Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Dans le virage juste après les eucalyptus, la Méditerranée nous décochait des flèches de lumière, elles rebondissaient sur le capot, la mer nous faisait fête...
Mon père arrivait à rendre tout plus vaste, il ne nous apprenait pas seulement à lire, à écrire, à calculer, mais aussi à réfléchir. Il vous donnait envie de l'intelligence, de ne pas être des copiés-collés.
La narratrice, c'est Clémence, une petite fille de 8 ans qui avec ses propres mots, nous parle de son enfance, de ses parents, de leur amour et de son quotidien.
Son père Alexandre est instituteur, il aime les mots, les livres, la mer et sa mère. Sa mère, Rosalie est un peu "fofolle". Elle entretient des maisons vides, des résidences secondaires donc, qu'elle fait vivre durant l'absence de leurs propriétaires. Elle aime la poésie, la mer et les étoiles, les mots et...Alexandre. Tous deux élèvent leur petite fille dans un monde fabuleux, poétique, où la fantaisie n'est jamais très loin.
Clémence nous parle aussi de sa grand-mère, de sa cousine Lise, de Just son amoureux et de l'ambiance de bonheur qui a baigné son enfance.
Mais au milieu de tout ce bonheur, le lecteur sent une faille, quelque chose qui ne va pas, des choses que cette petite fille n'aurait pas du voir ou entendre, des réflexions qui ne sont pas de son âge. Dès le départ en effet elle semble être plus âgée, ne pas avoir huit ans mais beaucoup plus.
Dès la page 80, le lecteur saura pourquoi, je peux donc le dire.
Clémence meurt dans des circonstances qui resteront floues pour le lecteur jusqu'à la fin et seront à peine évoquées. Ce jour-là, ses parents ont cessé d'être heureux. Et ce jour-là aussi, Clémence découvre que c'est elle que ses parents aiment le plus au monde. En doutait-elle ?
"Je voudrais que la vie me prenne" est un livre triste, un roman d'ambiance. Le lecteur passe de la vie à la mort sans transition aucune, la vie s'entremêle avec la mort, le bonheur avec la tristesse et l'absence. Heureusement, l'amour inconditionnel prime sur tout le reste et l'écriture est tellement belle qu'on ne peut lâcher ce livre sans avoir le sentiment de trahir l'auteur.
L'écriture est superbe, légère et poétique, et puissamment évocatrice.
Pas étonnant que les grands ados, lycéens soient tombés sous le charme de cette petite fille qui nous rappelle que la vie doit être croquée à pleines dents sans attendre, et le présent, primer sur le futur, cette petite fille qui nous parle comme si elle était elle-même déjà grande et presque adulte.
Elle nous dit aussi que les souvenirs d'enfance sont dangereux, qu'il faut se méfier du bonheur, de l'amour de ceux qui nous sont proches car tout peut disparaître d'un seul coup, les promesses ne pas être tenues et surtout, parce qu'ils nous manquent trop quand ils ne sont plus là.
J'ai aimé lire ce roman car il est bouleversant, mais je l'ai trouvé cependant trop douloureux et sombre. Je pense que ce n'était peut-être pas le bon moment pour moi de le découvrir et pourtant je voulais le faire depuis longtemps car je ne connaissais l'auteur que pour ses œuvres jeunesse et n'avais encore jamais lu un de ses romans à destination des plus grands ados et des adultes.
Je comprendrais que vous ne soyez pas tentés...
Prix Femina des Lycéens 2018.
Je suis morte il y a seize ans, le jour de mes huit ans. Depuis je vis dans la tête de mon père. Dans sa pensée. Là, je continue d'être. D'être l'enfant de mes parents, d'être leur plus grande joie et leur tourment. D'être la jeune fille que mon père ne peut s'empêcher d'imaginer que je serais. Je suis là encore...il ne me quitte pas, ainsi je ne l'ai jamais quitté.
Je ne sais pas au juste à quoi servent les souvenirs, à réconforter, à blesser ? Doivent-ils seulement servir ?