Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
J'aimerais croire que ceci est une histoire que je raconte. J'ai besoin de le croire. Il faut que je le croie...
Si c'est une histoire que je raconte, je peux choisir son dénouement. Donc, il y aura un dénouement...
Voilà une dystopie déjà lue au début des années 90 que j'ai eu beaucoup de plaisir à relire récemment, vu que j'envisage enfin de lire la suite, sortie seulement l'année dernière...enfin si les médiathèques envisagent de rouvrir leur porte.
Dans ce roman pas comme les autres qui a marqué ses lecteurs à jamais lors de sa parution, l'auteur nous fait entrer dans un monde futur qui fait froid dans le dos tant il pourrait devenir le nôtre un jour.
La République de Gilead a été fondée récemment par des fanatiques. Dans cette société particulière, les femmes sont séparées en groupes distincts selon qu'elles soient ou non capables de procréer, car là est bien le problème majeur de cette société : la stérilité touche tous les milieux et plus personne n'est capable de l'enrayer. La pollution, l'usage massif de produits chimiques, les maladies ont anéanti les chances de voir naître des enfants viables et capables eux-mêmes de se reproduire un jour.
Defred dont on ne saura jamais le vrai nom, fait partie des "servantes écarlates", ces femmes fertiles qui ont déjà pu donner la vie. Elles sont devenues des esclaves au service des plus riches.
Le couple qui a accueilli Defred n'est pas plus mauvais que les autres. Ils appliquent les règles voilà tout, et si Defred est bien réduite à être leur esclave sexuelle, elle n'en est pas moins bien nourrie ou surveillée car toutes les chances doivent être mises de leur côté pour qu'un jour le Commandant et son épouse puissent avoir la joie de devenir parents à leur tour...
Defred, de sa chambre monacale, se souvient du temps d'avant, quand elle menait une vie normale, libre, avec son compagnon et sa petite-fille adorée, jusqu'au jour où tout a basculé dans l'horreur et où ils ont tenté vainement de se sauver...
En même temps, elle nous raconte son histoire, sa vie d'aujourd'hui et comment elle en est arrivée là.
Vous êtes une génération de transition, disait Tante Lydia. C'est pour vous que c'est le plus dur. Nous savons quels sacrifices sont attendus de vous. C'est dur quand les hommes vous humilient. Pour celles qui viendront après vous, ce sera plus facile...
Tous les soirs en allant me coucher, je me dis : Demain, je me réveillerai dans ma maison à moi, et tout sera comme avant.
Cela n'est pas arrivé, ce matin non plus.
Voilà un roman glaçant et glauque à souhait. L'auteur nous fait entrer peu à peu dans ce monde et chacun des événements nous fait pénétrer un peu plus dans l'horreur de la situation. Par petites touches et autant de retours en arrière, le lecteur prend conscience que le monde d'avant était tout simplement le nôtre et que tout ce qui est décrit pourrait bien arriver un jour...
Un roman intemporel tout à fait d'avant-garde puisqu'il a été écrit il y a plus de 30 ans par un auteur que je me suis promis de lire plus souvent.
A lire absolument que vous soyez fans du genre ou pas.
J'ai vraiment eu du plaisir à le relire et j'espère pouvoir très bientôt me procurer la suite.
...souvenez-vous que le pardon est aussi un pouvoir. Le mendier est un pouvoir, le refuser ou l'accorder est aussi un pouvoir, peut-être le plus grand de tous.