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Voici aujourd'hui, encore une fois un article sur les plantes de ma garrigue provençale. Cette fois il s'agit d'une seule espèce de plantes appartenant à la famille des Cistacées : les cistes. Ils fleurissent tous au printemps et il était temps que je vous les montre. Il existe en France une dizaine de variétés sauvages de cistes, la plupart étant capable de s'hybrider entre elles. A l'inverse de la plupart des plantes à fleurs, leurs fleurs n'ont pas d'odeur, c'est leur feuillage qui sent bon.
Le plus précoce au point de vue de sa floraison (mars-avril) et le plus fréquent dans ma garrigue est le Ciste blanc ou ciste cotonneux (Cistus albidus). Sa répartition géographique est avant tout méditerranéenne mais on peut le retrouver ici ou là bien à l'abri sur la façade atlantique et même jusqu'en Alsace, paraît-il mais j'imagine (peut-être à tort) qu'il y est rare.
C'est un petit arbrisseau qui se reconnait de loin à la couleur grisée de son feuillage persistant. Il doit en effet son nom à ses feuilles recouvertes de poils blancs, leur donnant un aspect duveteux et un toucher très doux comme le coton. Les feuilles grâce à la présence de ces poils, retiennent la moindre goutte d'humidité ce qui est une adaptation à la sécheresse.
Ses fleurs à cinq pétales et à l'aspect fripé sont de couleur rose tendre. Bien qu'elles soient peu résistantes, car elles ne durent qu'une seule journée et encore si, par chance, le Mistral ne souffle pas, je les trouve magnifiques !
Au printemps, les cistes blancs forment un tapis piqueté de rose parfois à perte de vue, comme vous pouvez le voir sur ma première photo ci-dessous. C'est très poétique je trouve !
Il n'est pas rare d'observer des insectes sur les fleurs. Les cistes sont des plantes dites mellifères, mais pas nectarifères (c'est avec le nectar que les abeilles fabriquent le miel). Les insectes ne les fréquentent que pour le pollen. Le plus souvent ce sont des abeilles mais parfois d'autres insectes qui prennent leur place.
Les cistes sont des plantes très résistantes au soleil et à la sécheresse. Ils ont la particularité d'être des plantes pionnières qui colonisent les sols après un incendie. La germination des graines est en effet activée par le passage du feu. Cependant on notera que se sont aussi des plantes facilement inflammables car formant des tapis serrés et secs en été. Elles sont de plus chargées en essence aromatique.
On trouve le ciste cotonneux en abondance dans ma garrigue provençale caillouteuse et aride. Il aime en effet les sols bien drainés et nous a offert cette année après les mois de sècheresse de cet hiver, une floraison encore plus abondante.
Le ciste cotonneux aurait les mêmes propriétés médicinales que son cousin, le ciste ladanifère (voir plus bas).
Un autre ciste se trouve fréquemment à l'état sauvage dans la garrigue provençale, c'est le Ciste à feuilles de sauge (Cistus salviifolius). C'est un petit arbrisseau très bas ne dépassant pas une cinquantaine de centimètres. C'est un ciste à fleurs blanches, résistant lui aussi à la sécheresse et aimant tous les types des sols du moment qu'ils sont pauvres, caillouteux et bien drainés. Il fleurit plutôt en mai. On le trouve ici ou là dans des lieux mi-ombragés, sous les chênes en particulier, mais plus rarement au soleil que son cousin aux jolies fleurs roses. Ses feuilles sont arrondies et un peu rugueuses. Elles ont un aspect gaufré et sont très différentes de celles du ciste blanc car elles ont une couleur vert foncé.
Son aire de répartition est plus vaste puisqu'il pousse à l'état naturel jusqu'en Vendée et il remonte aussi dans la vallée du Rhône.
Le Ciste de Montpellier (Cistus monspeliensis) ressemble beaucoup au ciste à feuilles de sauge. On peut vraiment les confondre car ils ont tous deux des fleurs blanches. Les feuilles sont rugueuses en dessous, d'un vert plus tendre et de forme plus étroite. Les nervures sont très visibles sur les feuilles.
Lui aussi est typique de la garrigue mais plus rare autour de chez moi. Il adore le maquis corse et les coteaux arides du Var. Il pousse aussi dans le Languedoc et jusque sur l'île d'Oléron à l'Ouest. J'ignore pourquoi sa présence est moins fréquente dans ma garrigue. Il pousse en particulier sous les chênes verts et les chênes lièges, et dans les bois clairs. N'ayant retrouvé aucune de mes photos, je vous montre celle empruntée en ligne sur le site de wikipedia.
Enfin bien qu'il ne pousse pas à l'état spontanée dans le sud-Est sauf dans les Massifs de l'Estérel et des Maures, et qu'il soit cultivé en Corse, on peut trouver ici ou là, dans des jardins, le Ciste ladanifère, appelée aussi le lédon. La différence avec ses cousins cités ci-dessus c'est qu'il ne pousse pas sur les sols calcaires car il aime les sols acides. Ses fleurs sont toujours de couleur blanche.
Il a des propriétés médicinales reconnues. On l'appelle d'ailleurs aussi "Ciste à gomme" car les feuilles sont recouvertes de poils qui produisent une gomme, le labdanum (ou ladanum), très utilisée en parfumerie car d'une senteur puissante. Comme on le dit chez nous "ça pègue" quand on les touche !
A noter que le vrai labdanum provient du Ciste de Crète, cousin du Ciste velu de Corse. Ces deux cistes ne se trouvent pas chez nous.
On peut cueillir cette gomme aromatique en faisant bouillir les tiges et les feuilles du Ciste ladanifère. La gomme monte à la surface de l'eau et se fige quand elle refroidit. Elle a des propriétés astringente, vulnéraire, balsamique et sédative.
L'idéal est cependant d'utiliser l'Huile Essentielle. Elle est très utile pour soigner les problèmes de peaux, désinfecter ou cicatriser les plaies. Elle est antihémorragique et permet donc de stopper les saignements des coupures et autres plaies. Le ciste ladanifère a aussi des vertus rajeunissantes et antirides.
Il soignerait aussi les bronchites, les rhumes et les problèmes digestifs et renforcerait l'immunité. Il serait également bénéfique contre les troubles légers du sommeil.
A noter les romains s'en servaient déjà sur les champs de bataille !
Je n'ai testé aucune de ces propriétés.
Les cistes sont souvent parasités par des cytinelles (Cytinus hypocistis) encore appelées cytinets. Ces plantes parasites non chlorophylliennes s'installent au niveau des racines des cistes. Leurs feuilles sont remplacées par des écailles jaunes ou rouges. Je n'ai jamais réussi à les voir autrement qu'en "bourgeons" comme ci-dessous. Une fois ouverte la cytinelle mesure une dizaine de centimètres.
Et je terminerai mon article du jour avec ces cistes cultivés qui se sont sauvés d'un jardin pour notre plus grand plaisir.