Les livres et moi, mes coups de coeur, mes découvertes, mes créations ou mes voyages : intellectuels, spirituels, botaniques ou culinaires...
Cet article fait suite à celui que j'ai publié ICI...
Au petit matin, le 12 juin 1909, lorsque la population qui n'a pas fermé l’œil de la nuit, découvre le désastre, c'est la désolation. Tout est détruit...
Le bilan humain est particulièrement lourd pour l'époque : 250 blessés et 46 morts. Les dégâts matériels sont considérables et s'élèvent à 2.2 milliards de francs : des églises et des monuments totalement détruits, des maisons écroulées, des rues défoncées devenues impraticables. Les bâtiments agricoles, les denrées, le contenu des maisons et des greniers, n'ont pas été comptabilisés...
Les habitants des grandes villes comme Marseille, Salon-de-Provence et Aix-en-Provence sont terrifiés. Heureusement, les grandes agglomérations comme Toulon, Nîmes, Montpellier ont été secouées mais épargnées.
Dès le 12 juin, les journaux parisiens parlent du terrible séisme...
Personne à Paris et partout en France, ne connaissait le petit village de Rognes, celui de Lambesc, de Saint-Cannat, ou encore de Vernègues...
C'était trop loin de la ville et de la vie moderne. Seuls quelques vacanciers richissimes se rendant au bord de la méditerranée, traversaient certains de ces villages situés sur leur route...
Dans le journal, les dégâts sont décrits, ville par ville.
A Aix, la ville ne déplore aucun mort malgré quelques maisons qui se sont écroulées dans les quartiers nord-ouest. Les habitants sont traumatisés d'apprendre que les villages de Saint-Cannat (1200 habitants), Lambesc (2400), mais aussi Rognes (1600) vivent un désastre sans précédent. Seules quelques maisons restent debout à Lambesc, mais elles sont profondément lézardées et inhabitables. Les autres villages sont détruits totalement ou au 3/4. Il ne subsiste qu'un amas de ruines...
A Saint -Cannat, première commune traversée par les journalistes, les habitants se réfugient dans des campements de fortune et aident les trois compagnies de militaire, venues en renfort d'Aix-en-Provence à dégager des ruines ceux qui y sont encore...Le bilan est de 10 victimes, parmi lesquels le correspondant du journal "le petit marseillais".
A Rognes, les soldats arrivent mal à se repérer dans le chaos. Le clocher de l'église est renversé, les maisons se sont écroulées emportant avec elles des roches du Foussa...La population s'installe dans des tentes dans le quartier des aires (voir la première photo de l'article).
Le bilan n'est pas aussi élevé que les dégâts pourraient le laisser croire. Les gens prenaient le frais sur le pas de leur porte comme toujours dès les beaux jours. Il y a tout de même 14 victimes.
C'est à Lambesc que le bilan est le plus lourd (15 morts) alors que les maisons ont pour la plupart tenues bon. C'est dans la campagne que des maisons entières et isolées se sont écroulées.
A l'hôpital (l'Hôtel-Dieu), le fronton est par-terre, l'église et le clocher sont en partie détruits, et seulement une cinquantaine de maison sont totalement effondrées intra-muros, les autres sont profondément lézardées, obligeant les habitants à abandonner leurs biens.
Dans les villages environnants, il en est de même : Le puy-Sainte-Réparade, La Roque-d'Anthéron, Vauvenargues, Venelles, Eguilles, Pélissanne (4 victimes), sont meurtris eux-aussi.
A Vernègues tout le vieux village est détruit, mais heureusement on ne dénombrera que 2 victimes parmi les 200 habitants.
Près de Pélissanne, le château de La Barben perd ses deux tours. Une seule sera reconstruite.
A Salon-de-Provence, le quartier ancien de la ville est particulièrement touché. Le château perd une de ses tours qui s'effondre sur les habitations en contre-bas. (il n'en garde plus que 3 sur 4 aujourd'hui encore).
La solidarité s'organise. Sept cent militaires interviennent dès le 12 juin. Ils vont dégager les victimes des décombres, sécuriser les lieux, renforcer les bâtiments endommagés, déblayer et aider à la reconstruction...
Tous les boulangers de la région périphérique enverront du pain qui va être distribué aux sinistrés, les boulangers des villages n'ayant plus de four pour le fabriquer. Deux mille kilos en tout seront distribués...
Les répliques qui vont avoir lieu les jours suivants vont provoquer des paniques parmi la population surtout en ville.
Tout ne sera pas reconstruit !
A Lambesc les places du Castellas et Jean-Jaurès ont été construites sur les anciennes caves des maisons effondrées. Les stigmates du séisme sont nombreux : renforts métalliques sur les façades (tirants). Le collège qui a vu le jour en 1979 est le premier établissement de la métropole, construit parasismique. Fractionné en plusieurs tronçons, le bâtiment repose sur 152 appareils d'appui, les isolateurs, en caoutchouc renforcés par des plaques d'aciers.
A Rognes comme à Vernègues, le haut du village a été abandonné définitivement par les habitants qui ont reconstruit leurs maisons dans la plaine. Les secousses y ont été davantage dévastatrices, les roches se sont disloquées et ont accentué les dégradations.
Partout on n'a pas reconstruit à l'identique : des étages supérieurs ont été supprimés, des rues nouvelles ont été créées, d'autres élargies, des places ont vu le jour...
J'espère que ces deux articles-reportages en hommage à ceux qui ont vécu cette catastrophe naturelle vous a intéressé...
A la fin de la semaine, je vous expliquerai, pour ceux qui veulent en savoir plus, les origines géologiques de ce séisme et je vous proposerai une petite bibliographie, enfin, comme d'habitude...si vous le voulez bien !