Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Pour tout ce que le désert prend à l’homme il donne une contrepartie, des respirations profondes, un sommeil profond et la communion des étoiles...
Elles ont l'air si grandes, si proches et si palpitantes, comme si elles poursuivaient quelque majestueuse mission qu'il ne fut pas nécessaire de déclarer. Suivant leur course vers leur station dans le ciel, elles réduisent la pauvre agitation du monde à l'insignifiance...
Je ne sais pas combien de temps il faut pour être si pleinement imprégné par les éléments qu'on ne fait plus attention à eux. Moi-même je ne peux ignorer l'embrasement et l'ivresse de l'orage, le corps à corps avec le long souffle du vent chargé de poussière, le jeu électrique du tonnerre sur les rochers...
L'origine des cours d'eau est comme celle des pleurs, claire pour l'esprit mais mystérieuse pour les sens...
On dirait que les secrets des pouvoirs et vertus des plantes se livrent plus volontiers aux peuples primitifs, ou tout du moins on n'entend jamais parler des connaissances provenant d'une autre source. L'Indien ne se préoccupe jamais, comme le botaniste ou le poète, de l'aspect des plantes ou des liens qui existent entre elles, mais uniquement des services qu'elles peuvent lui rendre.
L'homme est un grand maladroit lorsqu'il se déplace dans les bois et aucune autre créature à l'exception de l'ours ne fait autant de bruit. Ainsi largement prévenu à l'avance, il faudrait vraiment être un animal fort stupide, ou alors très intrépide, pour ne pas rester sagement caché...
Ces récits de Mary Austin (1868-1934) font partie des grands classiques de la tradition américaine de "nature writing".
L'auteur a été amie avec Jack London entre autre. Elle s'est engagée très tôt pour la cause féministe et a fait partie des défenseurs des droits des Amérindiens. Tout un programme de vie, un engagement qui transparaît dans son oeuvre.
Avec elle, vous allez chevaucher dans les déserts de l'Ouest, du côté de la Vallée de la mort, un des endroits parmi les plus chauds du monde, où vivent pourtant près de 200 espèces végétales différentes, ou bien grimper dans les collines des Blacks Hills, en plein territoire sacré des Indiens. Mais vous prendrez aussi le temps d'observer ce qui vous entoure.
Vous allez découvrir la beauté du désert, son côté rude et sauvage, et les souffrances que les hommes endurent quand ils sont envoûtés par ces paysages grandioses à tel point qu'ils ne peuvent plus s'en passer.
Vous l'aurez compris, le thème de ces quatorze récits... c'est la beauté des paysages !
...mais aussi, le soleil trop chaud et la pluie trop rare, celle qui permet à la nature de fleurir dans l'urgence et d'alimenter les sources profondes que l'homme devra ensuite prendre le temps de découvrir s'il veut survivre.
L'auteur décrit dans ces récits chaque plante comme si elle devait ne jamais la revoir, sa façon bien à elle de s'adapter au climat, à la sécheresse, à l'altitude. Elle fait de même avec les animaux qu'elle croise sur son chemin et repère toutes leurs minutieuses traces laissées au milieu des maigres végétaux et qui convergent toutes vers un seule ressource essentielle...l'eau !
Elle met aussi le même sens aiguisé de l'observation au service des hommes qu'elle croise. Ils sont là eux-aussi dans ce désert de pierres, qu'ils soient chercheurs d'or, pionniers ou chasseurs, indiens ou explorateurs...personnages attachants et souvent mutiques, immensément solitaires et libres.
Elle s'attarde aussi sur les us et coutumes des indiens desquels elle a beaucoup appris pour sa survie dans ces zones si isolées du monde et s'attache à nous faire découvrir les Shoshone et les Païutes...
Le pays des petites pluies est une magnifique célébration de la beauté sauvage du désert du sud-ouest des Etats-Unis. Alors que pour beaucoup il s’agit d’un territoire simplement brûlé par le soleil et dépourvu de vie, cruel et inhospitalier, Mary Austin lui insuffle une vie extraordinaire. La terre, à ses yeux, excède toujours la simple somme de ses particularités physiques et, tout en donnant des informations précises sur sa géologie, son climat, sa faune et sa flore, elle fait bien plus ressentir sa résonance, sa vibration, ce qu’elle appelle "son esprit".
Au départ ces récits ont été écrits pour être publiés dans des journaux de l'époque en épisodes. Il faut bien entendu, par leur style, les replacer dans ce contexte. J'ai eu beaucoup de plaisir à les découvrir et à me laisser transporter par la poésie des textes et leur philosophie.
De plus, l'auteur est sans cesse émerveillée par ce qui l'entoure. Elle est tombée amoureuse de cette nature qu'elle respecte profondément et nous transmet sa passion tout en nous invitant à la protéger nous-aussi davantage. Mary Austin était une aventurière avant l'heure, naturaliste et protectrice de l'environnement, dommage qu'elle soit encore trop peu connue aujourd'hui.
A noter : L'ouvrage a été réédité grâce au soutien du Conseil Général des Bouches-du-Rhône. Il est traduit par François Specq.
Vous pouvez aller lire l'avis de Keisha ci-dessous. C'est elle qui m'a donné envie de le découvrir...
Le pays des petites pluies The land of little rain, 1903 Mary Austin Le mot et le reste, 2019 poche, 192 pages, 8.90€ Traduit par François Speck EN-FIN! Grâce à Babelio j'ai mis la main sur ce...
http://enlisantenvoyageant.blogspot.com/2019/02/le-pays-des-petites-pluies.html