Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
A l'occasion de la venue de René Frégni dans une de mes médiathèques préférées, je me suis replongée dans certains de ses écrits que je vais vous présenter au fur et à mesure de mes (re)découvertes dans les semaines à venir.
L'objet de la rencontre était de présenter au public ses deux derniers romans, "Minuit dans la ville des songes" paru en 2022 et "Dernier arrêt avant l'automne", paru en 2019.
Après la présentation, l'auteur a répondu aux questions posées par le public. Il faut noter que certaines personnes présentes ont fait sa connaissance ce soir-là pour la première fois et sont reparties avec un de ses livres qui étaient proposés par la Librairie "Mot à Mot" de Pertuis.
C'était une rencontre très intéressante que je vous livre dans le désordre pour ceux que ça intéresse et qui voudrait faire plus ample connaissance avec cet auteur. Cela faisait longtemps que je n'avais pas participé à une rencontre d'auteur et j'ai passé un merveilleux moment de partage dans la bonne humeur et la convivialité. C'est un écrivain profondément humain qui nous a beaucoup touché par ses différents témoignages et engagements. L'émotion était donc au rendez-vous.
René Frégni nous a parlé de son parcours particulièrement atypique, de son itinéraire d’écrivain et des différentes expériences de sa vie.
C'est sa mère qui lui a donné le goût de la lecture en lui lisant des histoires le soir dans la cuisine près du poêle à charbon. "La voix de ma mère a été la plus belle voix de ma vie" nous dit-il. "Sans famille", "le Comte de Monte Cristo" ont bercé son enfance. Il suffit qu'il les lise à nouveau pour retrouver et entendre la voix de sa mère...
"Tu as les plus beaux yeux du monde" lui dit-elle après qu'il soit rentré en pleurs de l'école, car les autres enfants se moquaient de sa mauvaise vue et de son incapacité à lire. Des mots consolateurs que seule une maman peut prononcer. Mais il n'aimera jamais l'école et sera très jeune déscolarisé.
"Un enfant qui lit est presque sauvé de tout" nous dit-il pourtant.
C'est une fois incarcéré à Verdun, parce qu'étant en voyage il arrive en retard au Service militaire, qu'il rencontre un de ses anciens camarades de jeunesse, qui lui parle de son plaisir de lire et de sa découverte des mots. René Frégni va ainsi lire "Colline" de Giono. L'aumônier lui apporte des lunettes et des livres (dans ces années-là il n'y avait pas de bibliothèque dans les prisons). Il découvre ensuite d'autres grands auteurs : Nietzche, Dostoïevski, Faulkner, Camus...et bien d'autres. Pendant des années il continuera à lire tous les jours !
L'envie d'écrire est venue alors qu'il travaille comme aide-soignant puis infirmier dans un hôpital psychiatrique à Marseille. Tous les soirs dans le cahier de rapport, il raconte les différents événements de la journée, en rajoutant anecdotes et situations diverses pour faire rire les infirmières. Ce sont elles qui un jour lui disent tant ses écrits les amusent "Tu écris de mieux en mieux, tu devrais écrire des romans"...il les a pris aux mots.
Il abandonne alors Marseille pour s'installer dans un cabanon au bord de la Durance, face aux collines de Giono et se met à écrire... Et il devient un "homme libre" nous dit-il !
L'important pour lui quand il écrit un roman (et quand il lit certainement aussi ?!) c'est le pouvoir des mots, l'émotion qu'ils suscitent, la musique des mots, au delà de l'histoire elle-même.
Il avoue que tous ses livres ont été conçus dans l'émotion. "Un grand livre c'est un livre d'une telle richesse qu'à chaque relecture on retrouve une nouvelle émotion", nous dit-il une réflexion très intéressante qui mérite qu'on s'y attarde.
Lors de cette rencontre passionnante, il a témoigné de ses expériences en prison, où il anime des ateliers d'écriture, tout en s'interrogeant sur la meilleure façon de faire lire les détenus. Pour lui dans un monde où les médias sont trop présents, la seule solution pour repousser le crime, c'est de faire entrer la culture (livres, théâtre...) dans les prisons.
Il se questionne aussi sur l'accélération de nos vies, qui nous empêche de "descendre en nous". C'est le cas aussi pense-t-il de la lecture des romans contemporains, ils ne nous laissent pas le temps de descendre en nous-même et donc de susciter des émotions fortes.
La Provence en tant que territoire est très présente dans ses romans et dans ses souvenirs d'enfance. Il nous en parle longuement et là aussi il a beaucoup de choses intéressantes à nous dire sur sa destruction, l'environnement n'étant plus du tout le même que durant son enfance.
Merci aux organisateurs et à la présence chaleureuse de René Frégni. C'était une très belle soirée.
Voici quelques-uns de ses romans (actionner le diaporama en cliquant sur les flèches)
René Frégni a obtenu de très nombreux prix littéraires au cours de sa vie d'écrivain pour plusieurs de ses romans.
Il est en effet l'auteur d'une vingtaine de romans. J'en avais découvert certains dans les années 90 dont j'ai retrouvé la trace dans un ancien carnet de lecture.
"Tendresse des loups" / "Où se perdent les hommes" / "Les nuits d'Alice" et "Les chemins noirs" lus en 1997.
Puis "Les voleurs d'innocence" lu en 1998.
Il a également écrit pour la jeunesse par exemple "Marilou et l'assassin" / "La vengeance de la petite gitane" que j'avais acheté quand j'étais encore bibliothécaire pour la section jeunesse.
Beaucoup plus tard, quand je travaillais en Lycée Pro j'avais lu et proposé aux grands ados "L'été" entre autres romans de l'auteur.
Afin de préparer sa venue, j'ai emprunté en médiathèque " Dernier arrêt avant l'automne" que je ne connaissais pas et que je vous présenterai en fin de semaine.
D'autres présentations suivront pour ne pas vous lasser en alternance avec d'autres auteurs et balades bien entendu.
Vous trouverez de plus amples renseignements sur internet et surtout en lisant ses romans en partie autobiographiques.