Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
[Il] explique que le cimetière où il l'emmène est sacré. L'île est cerclée d'une muraille. Il n'y a qu'une porte, épaisse, qu'aucun homme ne peut ouvrir. Il faut embarquer les morts et pendant tout le temps que dure la traversée, raconter ce que fut la vie du défunt. Le cimetière entend le récit. Et au terme du voyage décide si la porte doit s'ouvrir ou pas.
Dans le royaume des lacs, il y a, paraît-il, cette tradition pour calmer la voracité du mauvais destin : choisir dix enfants du clan et les perdre. On ne les tue pas, on les envoie de par le monde, chacun accompagné d'un homme chargé de les déposer le plus loin possible. Les dix enfants sont soustraits à leur famille...
Cette semaine, le blog met à l'honneur les femmes (la Journée internationale des droits des femmes était le 8 mars...). Vous trouverez donc uniquement des lectures à ce sujet. Tous mes articles sont programmés.
Je viens visiter vos blogs dès que possible. De nombreux contretemps me tiennent éloignés, encore cette semaine, de la blogosphère et je ne serais que très peu présente. Aussi, je ne vous en voudrais pas si vous passez votre chemin.
Bonnes lectures !
Tout commence dans un village au coeur du désert. Un enfant, une fille est déposée-là par un mystérieux cavalier qui repart aussitôt, l'abandonnant. Les habitants la laissent crier des heures au soleil, la rejetant déjà et espérant que les hyènes durant la nuit la fasse taire. Mais ces dernières ne l'approchent pas, semblent même la protéger. Une femme, Mamambala se lève alors et la nourrit. Elle l'appellera Salina, pour ne pas oublier les pleurs salés dont elle a inondé la terre.
Salina grandit au sein du clan Djimba, et devient femme au grand désespoir de sa mère d'adoption mais restera toute sa vie une étrangère qu'on rejette et humilie. Elle devient, contre son gré, la femme de Saro, le fils aîné de Sissoko. Elle, c'est Kano le cadet de la famille, qu'elle aime et espère. Saro n'est en effet que violence, il ne pense qu'à la guerre.
Salina va être bannie par les guerriers Djimba parce qu'elle se rebelle. Elle partira seule dans le désert...abandonnant son premier fils. Elle ne sait pas encore qu'elle en aura deux autres.
C'est alors qu'elle vient de mourir que son troisième fils, Malaka, arrive près de l'île cimetière. On la dépose dans une barque, Darzagar, le vieillard qui s'occupe de la traversée, demande à Malaka de raconter quelle a été sa vie, afin d'honorer sa mère comme elle le mérite, ainsi, la porte du cimetière s'ouvrira peut-être.
En restituant à haute voix tous les récits contés depuis son enfance, tous les cris qu'elle n'a pas pu pousser à cause de ces mythes d'un autre âge, Malaka nous raconte une vie marquée par trois exils et trois fils (l'aîné, fruit du viol et de la haine, le second, fruit de la vengeance et de la colère et le troisième, Malaka, fruit de l'amour et de la paix).
Dans ce roman très poétique et émouvant, empreint des légendes du désert, l'auteur nous parle de transmission et de l'importance de ne pas oublier les êtres aimés, de raconter quelle a été leur vie, pour en perpétuer le souvenir et surtout guérir de la souffrance de leur perte.
Il traite aussi de la liberté de la femme et du poids des traditions qui visent à punir celle qui, trop libre, veut s'en affranchir (là en choisissant celui qu'elle aime et non celui qu'on lui impose contre son gré).
Il traite aussi de la vengeance et du sacrifice nécessaire pour qu'elle cesse et que la vie puisse continuer.
J'apprends en rédigeant ces lignes que l'auteur avait d'abord écrit une pièce de théâtre (en 2003) racontant cette histoire avant d'en faire un roman.
Une belle découverte !
Elle sait, elle, que la vie se soucie peu de la volonté des hommes, qu'elle décide à leur place, impose, écarte les chemins qu'on aurait voulu explorer et affaiblit ce qu'on croyait éternel.
De Laurent Gaudé j'ai déjà présenté sur le blog :
- Eldorado ICI
- Le soleil des Scorta (relecture) ICI
- Pour seul cortège ICI
- Danses les ombres ICI
- De sang et de lumière ICI
Je continuerai à l'occasion à découvrir son œuvre toujours avec autant de plaisir.