Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Nous étions à peine arrivés qu'il changeait déjà de tenue : il tirait de son sac sa chemise à carreaux, un pantalon en velours côtelé, un gros pull en laine ; retrouvant ses vieilles fripes il devenait un autre homme.
L’histoire débute dans un petit village du Val d’Aoste, Grana, où les parents de Pietro viennent de louer pour l’été une petite maison, afin de quitter Milan où ils travaillent tous les deux.
La mère est assistante sanitaire. Elle a quitté la Vénétie pour se marier et a abandonné pour la même raison son premier métier d'infirmière, et aussi sa famille qui s'était opposée au mariage. De son premier travail, elle gardera toute sa vie, l’envie d’aider son prochain et se sentira investie d’une mission.
Giovanni, le père adore la montagne et part, dès leur arrivée au village, explorer les sommets pour se changer les idées et oublier son métier de chimiste.
Un jour, la mère de Pietro décide de provoquer un peu le destin : elle aide son fils trop timide et habitué à vivre seul, à faire connaissance avec Bruno, un enfant du pays. Les deux enfants deviennent inséparables !
Bruno va faire découvrir peu à peu les joies et les beautés de la montagne à son nouvel ami. Ensemble, ils explorent les maisons en ruine et en récupèrent tous les trésors, ils remontent le cours du torrent, grimpent dans les ravines, prennent des raccourcis improbables.
Malgré les taloches que reçoit Bruno quand il ne fait pas le travail demandé par son oncle, ou s'il laisse les vaches sans surveillance, et la maladresse de Pietro, qui a été élevé à la ville, les deux enfants se retrouvent tous les jours.
Mais un jour, croyant bien faire, les parents de Pietro proposent à l’oncle d'emmener Bruno à Milan pour qu'il puisse y poursuivre une formation. Les deux familles se fâchent. Bruno sera éleveur comme sa famille ! Les éleveurs doivent protéger les paysages. Ils empêchent la forêt de se régénérer et la nature de reprendre ses droits...
Malgré tout, Pietro se met à aimer de plus en plus les vacances à la montagne et son père décide de l’emmener avec lui en randonnée. C’est le début de leur aventure commune, car malgré le mal des montagnes dont il ne peut se défaire, Pietro va engranger des milliers de souvenirs heureux.
Des années après, alors que Pietro a presque oublié ses vacances d'enfant, sa montagne et son village, pour partir de plus en plus fréquemment et longtemps vers d'autres montagnes, en particulier en Asie, le chemin des deux garçons se sépare pour longtemps.
Pietro qui ne va plus jamais faire de randonnées avec son père, ne sait pas que celui-ci continue à arpenter la montagne avec Bruno.
Il découvre avec surprise à la mort de son père, que celui-ci lui a légué un terrain en montagne sur lequel il n’a pas eu le temps de construire une petite maison. Bruno avec qui le père a effectué de nombreuses balades de reconnaissance, a promis de l’aider à la construire.
En bâtissant ensemble la maisonnette, adossée à un rocher, le temps d’un long été, les deux amis se retrouvent.
« Lequel des deux aura le plus appris ? Celui qui aura fait le tour des huit montagnes, ou celui qui sera arrivé au sommet du mont Sumuru ? » s'interroge Pietro...
Mon avis
C'est un roman écrit dans une langue très poétique. L'auteur nous parle de façon touchante et dans une plume emplie de tendresse, de simplicité et de beaucoup de justesse de l'importance de la transmission, un thème cher à mon cœur.
Il ne nous cache rien pourtant des difficultés de la relation entre ce père, entier et intolérant, et ce fils plutôt effacé qui se cherche et aura besoin de liberté une fois arrivé à l'adolescence.
J'ai beaucoup aimé ce roman largement autobiographique, est-il besoin de le préciser ? On ne peut parler ainsi de la montagne et du ressenti que l'on éprouve en grimpant au sommet que si on l'a vécu soi-même par contre si vous préférez la plage, ce livre devrait vous faire changer d'avis...
Ce n'est pas l'histoire mais les personnages qui occupent toute la place. L'auteur a une façon bien à lui de les décrire dans leur environnement, de nous faire entrer dans leur ressenti, de nous les faire aimer. La montagne est leur refuge à tous, pour oublier le passé, leurs peines et les difficultés du quotidien, leur solitude aussi, leurs déceptions...les difficultés de la vie donc.
Ce roman nous parle de la force des souvenirs et de leur richesse. C'est eux qui nous aident à avancer dans la vie quand tout va mal, même si parfois ils nous rendent tristes.
Un auteur à découvrir. Je vous avais présenté aussi "Le garçon sauvage", l'année dernière et je compte bien continuer à découvrir d'autres titres de cet auteur.
C'était ma mère qui, dans nos promenades autour de Grana, me montrait les plantes et les arbres et m'apprenait leurs noms, comme s'il s'agissait de personnes qui avaient chacune leur caractère, mais pour mon père, la forêt n'était rien d'autre qu'un passage obligé avant la haute montagne...
La descente, nous la faisions en courant comme des dératés quelle que soit la pente, à grand renfort de cris de guerre et de hululements d'Indiens, et au bout de deux heures à peine, nos pieds trempaient dans la fontaine d'un village.
Ce que je tenais à protéger, c'était ma capacité à rester seul. Il m'avait fallu du temps pour m’habituer à la solitude, en faire un lieu où je pouvais me laisser aller et me sentir bien, mais je sentais que notre rapport était toujours aussi compliqué.
Je commençais à comprendre ce qui arrive à quelqu'un qui s'en va : les autres continuent à vivre sans lui.
Je vous invite à aller lire l'avis enthousiaste d'Hélène sur son blog...
Les huit montagnes de Paolo COGNETTI - Lecturissime
♥ ♥ ♥ ♥ "C'est dans le souvenir que se trouve le plus beau refuge" Pietro est un enfant de la ville qui passe chaque été à la montagne. Il arpente les sentiers aux côtés de son père, ...
http://www.lecturissime.com/2017/09/les-huit-montagnes-de-paolo-cognetti.html