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Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...

J'ai tout dans ma tête / Rachel Arditi

Flammarion, 2023

Flammarion, 2023

Toutes les premières années de notre vie professionnelle, on les a construites ensemble, côte à côte, soudées comme une forteresse contre un monde dont nous devinions les difficultés, les injustices, la rudesse des coeurs, et dont la principale cruauté était de ne pas nécessairement récompenser les meilleurs. Je me foutais de jouer dans des petites salles, de monter les projets sans argent, je me sentais forte à ses côtés car j'étais deux. Indestructible.

Contrairement aux idées reçues, un rôle n'est pas une peau dans laquelle on entre. Vous êtes le personnage dès l'instant où on décide que vous l'êtes. Vous savez, pour nous il s'agit de se laisser traverser par des mots et des situations données.

Elle est comédienne et se sent souvent très seule et incomprise. C'est la plus jeune de la famille et elle s'occupe assidûment de son père. 

Il était peintre mais il réside désormais dans une maison de retraite, la Maison des Artistes. Atteint d'Alzheimer, elle assiste à son déclin qui l'éloigne d'elle chaque jour davantage. La réalité et la fiction se mêlent dans sa tête. Il est persuadé qu'il est en affaire avec des japonais qui veulent lui acheter un de ses tableaux pour une somme exorbitante, certain que bientôt il pourra retourner à Marseille où il habitait avant, ou partir ailleurs. Elle ne démentit pas. A quoi cela servirait-il de briser ses rêves ? Il lui téléphone sans cesse pour lui poser les mêmes questions...mais l'amour qu'elle lui porte, efface toutes les contraintes et elle ne peut se passer d'aller le voir. 

Elle est comédienne mais n'arrive pas à percer, n'a que des petits rôles sans importance. Alors, quand son amie Victoire vient lui proposer d'écrire une adaptation de "Eugène Onéguine" de Pouchkine, la jeune femme s'imagine tout de suite incarner le superbe rôle de Tatiana.  Elle va se donner à fond dans cette réécriture, au départ avec Victoire puis, celle-ci étant prise ailleurs comme toujours, toute seule. 

Mais la vie rêvée et la vie réelle sont souvent très différentes et la narratrice en paiera les frais...ce qui la fera grandir ! 

Quand on a honte, c'est toujours trois fois : de l'objet de la honte, du sentiment lui-même, et enfin de la culpabilité qui en résulte. Ce sont toujours les gens que nous aimons le plus qui nous font honte.

La justesse, c'est le pire mot que l'on peut dire à une actrice. Toutes les actrices veulent être plus, spéciales, différentes, singulières, rares, uniques, extraordinaires. Elles peuvent même dans certaines circonstances souhaiter être moins, ou trop, mais justes, non...
Juste n'inspire qu'ennui, fadeur et insignifiance.

Le jardin du Luxembourg a été élu à l'unanimité par Victoire et moi comme étant le meilleur, le plus vivifiant, le plus pratique pour travailler...
Tout en tournant on discute de nos idées et nos idées tournent à leur tour autour du bassin et ça fait de grandes lianes que l'on s'efforce de suivre et parfois de démêler car elles vont très vite et parfois bien plus vite que nous, alors on est obligées de leur courir après.

Mon avis

L'auteur nous fait découvrir avec beaucoup d'humour et de recul le milieu des artistes dans lequel elle a été élevée et continue à évoluer de par son métier. Elle est en effet comédienne dans la vie réelle.

J'ai beaucoup aimé la fraicheur de ce roman. La petite fille brune qui s'envole sur ses patins à roulettes... c'est elle ; les souvenirs des moments partagés avec son père... c'est encore elle. Ce roman est donc largement autobiographique. 

C'est sa vie de comédienne qu'elle nous raconte, les moments où la comédie et les rôles s'entremêlent avec la vraie vie, souvent pour la compliquer encore davantage. En effet, comment trouver ses marques, prendre confiance en soi quand la vie est si compliquée et le monde des artistes si cruel ?

Elle nous raconte donc les soirées entre artistes, ses échanges avec ses amies, les moments de solitude et de fantasmes.

En parallèle des faits quotidiens qui constituent sa vie, de la connaissance de plus en plus approfondie de cette œuvre de Pouchkine que je n'ai jamais lu je l'avoue, des interviews fictifs avec un journaliste de France Culture, totalement savoureux tant ils sont réalistes,  ponctuent le roman. 

Mais c'est avant tout un livre qu'elle a écrit en hommage à son père, Georges Arditi (1914-2012) qui était peintre. 

Ce n'est pas un livre triste même si elle nous raconte  les derniers mois de vie de son père, âgé de 96 ans, ses visites, les contacts et les échanges avec les médecins. Il a un "Alzheimer plutôt joyeux" comme je l'ai vu écrit ici ou là dans la presse. Elle dresse un portrait plein de tendresse de celui qui l'a élevé et qu'à l'adolescence elle n'osait pas présenter à ses camarades de classe car elle le trouvait trop vieux. 

J'ai été émue par certains passages, amusée par d'autres, et j'ai trouvé qu'en plus de l'humour et du beau portrait qu'elle dresse de son père, il y avait toujours beaucoup de poésie dans leurs échanges. Tout ceci n'a pas manqué de me rappeler ce que j'avais vécu avec ma propre grand-mère, elle-aussi atteinte de cette maladie (sous sa forme joyeuse) alors que j'étais adolescente et qu'elle vivait à la maison.

Le titre fait référence à ce que lui dit son père quand il lui parle du prochain tableau qu'il veut peindre et qu'elle lui propose de lui apporter toile et peinture...mais je vous laisse découvrir la suite tant elle est magnifique. 

Le ton sonne juste, sans aucun atermoiement, et la lecture est d'une grande fluidité, ce qui fait de ce court roman une lecture fort plaisante. 

C'est donc un premier roman très réussi que j'ai été ravie de découvrir grâce à la dernière Masse critique de janvier dernier. Merci à l'éditeur pour cet envoi. 

Je suis toujours étonnée que des personnes que j'identifie moi-même très bien me saluent. Il ne m'est tout simplement pas concevable qu'on puisse se souvenir de moi, que je puisse imprimer les mémoires et laisser une trace dans le souvenir.

Je sais que toute la tristesse, la joie, la maladresse, toute la violence dont nous usons pour accomplir nos actes, apprivoiser nos défaites, adapter nos rêves ou parfois les abandonner nous rapproche encore et encore de notre humanité.

Comme j'aime soudain cet homme capable de se comparer au Soleil, à la Lune et aux étoiles. Aucune prétention dans cette alliance avec les astres. Ils sont ses frères. A leur exemple, il est empli de grandeur, cette véritable humilité qui élève l'âme de ceux qui plient.

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E
Bonjour Manou. C'est un livre qui devrait me plaire. Une belle histoire d'amour filial. Bon dimanche et bisous
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Z
Je ne suis pas tentée malgré ton enthousiasme
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R
Merci de ta présentation Manou mais je zappe là, bon mardi. Bisous
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M
Merci pour cette découverte, je vais pouvoir la partager. Nous sentons que ce livre t'a vraiment plu. Passe une bonne semaine.
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M
J'ai beaucoup aimé au delà de l'histoire la distance et l'humour qu'elle met dans ses propos. Une véritable découverte et une plume légère et grave à la fois...Bonne journée à toi aussi
J
Bonjour Manou,Rachel Arditi aurait elle un lien de parenté avec Pierre Arditi, le célèbre comédien ? Quoi qu'il en soit, "J'ai tout dans ma tête" est une belle découverte. Ainsi donc son père est peintre et se nomme Georges et qu'il souffrait d' Alzheimer plutôt joyeux come le dit l'auteure de ce roman . Un livre qui ne peut laisser insensible . merci pour cette découverture, Manou.
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M
Oui elle est sa demi-soeur. La plus jeune de la famille le père Georges a été marié deux fois et a eu en tout quatre enfants (d'après wikipedia). Merci de ton commentaire. Bonne journée
A
Serait elle parenté de Metin Arditi que j'apprécie beaucoup ? Donc à découvrir. Bises
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P
Je n'ai pas encore reçu le "masse critique" de janvier. <br /> J'aime bien la couverture de ce livre. Ça semble être une belle découverte...
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G
Pas facile sûrement d'être l'artiste de quelqu'un ...<br /> Bonne soirée Manou <br /> Bises
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A
L'envers du décor, pourquoi pas.
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E
La vie d'artiste ne doit pas être facile dans ce monde parfois superficiel et avide de succès!<br /> Belle soirée, bises Manou
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B
Les extraits donnent envie de lire le livre.
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F
Une livre qui semble intéressant ; merci pour ton avis.Bonne semaine
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F
Une livre qui semble intéressant ; merci pour ton avis.Bonne semaine
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R
Thank you for another excellent review. HUGS
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B
Une belle découverte !<br /> Je note ce livre dans mes tablettes<br /> Bisous du lundi Manou
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P
Coucou Manou,<br /> Merci pour le partage de cet ouvrage, j'ai beaucoup aimé les extraits présentés.<br /> A lire donc...<br /> Bisous et bonne journée
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M
Merci Pascale j'essaie de proposer des extraits variés qui montrent bien le style d'écriture de l'auteur. Bisous bonne soirée
M
Bonjour Manou,<br /> peut-être à cause de mon âge, ce bouquin ne m'attire pas trop.<br /> Sinon, j'ai fini "dernier arrêt avant l'automne", j'ai adoré!<br /> Bisous<br /> Bon après-midi,<br /> Mo
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M
Contente que tu aies adoré cette semaine je présente "Le voleur d'innocence" et "Minuit dans la ville des songes". Je viens de terminer "Elle danse dans le noir"...et j'en ai emprunté deux autres à la médiathèque. Bisous bonne soirée
C
ce ne doit pas être facile, la vie d'artiste, on les imagine baignant dans la lumière mais l'ombre s'en mêle souvent ... <br /> amitié .
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M
On le constate en effet fréquemment, déjà faire son trou n'a rien de facile pour les jeunes comme pour tous les métiers ou presque. Bonne soirée
B
bonjour Manou , oui un livre qui va plaire à Danièle ! elle te remercie , un bel hommage à son père et merci pour les citations également gros bisous de nous deux a+
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F
Arditi, j'ai tout de suite pensé à l'acteur, Pierre, et j'ai découvert que cette actrice auteur du roman est, en fait, sa demi-sœur. Ce premier roman serait donc auto-biographique, contant ses rapports avec son père le peintre Georges Arditi presque centenaire. Alzheimer ça effraie les familles, opérant un désarroi monumental face à la disparition mentale d'un être cher. Une fuite irréversible de la personnalité et de ce qui se rattache à elle.... dur à accepter... on se sent bien impuissant face à ce naufrage qui s'accentue toujours plus avec l'âge. Une maladie qui interroge sur le sens de la vie et sur l’énigme que représente.chaque être humain pour lui-même et pour ceux qui l'entourent. <br /> Merci pour cette présentation.<br /> Amitiés.
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M
En effet c'est sa demi-soeur, je n'ai pas voulu donner de précision sur la famille car je trouve que c'est lourd à porter pour un auteur de toujours se référer à sa famille et dans ce livre elle ne parle pas de sa fratrie, seulement de leur père et du fait qu'étant la petite dernière elle a du mal à trouver sa place. Merci pour ton commentaire. C'est vrai qu'on est impuissant face à ce déclin de l'esprit et c'est le pire de tout c'est le moment où la personne ne reconnait plus du tout son entourage. Bonne soirée et merci pour ton message