Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Chacun a au fond de sa conscience un noyau dont il ignore le contenu. Dans mon cas à moi, il s'agit d'une ville. Dans cette ville coule une rivière, et elle est encerclée par d'épaisses murailles de briques. Les habitants de cette ville ne peuvent pas en sortir. Les seules qui peuvent en sortir, ce sont les licornes. Elles aspirent à elles l'ego et la personnalité des habitants et vont les rejeter à l'extérieur des murs...
Ce livre n'est pas une nouveauté mais il vient d'être réédité chez Belfond en novembre dernier.
C'est le quatrième roman de l'auteur paru au Japon en 1985. Traduit en plus de 25 langues, il est paru en France dès 1992 grâce à la traduction de Corinne Atlan. Il a obtenu le Prix Tanizaki en 1985.
Haruki Murakami est l'auteur japonais contemporain le plus lu dans le monde. Plusieurs fois favori pour le prix Nobel de littérature il a été couronné par le prestigieux Yomiuri Literary Prize.
J'ai déjà présenté sur mon blog un de ses romans : "L'incolore Tsukuru et ses années de pèlerinage" et j'ai découvert en faisant du rangement que j'avais déjà lu de cet auteur dans les années 90 (1993 ?) un roman intitulé " Au sud de la frontière, à l'ouest du soleil" dont je n'ai gardé aucun souvenir...
"La fin des temps" est considéré comme le premier roman long de l'auteur qui écrit aussi des nouvelles, des essais et des romans courts. C'est vrai que ce roman est une saga à lui tout seul car il fait plus de 500 pages dans sa version grand format. Autant dire que j'ai mis une bonne semaine pour le découvrir en prenant mon temps.
C'est un roman de Science-fiction qui plaira aux amateurs du genre. Cela faisait longtemps que personnellement je n'en avais pas lu, alors que c'est un genre littéraire que j'aimais beaucoup quand j'étais plus jeune.
Le monde change selon la connaissance que nous en avons. Le monde existe réellement ici et de cette façon, il n'y a aucun doute. Cependant, si on voit les choses au niveau phénoménal, ce monde n'est pas autre chose qu'une possibilité parmi une infinité d'autres. Pour être plus précis, le monde que vous percevez change selon que vous choisissez de faire un pas à gauche ou à droite...
L'histoire est assez complexe car le roman mêle deux histoires : la première est intitulée "Pays des merveilles sans merci" et la seconde "Fin du monde". L'auteur alterne, mais cela en facilite aussi la lecture, un chapitre de l'une, puis un de l'autre et ainsi de suite jusqu'à la fin du roman qui comporte 40 chapitres en tout.
Bien entendu les deux histoires se rejoignent...
Les deux narrateurs dont nous ne saurons jamais le nom, vivent dans deux lieux différents. Le premier est totalement imaginaire mais la vie quotidienne ressemble beaucoup à la nôtre. Le second à l'inverse ressemble beaucoup au nôtre mais l'histoire bascule dans un monde qui n'a rien à voir avec notre vie quotidienne !
Je vous ai perdu ?? Vous l'aurez compris ces histoires sont teintées de mystère et ce n'est pas facile d'en faire un résumé ! Il se pourrait bien en effet que le lecteur se perde un peu par moment dans ces mondes parallèles peuplés de créatures imaginaires...mais il s'y perd avec délice tant il est obligé de laisser ses repères habituels de côté, pour se délecter de cette lecture.
Le premier des narrateurs est programmeur mais c'est son cerveau qui à présent, lui sert d'ordinateur. Un jour, il est appelé par un mystérieux savant qui va l'emmener dans le réseau souterrain de Tokyo où se trouve son laboratoire de recherche, loin des oreilles indiscrètes. Il doit sauvegarder (je ne sais pas quel autre terme employer) en les codant, les résultats des recherches de ce vieux chercheur. Pour le remercier celui-ci lui offre un crâne de licorne. Mais le savant est enlevé et sa petite-fille vient supplier le narrateur de partir avec elle à sa recherche. Heureusement, elle sait comment circuler dans les souterrains...C'est ainsi que le narrateur découvre qu'il est la victime d'une guerre particulière entre la Société de programmeur qui l'emploie et des pirates informatiques.
Suspense garanti !
Le second narrateur est liseur de rêves. Il vient d'arriver dans un monde parallèle où les gens ont perdu leur ombre pour toujours, mais la sienne est toujours en vie, elle va simplement dépérir de plus en plus au cours de l'hiver qui ne tarde pas à arriver. En même temps que leur ombre, les gens perdent leur cœur et donc leurs sentiments car c'est l'ombre qui conserve à leur arrivée tous les souvenirs de leur ancienne vie.
La cité est entourée de murs immenses qui empêchent toute personne désirant en sortir de le faire et, la seule porte est surveillée par un gardien qui veille au bon fonctionnement de la cité. Lire les rêves est un travail de nuit qui se déroule dans une bibliothèque où se trouvent des milliers de crânes de licornes...ce sont eux qui contiennent les rêves !
Evidemment, je ne vous en dirai pas davantage, ce serait dommage pour les amateurs du genre de dévoiler l'histoire...
La fin du monde...
Mais pourquoi avait-il fallu que j'abandonne l'ancien monde pour venir dans ce monde fini ? Je n'arrivais à me souvenir ni des détails, ni du sens, ni du but de ce voyage. Quelque chose, une force, m'avait propulsé dans ce monde-ci. Une force incoercible, irraisonnée...
Ce qui m'a plu dans cette lecture outre les qualités d'écriture de l'auteur, c'est le mystère et l'imagination parfois délirante qui émanent de ces histoires. Le roman est également teinté d'humour et de beaucoup de poésie. J'ai eu l'impression de lire un conte philosophique, car c'est un roman qui nous fait aussi réfléchir.
La première histoire se lit comme un polar noir teinté d'un peu de fantastique...la seconde comme on lirait un roman de fantasy. Le roman est truffé de références littéraires venant de tous pays confondus.
C'est un auteur japonais que je ne regrette pas d'avoir lu à nouveau. Je suis réellement partie très loin de nous dans un monde différent et cela m'a vraiment changé les idées durant les dernières vacances.
Mais vous serez surpris si vous le lisez un jour, ce livre n'est pas empreint de culture japonaise du tout, je pensais même que l'auteur vivait aux Etats-Unis et je suis allée relire sa biographie : il n'en est rien...
Tu me dis que dans cette ville il n'y a ni lutte, ni haine, ni espoir. Magnifique! Tiens, si j'en avais la force, j'applaudirais. Mais qu'il n'y ait ni luttes, ni haine, ni désirs signifie qu'il n'y a pas non plus le contraire de tout cela. C'est-à-dire la joie, la béatitude, l'amour. C'est parce qu'existent le désespoir, la désillusion, la tristesse, oui, c'est de là que naît la joie.