Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Aujourd'hui je vous propose une balade un peu particulière, car il s'agit de s'approcher d'une zone de nature où se trouvent des vautours. Depuis toujours les espèces d'oiseaux nécrophages qui se nourrissent de carcasses mortes subissent des aprioris négatifs de la part des hommes qui n'ont eu de cesse de les exterminer, les jugeant nuisibles, voire maléfiques. Les vautours ont été victimes de ces croyances, et ils ont presque totalement disparu de nos montagnes, durant la première moitié du XXe siècle.
Depuis la fin des années 90, des vautours fauves ont été réintroduits dans le Parc Naturel Régional du Vercors.
Le vautour fauve est un charognard pacifique, plutôt craintif et discret. Il vit en colonie et attendra l'âge de 4 à 5 ans pour trouver un partenaire, à qui il restera fidèle toute sa vie, et ainsi se reproduire en bâtissant son nid dans des falaises abruptes. Il pond alors un œuf unique durant le mois de février. C'est dire comme l'espèce est fragile.
Avant d'être relâchés lors du programme de réintroduction, les vautours ont été élevés en volière pour qu'ils s'acclimatent à leur nouvel environnement, puis les lâchers ont été effectués sur la commune de Chamaloc, jusqu'à la fin des années 2000.
Peu à peu, les vautours ont colonisé les falaises. Actuellement, il y a environ 60 couples nicheurs sur les falaises du plateau du Vercors, dans le Parc naturel donc, sachant que ces populations se mélangent avec celles du Dévoluy et des Baronnies.
Pour les nourrir, de nombreuses carcasses sont collectées directement chez les éleveurs qui y trouvent aussi un avantage financier car ils n'ont pas à faire appel à l'équarrissage industriel. La collecte a lieu trois fois par semaine et les carcasses sont immédiatement déposées sur le charnier. Cela représente environ 95 tonnes par an. Les vautours fauves jouent donc, un grand rôle écologique. De plus, leur système digestif est considéré comme un "cul-de-sac bactérien" qui détruit tous les agents pathogènes (virus, bactéries, parasites) et évitent ainsi leur propagation. A noter, depuis leur réintroduction, ils assainissent aussi les carcasses naturelles qui se trouvent sur le plateau du Vercors en été lorsque les bergers montent à l'estive.
A leur suite, des vautours moines, des percnoptères et des gypaètes barbus (des migrateurs qui ne reviennent chez nous que pour se reproduire) se sont s'installés dans le secteur. En effet dans la chaine alimentaire, ce sont les vautours fauves qui s'attaquent d'abord aux carcasses. Ils se nourrissent des viscères et des muscles. Puis les vautours moines et les percnoptères s'attaquent aux ligaments, aux cartilages et aux tendons, ensuite les gypaètes barbus vont terminer le travail et nettoyer les os jusqu'à la moelle.
C'est ainsi dans la nature, chacun trouve sa juste place !
Vous pouvez en apprendre davantage sur ces vautours en cliquant sur leurs noms.
Le randonneur peut à présent facilement observer les vautours à divers endroits du Diois et les voir évoluer dans le ciel, souvent accompagnés à présent d'autres espèces. Nous voulions aller les observer dans le Cirque d'Archiane, mais hélas c'était au delà de nos 10 km autorisés.
Nous sommes donc retournés tout près de la volière, où il est très facile de se rendre, en partant d'un chemin qui se trouve proche du village de Marignac (à 8 km de Die). Cela fait plusieurs fois que nous y allons en toute saison, avec les jumelles.
Le chemin d'accès est facile et nous donne encore une fois l'occasion d'admirer le plateau du Vercors, qui est accessible aux randonneurs par cette vallée. Cette fois, le plateau est dans les nuages et le brouillard.
Les abords sont fleuris de cette saison mais cette année la sécheresse et le froid entrainent un retard de floraison.
L'endroit a été reboisé. Je vous laisse découvrir grâce à qui...
La volière se voit de loin bien avant d'arriver sur les lieux. Quand on approche, on s'aperçoit qu'elle est bien protégée par des grillages électrifiés tout autour, et un double portail qui en interdisent l'accès.
Il faut grimper un peu sur la butte et rester immobile à l'affût avec des jumelles. C'est alors possible d'observer les vautours et de les voir se poser sur les arbres, sur les grillages ou au sol. Il faut de la patience, car ils nous voient arriver de très loin sur le chemin.
Juste à côté de la volière, se trouve l'aire de nourrissage (appelée aussi le charnier).
Nous avons eu la chance de pouvoir admirer un vautour posé au sol. Je pense qu'il s'agit d'un vautour moine, car il n'a que très peu de blanc sur la tête et sa couleur est plutôt brun sombre. Il avait décidé de nous tourner le dos mais surveillait les alentours en tournant la tête à gauche et à droite, ce qui m'a permis de voir son bec.
Les vautours moines font partie des plus grands rapaces d'Europe. Leur envergure peut atteindre près de 3 mètres, autant dire que ce sont des oiseaux imposants et impressionnants. Les vautours fauves sont légèrement plus petits.
Les regarder planer lentement en faisant des cercles est fascinant.
Je ne peux vous offrir d'autres photos, mon APN vous le savez ne me permet pas de faire mieux !
Très bientôt, nous poursuivrons la découverte des vautours du Diois en nous rendant de l'autre côté de la vallée, tout près du village de Chamaloc cette fois, où a été installé un site muséographique de plein air, organisé de manière très pédagogique, enfin comme d'habitude... si vous le voulez bien !