouvelles sont de différentes longueurs de quelques pages à une vingtaine maximum pour la plus longue. Elles sont vite lues et leur lecture est prenante. Il est facile de se sentir proche des personnages car l'autrice les a toutes écrites en employant la première personne du singulier.
Je ne me souviendrai pas de toutes dans quelques semaines, mais j'ai aimé découvrir cet univers, riche en imagination qui nous parle aussi bien de mal-être que de rêves, de désillusions que d'accomplissement personnel, de mensonges, de passions ou tout simplement du destin..
Il y a bien évidemment dans chacune un retournement de situation, un personnage qui nous surprend et qui parfois se surprend lui-même car l'autrice nous emmène au-delà des apparences, là où parfois nous ne voulons pas aller. Il y a de l'émotion, de l'humour, un brin de surnaturel et beaucoup de finesse psychologique quand aux situations tellement humaines qui nous font voir ce que nous ne voulons pas voir, et nous font réfléchir sur ce que nous les humains pensons au fond de nous, sans toujours vouloir le savoir.
Car tous les personnages de ces histoires sont des femmes et des hommes qui nous ressemblent, leurs pensées profondes, leurs interrogations, leurs souvenirs d'enfance, leurs faiblesses ou leurs forces, ce sont les nôtres.
Chaque nouvelle nous permet de découvrir un nouvel univers, et le lecteur va de surprise en surprise car il ne peut que se laisser emporter par l'histoire, s'immerger dans le nouveau décor, s'attacher aux personnages tellement attendrissants.
Toutes les fins m'ont prises en défaut, je n'en avais imaginé aucune.
J'ai particulièrement aimé "Le comité" qui m'a beaucoup amusée bien qu'il parle d'un couple qui se sépare, et de sa progéniture, d'une manière tout à fait attachante car il est question, entre autre, des jolis objets réalisés à l'école avec l'aide de la maîtresse (doit-on les garder, les jeter, se disputer à ce propos ?) ; "Lettre ouverte" aborde les qualités humaines, comme l'empathie et l'écoute d'une jeune femme qui se retrouve par hasard au bon endroit au bon moment, là où elle doit être en quelque sorte pour se trouver, s'épanouir et aider les autres ; "Il ne se passe jamais rien ici' nous parle joliment de la relation mère-fils et de la difficulté de montrer ses sentiments ; et bien entendu, la nouvelle qui a donné son nom au recueil, nous questionne sur le devoir de mémoire...
Ce recueil est une réussite... à lire et à relire ! Je découvre en rédigeant ses lignes que c'est bizarrement, le seul recueil de nouvelles écrit par l'autrice.
La lecture de ce recueil me permet pour la seconde fois de participer au challenge "Bonnes nouvelles 2025" , voir ICI.
Si vous aimez lire des nouvelles et que vous manquez d'idée de lectures, n'hésitez pas à vous rendre sur ce blog pour voir le bilan de ce challenge qui en est à sa seconde édition cette année et se terminera à la fin du mois de janvier.
Comme c'est étrange, cet homme de soixante-dix ans qui parle de sa mère, ai-je pensé. Je croyais, à l'époque, que les parents disparaissaient simplement de votre vie à la fin de l'adolescence, qu'ils se dissolvaient dans vos souvenirs aux côtés des maîtresses d'école et des amoureux de maternelle. J'ignorais qu'en réalité on porte nos parents en nous jusqu'à la tombe.
Il a demandé "Pourquoi ?" d'un ton poli. J'ai répondu avec amabilité que lorsque nous nous étions rencontrés, j'étais attendrie par le fait que toutes ses phrases commençaient par "où" : Où est mon manteau ? Où est la facture de gaz ? Où j'ai garé le scooter ? Où sont mes chaussettes ? Où est le sel ? Je connaissais les réponses. Je les lui donnais. Grâce à moi rien n'était perdu. Grâce à moi, il s'y retrouvait. J'étais indispensable. "Au début c'était mignon, ai-je expliqué. Mais ça ne m'amuse plus. Treize ans de géolocalisation ont terni mon enthousiasme"...
Une des particularités tragi-comiques de l'enfance est que l'on traverse une gamme infinie de sentiments dont on ignore les noms...