Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Je ne suis pas certaine de me souvenir de la voix de mon père. Je donnerais tout ce que j'ai pour entendre ce son, sa voix grave, douce et chaude à la fois. Sa voix qui me disait que j'étais faite pour la musique, qui m'encourageait, me rassurait, m'insufflait une dose de force lorsque je pensais ne plus en avoir...
Depuis son décès, je ne peux plus toucher un clavier. Lorsque mes mains s'en approchent, elles se mettent à trembler.
Phoenix, 23 ans et son frère César sont toujours, trois ans après la mort subite de Charlie, leur père, dans le déni et la rancœur. Ils ont du mal à laisser la place aux souvenirs heureux. En effet, leur père est mort accidentellement en Colombie, où il se rendait régulièrement pour son travail, alors qu'il rendait visite à une certaine Sérena, qui, d'après leur mère, aurait été sa maîtresse.
Difficile de continuer à vivre normalement après ces révélations. Leur père, un scientifique reconnu, gagnait bien sa vie. Leur situation financière est aujourd'hui devenue un véritable problème, et la famille a dû déménager pour un appartement moins luxueux.
Phoenix a décidé d'abandonner ses études et, en particulier, le piano qui était pourtant sa passion. Elle a changé de voie pour faire de la biologie, tout en faisant des ménages pour payer ses études. Elle feint l'indifférence, et donne l'apparence d'être plus forte que ce qu'elle est en réalité. Elle éprouve des sentiments mitigés envers son père, qu'elle aime toujours autant pour tout ce qu'il était, mais elle le déteste aussi, car elle s'est sentie profondément trahie...et abandonnée.
César, son frère, plus jeune lors des événements, s'en sort mieux qu'elle. Il est devenu un geek confirmé et s'adonne aussi à la boxe.
Marianne, leur mère, est très dépressive. Elle a été obligée de prendre n'importe quel emploi pour s'en sortir et faire en sorte que ses enfants ne manquent de rien.
Un jour où Phoenix vient de rendre visite à Sandra, sa pétillante grand-mère, elle décide de descendre à la cave pour fouiller dans les affaires de son père, mises de côté dans un carton. Dans le vieux lecteur de K7, elle découvre alors un mystérieux message qu'elle n'arrive pas à déchiffrer. Bien entendu, malgré son désir de ne pas partager cette découverte avec son frère, celui-ci découvre le message, en consultant tout simplement l'historique de leur ordinateur commun, et comme vous vous en doutez, étant doué en informatique, il arrive à le déchiffrer.
C'est un appel au secours écrit en langue étrangère. Le contenu de la K7 leur donne froid dans le dos. Leur père, en effet, se sentait en danger. Tous deux comprennent alors que peut-être... ils se sont trompés.
Et s'il avait été assassiné ?
Les voilà bien décidés à faire toute la lumière sur cette affaire. Mais, rechercher la vérité comporte des risques, car comment faire face à cette entreprise gigantesque qui empoisonne le monde...tout cela en pleine conscience.
La conclusion de l'étude, c'est donc l'innocuité du produit. A aucun moment il n'est fait mention du fait qu'à six mois, le souris sont toujours vivantes certes, mais présentent pour la plupart un cancer...
Une entreprise vraiment responsable devrait tenir compte des accusations, y apporter de vraies réponses. Une entreprise vraiment responsable devrait cesser de brandir des dossiers scientifiques montés il y a près de vingt ans, mettre en place de nouvelles études pour vérifier si le Clear est oui ou non coupable...
Comment ai-je pu être aussi naïf ? Toute ces années, j'ai pensé que j'étais assez important dans l'entreprise pour que l'on ne me cache rien.
Voilà un auteur que je n'ai jamais lu mais dont j'avais noté le premier roman, "la chambre des merveilles", dans mon carnet. Me trouvant durant l'été assez éloignée de mes médiathèques habituelles, et d'une librairie, j'ai décidé d'emprunter celui-ci sur la bibliothèque numérique de la ville.
C'est un roman policier facile à lire, que j'ai trouvé captivant. J'ai eu beaucoup de plaisir à le découvrir. Les personnages sont réalistes et comme ils nous ressemblent, on s'attache forcément à eux. Il n'y a pas de scènes violentes et la lecture peut donc être partagée avec des adolescents.
Le roman est riche en rebondissements, j'en avais deviné ou pressenti certains aspects, d'autres pas. Cela donne beaucoup de rythme lors de la lecture. Chacun des protagonistes s'exprime, ce qui fait que le lecteur ne s'ennuie pas. La plume est légère et l'auteur a des talents de conteur indéniables, beaucoup de sensibilité et de l'humour, ce qui allège les moments de tension.
Il faut noter que le centre de l'histoire n'est pas l'enquête en elle-même qui reste simple, avec des idées que l'on connait déjà comme, infiltrer l'entreprise pour en apprendre davantage, rencontrer quelqu'un qui va les aider au dernier moment, je ne vous en dirais pas davantage. Il y a beaucoup de personnages secondaires qui ont tous leur importance dans le déroulé de l'histoire.
Le roman nous parle surtout, avec une grande justesse et beaucoup de sensibilité, des liens familiaux, d'amour entre génération et du désir que chacun a, de préserver ceux qu'il aime, au détriment de sa propre souffrance. Cela donne l'occasion à l'auteur de nous offrir de belles pages, riches en émotion. Les liens qui unissent Phoenix à Sandra, tellement espiègle pour ses 80 ans, m'ont beaucoup touchés. Mais la complicité avec César son frère, emplie de tendresse (et d'humour), également.
Seule, la mère dépressive ne m'a pas été très sympathique, mais elle se révèle à la toute fin du roman.
Enfin, le roman aborde un sujet grave de société : le silence de l'entreprise autour de la dangerosité de son produit phare, que ce soit en ce qui concerne les impacts sur notre santé, via l'alimentation, et mais aussi pour les personnes qui l'utilisent. Ainsi en est-il du "Clear"(produit fictif) dont l'auteur nous parle dans ce roman, qui, utilisé massivement en agriculture, provoque certains types de cancers.
En cela, ce roman est un hommage aux lanceurs d'alerte et à leur courage, face aux risques qu'ils prennent dans notre société, pour mettre en lumière la vérité, contre ceux qui privilégient leurs intérêts financiers.
C'est un livre qui se veut résolument optimiste (je suis moi-même beaucoup plus pessimiste non pas de nature, mais sur ce sujet-là...).
Pour donner une autre idée du livre aux cinéphiles, ce livre m'a fait penser au film "Erin Brockovich, seule contre tous" que sans doute vous avez tous vus, moi aussi, évidemment, si j'en parle.
Que sommes-nous face à l'immensité du ciel ? Des poussières, de simples grains de pollen. Mais dotés d'un extraordinaire pouvoir : celui de choisir. Choisir de se jeter dans la mer et de périr sans avoir rien construit. Ou choisir de se poser, quelque part dans l'herbe fraîche.