Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Le désert de l'océan, le monde s'étire jusqu'à la ligne d'horizon. Les yeux de Bolivar espèrent toujours y repérer un bateau, un chalutier ou un navire.
Qu'est-ce que la vie, sinon attendre ? pense-t-il.
Il ferme les yeux, l'oreille attentive.
Toujours occupés à attendre quelque chose. Et si on accueillait plutôt ce qui nous est offert ?
De cet auteur, je n'avais jamais rien lu lorsque j'ai découvert qu'il avait obtenu en 2022, le prix "Gens de Mer" remis chaque année lors du Festival Etonnants Voyageurs pour ce roman. De plus, Hélène en avait parlé sur son blog et n'avait pas trop aimé (voir Lecturissime ICI). Il n'en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité et le hasard a fait le reste puisque je l'ai trouvé en attente dans les nouveautés de la Médiathèque.
A noter, ce roman est inspiré d'un fait réel.
L'histoire se passe près d'un petit port d'Amérique du Sud.
Bolivar, un pêcheur expérimenté qui a besoin d'argent, décide de partir en mer alors qu'une tempête est annoncée. Son coéquipier habituel étant introuvable, c'est Hector, un jeune adolescent qui propose de l'accompagner.
Très vite, la tempête attendue fait rage, ils abandonnent leurs filets pleins de poissons et tentent de regagner le rivage. Sans succès, le moteur rend l'âme et le bateau se met à dériver loin de la côte. Ils n'ont alors plus qu'un seul but, échapper à la tempête et tenir jusqu'à ce qu'elle se calme et que les secours arrivent.
Mais les secours n'arrivent pas...
Face à l'océan immense, au vide de leur quotidien, ils vont tous les deux s'interroger sur leur avenir.
Au départ, l'espoir est mince mais bien présent. Mais très vite, le temps passant, étant très différents l'un de l'autre, ils vont inévitablement s'affronter. Bolivar garde espoir, entretient son corps, organise la survie, récupère tout ce que l'océan leur apporte, pêche, attrape des oiseaux pour pouvoir se nourrir, met en place tout un système pour récupérer l'eau de pluie.
Mais Hector se centre de plus en plus sur lui-même, sur ce qu'il a perdu, ou est en train de perdre (comme sa petite amie par exemple qu'il imagine dans les bras d'un autre) et il se laisse dépérir, refusant de bouger ou de se nourrir. Malgré l'aide que veut lui apporter Bolivar, il ne l'écoute pas.
Le lecteur assiste impuissant à leurs difficultés, aux hauts et aux bas de leur moral, à leurs divagations et hallucinations.
Inévitablement, les événements négatifs de leur vie passée refont surface, leur faisant toucher le fond. Bolivar en particulier a beaucoup de choses à se reprocher...
Vont-ils s'en sortir vivants ?
Il se remémore ce que ça fait, de pouvoir marcher librement et sans entraves. De se déplacer d'un lieu à un autre...
Il fait de longues promenades autour de la glacière.
Muets de saisissement, Hector et lui regardent le monde se recomposer dans une magnificence de couleurs. Comme s'ils étaient les premiers à contempler des ciels pareils. La paix qui s'installent entre eux est aussi une forme de compréhension mutuelle. Chacun commence à entrevoir la vérité de l'autre, à deviner qu'ils sont tous les deux pareillement démunis au cœur de la vérité des choses. Et qu'au sein de l'immensité, ce qu'un homme porte en son cœur n'a plus guère de poids.
J'ai découvert le style de l'auteur avec grand plaisir. Le ton sonne juste. Le suspense est bien présent et le roman monte en puissance au fil des pages. Les mots sont précis et très évocateurs et le lecteur n'a aucun mal à évaluer la situation, à imaginer les magnifiques paysages, décrits de manière plutôt poétique, tout en considérant avec réalisme que le destin de chacun d'entre eux est déjà scellé.
Certes le thème n'est pas nouveau et a été maintes fois traité en littérature mais c'est tout de même intéressant d'entrer dans ce huis-clos.
Je comprends que ce roman ait su toucher les nombreux amoureux de la mer qui ont forcément vécu le naufrage en pensées un jour, ou ont vécu, ce qui est encore plus dramatique, celui d'un proche.
Pour être parfaitement sincère, j'ai beaucoup aimé les 2/3 du livre que j'ai trouvé envoutants. L'ambiance est très bien décrite et le lecteur se représente sans peine la vie de ces deux marins perdus au milieu de l'océan, seuls sur leur bateau qui n'est plus qu'une épave à présent. Leur angoisse est palpable, leur survie et leur volonté admirables.
Cependant à un moment donné de ma lecture, j'ai trouvé que tout cela était très long : les questionnements, les états d'âmes trop répétitifs, les égarements de Bolivar et ses hallucinations. J'ai décroché et je suis restée en retrait. Dommage, car cela m'a éloigné du plaisir de lecture.
Heureusement, la toute fin du roman, que je ne vous raconterai pas pour préserver le suspense, redevient aussi forte que le début...
J'ai donc en conclusion un avis plutôt mitigé sur cette lecture, d'autre part encensée par les critiques dans les médias, et sur Babelio.
Si vous le lisez je lirai votre avis avec beaucoup d'intérêt...
Désormais, il passe ses journées assis dans la glacière ou sur le pont, son esprit lié à la mer, lié au ciel et au vent, à la fois dedans et dehors.
il lui semble que le silence infini a pénétré dans le corps et circule dans les veines, apaisant les désirs du coeur.
Il écoute le silence...
Il prend soudain conscience qu'il n'avait encore jamais entendu un tel silence...
Le silence du passé.
Le silence de l'avenir.
Le silence des défunts.
Le silence de ceux qui sont encore à naître.
Le silence qui attend au sein de chaque chose vivante...
Le silence est une sorte de pardon.